mercredi 7 novembre 2007

Si je campe sur mes positions, qui va sortir les poubelles ?






En 2003, j’ai beaucoup travaillé avec quelqu’un que j’ai vexé gravement et durablement en lui faisant remarquer, après l’avoir beaucoup pratiqué, que ce qu’il faisait n’était “pas très professionnel”, ce qui était le mot-clé à ne pas lui dire, à la suite de quoi nos rapports se sont un peu distendus. La pénurie rendant philosophe, je l’ai recontacté cette année, et j’ai retravaillé récemment avec lui; j’ai appris qu’il avait lui aussi commandé un p’tit black au Darfour auprès de l’Arche de Zoé. (Il a déjà deux enfants naturels, mais rêve d’une famille multicolore.) Ce matin j’entends les commentaires sur l’association par le journaliste de Capa qui vient d’être libéré et qui évoque “l’amateurisme dramatique” des responsables de l’association. La coïncidence ne me fait pas exulter, ni sur qui-se-ressemble-s’agrège, ni sur la difficulté à évoluer dans le temps. Le journaliste a tenté de décrire les personnalités d’Eric Breteau et de sa compagne Emilie Lellouch, les deux principaux responsables de l’Arche de Zoé.“Je n’arrive pas à trouver le terme pour les qualifier. Eric Breteau [le président de l’ONG] est un type qui est très fort dans sa tête. Ce qui m’a frappé, c’est leur état d’esprit, leur conviction, ils sont convaincus de faire le bien et d’avoir une mission à effectuer“, a-t-il ajouté. Grain à moudre à la lumière de ce post.

Bon, le Darfour et le Tchad, c’est un peu loin, et c’est facile de tirer sur une ambulance, même vide d’infirmières bulgares : l’actualité est un réservoir inépuisable de dénonciations du pharisiaïsme de nos contemporains, ce qui ne sert évidemment à rien. Le besoin d’avoir raison n’est là que pour masquer la peur d’avoir tort, qui a au moins quelque chose à nous apprendre de notre économie interne. La vraie question à se poser, c’est peut-être : où en est-on émotionnellement aujourd’hui ? Est-ce qu’on a pleuré à la fin du Labyrinthe de Pan ? A-t’on donné du pain aux canards ?

les dessins sont ©Le Monde /Xavier Gorce

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