samedi 24 décembre 2005

Petit conte pornoël


A l’approche des fètes de fin d’année, les buveurs abstinents commencent à regarder d’un drôle d’air les buvettes improvisées qui vendent du vin chaud dans les rues illuminées, et les sexoliques recommencent à souffrir de cette incoercible compulsion à vouloir à tout prix se mettre les boules dans le sapin, malgré le danger d’entrer en contact avec la guirlande électrique. Ils ont chacun dans leur coin transformé le plaisir en souffrance, et le regrettent amèrement. Sans compter tous les cyberdépendants qui s’astiquent le blog en se disant qu’ils attendront 2006 pour décrocher de l’ordinateur et entrer dans la vraie vie. Bref.
J’ai un copain qui dit "De mon côté, noël est une période bénie des dieux, comme l’hiver par ailleurs, car la plupart des filles se baladent en col roulé. L’été, c’est autre chose. Là c’est épouvantable!"
J’ai volé le dialogue suivant sur un blog spiritualiste en rêvant que ça ferait avancer le débat (je suis pas assez riche pour acheter mes idées en ce moment).
"On considère généralement un fantasme comme une action potentielle. Tu dis qu’elle est purement virtuelle. Comment le prouver ?
-Pour ta question, il suffit d’essayer les 2 options :
- Essayer de vivre ses fantasmes. 1) on s’aperçoit que ça les bride sérieusement. En fait, si on doit s’en tenir à ce qui est réalisable, c’est pauvre. 2) et quand on les réalise, ce n’est jamais ce qu’on espérait. Par exemple, on peut se dire "ouah, quand je baiserai avec mon psy ça sera génial". On le fait, et finalement c’est nul. Ou tu peux te dire que tu voudrais baiser 15 nanas et à la 3è t’as déjà envie de rentrer chez toi.
- Déconnecter carrément les deux et voir ce qui se passe. Là, les fantasmes prennent des extensions tellement inattendues (et vastes) que l’idée qu’on pourrait vouloir les réaliser ne vient même plus à l’esprit. C’est un peu ce qu’on fait les dessinateurs de chez Marvel avec Thanos. D’abord on lui file le cube cosmique, il peut faire ce qu’il veut, mais quand même c’est limité. Alors on lui donne le gant de l’infini. Là il maîtrise le temps, l’espace, les âmes des gens, l’énergie et je ne sais plus quoi. Pas assez. Alors on lui donne le coeur de l’univers. Là, il ne maîtrise plus, il EST la chose, les atomes et les galaxies, et tout ce qu’il y a entre les deux, de tous temps et dans toutes les dimensions. Là, le scénariste est allé au bout du fantasme de la toute-puissance (renseignement pris, c’est l’état des bouddhas, mais on ne l’obtient pas avec un artefact). Il est également allé au bout du fantasme de la destruction, puisqu’à chaque fois il y a de plus en plus de casse. La première fois je ne sais pas ce que c’est, la 2è fois c’est la moitié des gens qui disparaissent et la 3è fois c’est l’univers entier (cependant on nous explique que ce coup-ci c’était nécessaire). Quoi qu’il en soit ces BD sont jouissives, mais quand je vois le matin que je ne peux même pas éradiquer une vilaine araignée noire de ma salle de bains, je vois la distance qui existe entre l’imaginaire et la réalité. Pour le sexe c’est pareil. Si tu t’imagines absolument tout ce que tu veux (ce qui n’est pas si évident, on a pas mal de tabous de ce côté, et on en a tant qu’on s’imagine que le fantasme appelle, même partiellement, sa réalisation), il ne reste plus rien que tu veuilles vivre dans la réalité, et tu es au moins débarrassé d’un truc chiant.

La sexualité étant ici assimilée à un truc chiant, il faut voir en quoi la théorie et surtout sa pratique peut desserrer le noeud coulant que le dépendant
se passe autour de la gorge dans l’espoir toujours déçu de découvrir les secrets de la suffocation. Je ne dis pas qu’il faut appliquer les instructions à la lettre. Je pense qu’il y a ici de quoi manger pour les plus affamés & démunis (après les artistes de la bouche et du pied et leurs cartes postales terrribles, ceux de la p.. et du c… vont passer parmi vous avec un choix de jpeg à la portée de toutes les bourses, avant qu’on aille tous se finir à la main à la messe de Minuit)
Le postulat de départ : tant que l’imaginaire colle à la réalité, on est obsédé par la réalisation éventuelle de ses fantasmes a le mérite d’ouvrir de nouvelles voies au dépendant en voie de sevrage : désolidariser les deux; l’inverse exact de ce que l’industrie pornographique lui propose.

Commentaires

  1. Tiens, on dirait que le blog sex-addict a disparu.

    Rédigé par: flo | le 27 décembre 2005 à 07:58| Alerter
  2. oui, la santé de notre ami Spirit est un peu branlante en ce moment. Je ne pense pas qu’un blog soit son meilleur soutien possible. d’ici le 2 janvier, si la cause t’émeut, tu pourras avoir accès aux archives du forum, qui sera gelé et ouvert au public “en l’état”.

    Rédigé par: john | le 27 décembre 2005 à 11:33| Alerter
  3. Bah bah bah…

    Qu’entends-je? Des propos défaitistes?

    C’est juste que votre copain Spirit ne l’a pas eue facile, hier, au cours de son sixième jour de sevrage.

    Mais tout est rentré dans l’ordre. Mon nouveau blog est à l’adresse http://sex-addict.over-blog.net

    Héhé! :)

    Bonne journée à vous deux.

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