jeudi 24 décembre 2015

Adieu Baronne (3)

















Une femme avec qui j'ai échangé des propos un peu acerbes me renvoie par la poste toute ma collection de Prométhéa en V.O. au lieu de me les remettre en mains propres.

Tu feras une rédaction en moins de 20.000 signes sur l'incommunicabilité entre les êtres.



21 mars 2015
Bonjour N*
le ouikende dernier, j’ai fait le truc que je fais jamais : farfouiller dans les vieux cartons de photos.
Je trouve ça intéressant.
a+

22 mars
Salut Mr. K !
C'est une photo retrouvée de plus, ou c'est la même que tu m'avais déjà envoyée? 
En tout cas, on avait des fringues et coiffures bien datées...
J'espère que tu vas bien, pas trop dans l'épuisement?
Je pars à P* pour rdv divers, actes notariés etc.
Te recontacte au retour;
Bizz&à+

5 mai 2015
Salut
c’est la même, mais mieux scannée.
Hé oui oui, nos parents nous habillaient avec goût.
Tu dis que nos fringues sont datées, mais à l’époque c’était le présent, et on avait la classe américaine !
Je dors toujours assez peu, mais c’est mieux que si c’était pire.
J’ai un peu perdu espoir de parvenir à se revoir dans un avenir proche, mais on peut toujours remettre ça à plus tard.
Je suis un peu charette au bureau, ça va pas s’arranger avant les vacances, et le soir je rentre chez moi quand y’a encore des bus.
reste donc le mail, le clavardage des cyberfeignants/feignasses.
J’ai passé 8 jours à P*, j’ai eu très beau temps.
Carte postale en Annexe.
J’y ai lu la moitié de ça
que j’avais volé dans mon ipad.
Je sais, c’est mal et j’irai en enfer me faire mettre par Belzebuth, ce qui me dispense papale cette année encore d’aller au Hellfest.
Le bouquin m’a fait penser à ta mère, que je ne connaissais pas.
Ca change de la SF.
J’ai appris de la bouche de mon oncle de P* que le docteur Meston était mort fou et alcoolique à Bégard.
Faut pas mollir.
Amitiés décalées
Bon courage pour la succession, a+
K.
ps : la côte de granit rose, c'est l'Utah d'cailloux avec un peu de flotte autour, comme dans les vieux films à Warsen.
Ici, avec la scripte, qui n'écrit pas, plantés dans le décor.




6 mai
Salut Mr K.
- Pas grave, on se verra quand on pourra. Je suis encore en train de remonter la pente, énergétiquement parlant.
Je connais un peu Jeanette Winterson, et j'apprécie littérairement parlant, même si je ne lis pas souvent ce genre de bouquins en ce moment en lecture personnelle: je le fais pour de la médiation professionnelle uniquement. Après? Comme tu dis bien, tu ne connaissais pas ma mère: il y a des similitudes avec Ms Winterson, que je ne vais pas développer pour le moment, et sans doute jamais par mail, mais de grandes différences aussi bien sûr, comme j'ai pu le constater et l'apprécier en voyant ma mère évoluer de manière plus douce en vieillissant. Il y avait en elle dans ces dernières années la beauté d'un rosier grimpant obstiné et plein d'épines: aïeuh!!! mais quand même, çà vaut le coup d'approcher.
La "scripte" de la photo, c'est ta chère et tendre? Je ne savais pas pourquoi, je me l'étais imaginée brune. Belle photo pleine de vie, en tout cas.
Dur, ce que tu m'apprends du dr Meston: je l'ignorais. Il a du vivre une terrible solitude à pas mal de moments. c'est un exercice quotidien, je dirais, que de persévérer à apprécier en conscience la beauté du monde. J'arrête, je ne sais pas bien exprimer ce genre de ressenti à l'écrit, sans faire dans le lourdingue.
Je ne repasse sans doute pas à P* avant cet été. Et si je peux, interceltique de Lorient et autres folies musicales du genre, pour respirer et réveiller l'énergie.
Des bises et à bientôt,
N*

Pour l’énergie, tu fais qq chose de spécifique ?
Y’a des yogas pas mal. Le Qi cong et ses avatars.
(dit celui qui ne fait rien de son corps à part déverser des clopes et du café dedans)
Je fais du MBSR.
Je m’y suis inscrit dans le cadre de la prévention de la rechute dépressive, mais le temps que j’aie une place, j’étais en pleine rechute maniaque.
Tanpitanmieux.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la pratique va à l’encontre d’habitudes bien ancrées.
Tu utilises Winterson pour de la médiation professionnelle ? entre des kids et leurs parents ? 
ça me scotche.
Ma chérie était brune. 
Tu le sais comme je sais des choses sur ta mère sans la connaitre.
Je ne m’étonne plus de rien.
C’est pas pour contredire, mais sur la photo on a l’air un peu morts.
Mais bon, c’est qu’une photo, de l’illusion en boite, quoi.
C’est pas par l’auto-idôlatrie que je vais apprécier en conscience la beauté du monde.
Remarque, sur une photo de moi et ma meuf, le risque est faible. 
Je me comprends, et ne développerai pas non plus par mail.
Ca t’apprendra à esquiver mes rébus fades.
;-)))
a+
K.

4 septembre

Salut
c’est la rentrée.
As-tu remonté la pente énergétique ?
Je te le souhaite vivement.
C’est pénible, d’être down.
Moi, je l’ai plutôt descendue, mais il faut se rappeler que ces mouvements vont et viennent.
Surtout quand on est down ;-)
Peut-être nous verrons-nous cette année ?

Amitiés
K

23 octobre

K,

Cela fait déjà quelques mois que je voulais t'écrire, sans savoir comment mesurer mes mots. Les mails ne sont pas ma formule préférée d'expression, sauf quand je n'ai pas le choix, et je les préfère informatifs. Du coup, ici, où je rentre dans l'émotionnel, mes mots ne seront pas mâchés, bien que j'y aie pensé longtemps.
D'abord, nous situer dans les cercles d'intimité: nous ne sommes pas amis d'enfance, la vie ne l'a pas fait ainsi, et nous ne sommes pas actuellement amis proches - aucun de nous deux ne le souhaite, me semble-t-il.
A partir de cela, sache que je respecte ton droit aux prises d'opinion, c'est bien le minimum dans un échange. Mais nos humours et nos manières d'échanger ne correspondent peut-être pas et certaines prises de position me blessent - et nous ne sommes pas sur un forum, où il faut éventuellement assumer.
De nos échanges, voici ce que je n'ai pas pu accepter, et je t'invite à relire le fil de mails pour te le remémorer (quant au SMS, je ne sais pas les transférer sur messagerie):
- Tu m'as exprimé un point de vue sur ma mère, je ne conteste pas que tu puisses l'avoir, mais j'ai tenté de te prévenir que c'était un territoire privé, à moi de le gérer comme je veux, et tu as ré-insisté. Même des amis de ma tribu savent ou vérifient quand je ne souhaite pas dépasser certaines limites.
- Je n'ai pas envie de devoir te justifier de ce que je fais pour soigner mon énergie, ou pas : quand j'écris quelques mots, je m'en arrête sciemment à ces quelques mots.
- Je ne souhaite pas devoir discuter par mail de ce que j'appelle "la beauté du monde", pour justifier encore une fois si je suis mystique ou non : cela ne te regarde pas, et je suis fatiguée des provocations.
(..)
- Enfin, tu me demandes si je "t'emmènerais aux Utopiales". Sache que les infos que je t'ai données sont
parfaitement exactes, mais, c'est un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Nous ne sommes pas compagnons, me semble-t-il? Si j'avais eu un ticket bonus, j'aurais commencé par mon cercle d'amis proches, puis de collègues motivés, puis de passionnés fous de SFFF.
Je te laisse réfléchir, on se reparlera dans de meilleures circonstances je l'espère, mais pas tout de suite.
Je te renverrai tes comics par la poste à l'adresse de ton choix.
Yours sincerely,

N*

24 octobre

Bonsoir N*

Pas de problème.
Je suis comme je suis.
Tu es comme tu es.
Désolé si j’ai pu te blesser par mes formules à l’emporte-pièce.
Telle n’était pas mon intention.
Perseverare diabologum.
Et je laisserai dorénavant ta mère en dehors de tout ça, j’ai assez de mal à faire sans la mienne depuis son décès.
J’ai failli me flinguer le mois dernier, je te passe les détails, c’est passé, on s’en branle.
Ca te perturbe tant que ça qu’il n’y ait pas d’enjeu dans notre relation ? 
ou notre non-relation, si tu préfères ?
Pour les Alan Moore, ça peut attendre notre prochaine rencontre.
Plutôt Moore debout que vivre à genoux.
Pour les Utopiales, je pense que tu te fais des noeuds dans le cerveau toute seule.
J’adore la SF, et j’ai rarement le temps de mettre les pieds aux Utops. 
C’est aussi le risque de claquer 200 € de livres qui traineront ensuite au pied de mon lit pendant des années.
Merci de me l’épargner !

a+
K.

24 october

C’est vrai qu’on n’a pas gardé les vaches ensemble.
So what ?
Après, je comprends que mon humour de beauf (on est tous le beauf de quelqu’un, sauf toi qui t’élèves au dessus des partis) te paraisse un peu naze, ou que ça ne soit pas ta tasse de thé.
Des connivences culturelles ne font pas une amitié, et c’est vrai qu’on n’était pas potes au CM1.
Si je te défrise, ne te force pas à fréquenter l’infréquentable.
(..) D’où cet après-coup douloureux (bien qu’il ne se soit rien passé) et le retour pour moi à une culpabilité de dimensions cosmiques (vive la SF) d’où je ne voyais plus comment me dépatouiller à part en me pendant à un arbre dans le petit bois derrière chez moi.
Ce qui m’a retenu le temps que les médicaments fassent effet, trois semaines plutôt pénibles, c’est de me dire qu’il fallait que j’attende mon chèque de fin de mois et mes arriérés Assedic pour mettre femme et enfants à l’abri du besoin.
Pourquoi je te raconte ça ?
Pour te prouver, s’il en était besoin, qu’on a chacun(e) nos béances, nos fêlures et nos disgrâces.
Je confonds peut-être intimité et impudeur.
Je pense te l’avoir déjà écrit, l'intimité, c'est quand on est bien dans une relation avec quelqu'un et qu'on se dit des choses qui ne regardent pas les autres. L'impudeur c'est quand quelqu'un reçoit quelque chose qui ne lui était pas destiné. 
J’ai appris à vivre ma vie au gré de mes fluctuations d’humeur, essayant de me rappeler un jour à la fois que ces états sont transitoires, aussi douloureux qu’ils soient, aussi futiles qu’ils paraissent.
A te lire, je comprends que je te déstabilise.
Tu te demandes peut-être ce que je te veux.
Rien.
Le plaisir est dans l’échange et le partage.
Si y’a pas de plaisir de ton côté, va pas te mettre Charles Martel en tête.

Biz
K

A part ça, j’ai rouvert ma tombe
ce qui prouve bien que les antidépresseurs, c’est de la merde.
a+

Pour t’éviter le douloureux pensum de te taper Promethea si tu as reculé devant l'édifice, je l’ai fait lire à une copine versée dans ces choses.

http://science-mystique.fr/wordpress/?p=1021

On a pas mal échangé sur le sujet, je ferai une synthèse un de ces jours  sur un de mes blurgs.
J’espère que c’était bien les Z’Utops.

4 novembre

- J'entends bien ce que tu dis, enfin je crois, même si je ne peux pas tout comprendre: je ne vais pas me permettre là maintenant de te poser plus de questions sur ce que tu vis, étant donné que je déclare moi-même ne pas vouloir développer certains éléments au-delà de ce que j'ai déjà exprimé.

Tu penses que çà me "perturbe qu'il n'y ait pas d'enjeu" dans nos échanges (celui-là me semble le mot juste, plus que "relation")? Là encore, selon moi, tu "fais ton psy". Sache que je ne nous voyais pas dans une histoire d'amour : aucun de nous deux ne regarde l'autre comme çà, et c'est tant mieux. Je l'ai vérifié une fois en te posant la question quand nous nous baladions ensemble: ta réponse m'a laissée pantoise, parce que même encore maintenant, j'ai la faiblesse d'apprécier que l'on me trouve désirable; mais soulagée (genre ouf! de ce côté-là, çà ne sera pas compliqué). Il y aurait pu y avoir une sorte de construction d'amitié, ce qui pour moi, n'est pas un enjeu: les pièces du puzzle se mettent presque d'elle même en place (ou pas), voilà tout. Là, on est dans le "ou pas", c'est comme çà.
Je ne pense pas que tu sois un grand méchant affreux ou "infréquentable": mais je n'ai pas envie d'être amenée à me sentir devoir résister, me ré-évaluer, face à des expressions de ce qui est peut-être de l'humour ou peut-être un reflet de tes questionnements personnels. Si c'est cela que tu appelles "déstabiliser", en effet je m'en protège, je protège les espaces en moi où j'ai pu établir du calme, vaille que vaille, et "work in progress". Donc, là encore, ne mélangeons pas les niveaux de proximité (ou d'intimité) dans les échanges: je laisse seulement quelques amis proches, je l'ai dit, accéder à mes territoires les plus intimes, et vice-versa, car il y a quelque chose de fortement tissé entre nous.

J'ai répondu en bloc à tes deux mails, et surtout à celui-ci, pour 2 raisons:
-parce que toi-même tu as répondu à ma beuglante: d'autres ne l'auraient pas fait. C'est une forme de courage, ou une manière de s'affirmer en face de quelqu'un, que je respecte.
-parce que ce mail-ci, ou tu parles de toi de manière assez intime, je le reçois comme ayant une intention informative, sans demande de quoi que ce soit. A ce titre, je peux donc l'accueillir, comme venant de quelqu'un qui fait état de là où il en est, à cet instant, dans sa quête de lui-même. 

Il n'empêche que, en laissant du temps, pour toi comme pour moi, je ne ferme pas la porte à se revoir dans le partage: au gré de chacun. 

J'arrête là l'écriture: bond'là, je trouve çà 1000 fois plus pénible qu'une bonne discute.
Prends soin de toi.

N*

8 november

Christophe,
Je te remercie pour tes récents messages, où tu communiques selon moi "en partage", sur des sujets qui peuvent nous intéresser l'un comme l'autre.
Je t'informe cependant que je ne souhaite pas pour le moment continuer à échanger. Je prends une pause, une très longue pause. Je n'ai pas envie non plus de t'expliquer pourquoi. Je veux juste te tenir informé du fait que, dans ma vie, il y a actuellement très peu de place pour les personnes qui tentent d'obliger l'autre à se "retourner sur son ombre".
Je te renverrai tes comics dès que possible.

Yours sincerely,
N*


Fichtre ! Dieu m'est témoin que je n'ai pas voulu ça. Et pourquoi tu ne me ramènerais pas mes comics au bureau ?
K.

Envoyé de mon iPad

11 november

Armistice unilatéral du 11 Novembre qui ne passera pas l’hiver :




Ah ça, pour ne pas boire du thé ensemble, on est là !
;-)
K.

Epilogue :


15 décembre

Elle m’a renvoyé mes Promethea en v.o. par la poste.
Je n’ai pas l’impression d’avoir fait mon Blasphémator, mais apparemment, si.



Et puis j’ai reçu cette appréciation de l’Office Cathodique, à propos d'autre chose :

20 décembre

Je me demande si tu te rends compte d'à quel point tu es "bien-pensant". Enfin c'est pas un problème, mais je me demande si tu le sais. A croire que la couche Blasphemator est juste là pour cacher la couche de bien-pensance qui a du mal à s'assumer (ce qui est logique puisqu'elle désavoue la dépendance etc). Bref bref...

Bonjour à toi

Ah là là
même pas le temps de boire un café avant d’affronter le bulletin de la météo narine à 2n chromosomes...
… pas franchement bonne, d’ailleurs, mais on fera avec…
météo qui se situe toutefois dans la gamme de coloris perceptibles à mon entendement d’aujourd’hui,
ce dont je te sais graisse de cabestan,
météo aux vents défavorables, donc, jadis prédite par l’ami breton de Blasphémator® dont je t’entretins il y a quelques semaines,
quand il s’amusait à ridiculiser le bon sens populaire 
(qui nous donne accès aux évidences vraies et fausses)
et le délit agricole près de chez vous
 à coups de faux proverbes armoricains :

« Tempête en novembre, t’en chies en décembre »
« La pipe qui s’éteint, la marée le lendemain » 
« Mémé qui pétarade, coup de tabac sur la rade » 

[là on est clairement dans un prolongement bienvenu quoiqu’inédit de cette dernière assertion] 

C’est dans ces moments-là que je me rends compte combien tu m’es précieux, comme dirait Sméagollum :

Non semper : 
- en m’aidant à reformuler des choses que je sais déjà mais que je ne parviens pas forcément à ramasser en si peu de mots, 
- j’apprécie ce format minimal compact que je peux punaiser dans ma to do list ou me faire monter en sautoir
- ce qui confirme ma nature profonde d’épicier de la pensée (un chou est un chou, un sou est un sou),
toujours un peu inquiet / jaloux de croître à l’ombre d’un Géant de la Grande Distribution comme toi (gros, demi-gros, détail, collectivités, administrations & grands corps d’Etat)

C'est l'heure où les épiciers se prennent pour Garcia Lorca
C'est l'heure où les Anglaises se prennent pour la Carmencita

(Jacques Braille,

Sed etiam :
- en stimulant mes ressources sans les estourbir d’abord au gourdiin chirurgical.
Dès lors, que te répondre d’autre que « any suggestions » ?

(..)
Donc, pour répondre à ta question, oui, je connais mon côté bien pensant.
Ce n’est pas pour autant que je m’en ouvre au tout venant, surtout si c’est pour essuyer les sarcasmes d’un troll de classe 2 sur mon blog hyper-secret.
On a sa fierté.


22 décembre

Je la croise dans une librairie spécialisée dans la SF, en faisant mes courses de Noël.
Je m'approche doucement, pour ne pas la brusquer, et lui dis " je te promets que je n'ai pas fait exprès."
Je pense qu'elle a du mal à me croire.
So what ?
Bon Noël, ma vieille.

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