samedi 24 novembre 2007

Haïku


Accroupi
près du bocal
les yeux mi-clos
le chat répète
“je n’aime pas le poisson”

Commentaires

  1. si le chat tournait son esprit vers Dieu, il oublierait le poisson.

  2. peut-être que le chat, malgré qu’il ait entendu parler de rédemption de l’objet fascinatoire®, imagine Dieu comme un poisson géant (ou un pêcheur de 25 mêtres de haut)… thanks to care, but anyway, j’aurais dû intituler ce post “haïku retrouvé dans une baignoire” parce qu’il a 10 ans d’âge et qu’il ne m’a pas paru d’une brûlante actualité, sinon plutôt comme un panse-bête pour quand je suis devant mon ordi (accroupi devant le bocal) et qu’il pourrait servir à d’autres.
    par ailleurs, c’est un faux manifeste : sa versification est fantaisiste eu égard aux rêgles qui régissent la poésie nippone, et même s’il ne lui manque que la parole, il est impossible à un chat de s’accroupir, il lui faudrait quatre genoux. Même pas vrai, quoi.

  3. Redrum ! après un jogging le long de la rivière sans retour, j’ai croisé des pêcheurs à la ligne, et je me suis brusquement souvenu que j’ai rêvé de cannes à pèche cette nuit ! Je vais donc prendre ton avertissement au sérieux, bien que l’idée d’instrumentaliser Dieu pour oublier le poisson me gène, …et bien que je sache cela parce que Tyler Durden le sait, lol !
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Fight_Club_(film)

lundi 19 novembre 2007

Egérie

Recroisé une égérie pas revue depuis 25 ans, et j’ai pas ri. Occasion partagée de comprendre que ce n’est plus ni elle ni moi, que les chenilles sont mortes, quelle que soit la gueule actuelle des papillons. Et en même temps, nous sommes bien en présence d’une certaine continuité dans le changement. Respect mutuel teinté de tendresse non-tendineuse, né du deuil complice de qui nous fûmes, bien que nous ne fûmes plus. L’inverse du cynisme, qui se croit distance élégante, alors qu’il n’est qu’un sous-produit “raffiné” de la déception amoureuse. Le con. De la même façon que l’enterrement de la semaine dernière me permettait d’observer que je ne pleure jamais que sur ma mort prochaine dont la bande-annonce est impossible à concevoir, (le fameux “Snif, je me manque déjà ! “ de Francis Lebrun qui dévoile un peu de la machinerie égotique à l’oeuvre) et qu’avec un peu de chance, tout juste peut-on con se voir en toute simplicité au milieu du cimetière, et être ainsi renvoyé au mystère de la précieuse existence humaine, ici il s’agit d’accéder à ce qu’il y avait derrière le plastic de la plastique - et qu’elle ne masque plus.

Commentaires

  1. faudrait pas s’attacher

  2. Sympa l’article. :) C’est de toi le petit dessin ?

  3. oui, j’ai racheté un artpen de chez rotring… et je le reprends là où je l’avais laissé.

vendredi 16 novembre 2007

Stage de mort

On case l’ainé chez des amis, la cadette chez la nounou, et on part précipitemment. Depuis le temps que beau-papa cumulait des maladies incurables, on n’y croyait plus, mais on vient de recevoir le coup de téléphone conclusif qui va à l’essentiel : “c’est fini.” Quelques heures plus tôt, Jeannette Warsen m’avait prévenu : “je risque d’avoir à partir à A** d’ici demain, selon ma mère, M** vit ses dernières heures”. Je lui avais alors proposé ma compagnie et mon soutien; elle m’a toujours laissé libre de mes mouvements en ce qui concerne sa famille décomposée (son père mort en 5 minutes d’une rupture d’anévrisme il y a 25 ans, sa soeur qui est loin d’être une publicité vivante pour l’égocentrisme, sa mère qui ne sait dire “je t’aime” qu’en nous bourrant la voiture de conserves de confit d’oreilles de porc quand on la quitte, sa tribu d’ancètres tarnais plus mal fagotés les uns que les autres, roulant des r comme nulle part ailleurs dans l’hexagone, dont le pittoresque ne masque ni les névroses ni les générosités ordinaires) et recomposée : ce beau-papa d’occasion, immigré d’Italie dans les jupes de sa mère dans les années 20, que je n’ai connu que sur sa fin de vie, de plus en plus taciturne au fur et à mesure que la myopathie et ce que je prenais pour de la misanthropie le rongeaient, rendant aux fleurs et aux canards mandarins qu’il élevait la bonté qu’il ne concédait plus aux humains. Il aimait la vie, et en cela il n’était pas rancunier, car elle n’avait pas été tendre avec lui. Ouvrier à l’usine sidérurgique de la vallée tant qu’elle avait été ouverte, veuf à 35 ans, il a vécu le meilleur de son existence après 60 ans, auprès de ma belle-mère. Je me dis que si je ne fais pas attention, je risque de vieillir comme lui, muré dans un silence réprobateur et souffreteux (il aurait dû se déplacer en fauteuil roulant depuis au moins 10 ans, lui qui portait des sacs de grain de 100 kgs et plus dans sa jeunesse, et ne devait sa validité vacillante et obstinée qu’à une volonté et un orgueil chromés) et que je vais à son enterrement par solidarité, sous prétexte de ramasser les morceaux de belle-maman.
(…)
On s’est arrêtés sur une aire d’autoroute pour se détendre les jambes, il reste encore 300 km. Les barres de toit de la galerie font un bruit désagréable au delà de 120km/h. J’aurais dû les démonter il y a deux mois, en défaisant les bagages en rentrant d’Espagne, mais la procédure s’est dissoute quelque part sur la route de l’aboutissement, puis a été oubliée, et tout le monde s’est habitué au bruit de fond, jusqu’à ce que je me rappelle qu’il n’était pas inéluctable. De mémoire, je crois que la petite clé hexagonale qui permet de les dévisser est dans le vide-poche gauche. Je dépose mon gobelet de plastique plein de mauvais café sur le siège avant, et je donne quelques tours de clé. Jeannette sort de la station-service et me dit “tu crois que c’est le moment de faire ça ?” Sans me retourner, soudain accablé de certitude, je lui réponds que le bon moment, c’est quand toutes les conditions sont réunies, et je range les barres de toit dans le coffre arrière en ayant l’impression que la tautologie qui vient d’être émise sans sommations clôt l’éternel débat en remettant l’oeuf dans la poule.
(…)
Le corps de papi est étendu sur le lit médicalisé devenu lit de mort, au milieu du salon. Le départ a figé ses traits en un masque tragique et bon marché, tous les os du visage cherchant à ressortir sous la peau tendue à l’extrême. Il semble grignoté de souffrance, et ses traits sont sensiblement décalés vers la caricature. Je ne l’ai jamais entendu se plaindre, mais ses silences étaient lourds.Là, il y a comme de la délivrance dans l’air. Tant mieux : on va vivre avec lui pendant 24 heures, recevant la famille et les proches jusqu’à la mise en bière par les croque-morts, assistés d’un officier de police qui scellera le cercueil, parce qu’il ne sera pas enterré sur la commune et que c’est la loi. Les enbaumeurs sont passés, ils l’ont vidé de ses fluides et lui ont injecté une sorte de liquide de frein à base de formaldéhyde qui retardera la décomposition et rendra la cohabitation plus facile. J’en retrouverai un bidon vide sous son lit en le démontant le lendemain, orné d’une grosse tête de mort. Le matin, en se faisant un café avec le cadavre au fond de la pièce, c’est difficile de ne pas lui jeter des petits coups d’oeil pour savoir s’il a bien dormi; le corps est incapable de croire et encore moins de connaitre que le corps de l’autre est “sans vie” : pour le corps, “être mort” est un contresens absurde qui fait pleurer des larmes de rage et de terreur devant cette inconnaissabilité. Impuissance à localiser l’esprit du défunt dans cette grande carcasse désertée; une lampe qui s’est éteinte, enchassée dans la chair froide ? (mes parents, mécréants et matérialistes) une âme qui a gagné sa place auprès du Seigneur ? (son frêre cadet, curé de campagne qui lui braillera une jolie messe d’enterrement parce qu’une méningite mal soignée l’a laissé sourd comme un pot) un esprit errant dans les bardos avant une prochaine incarnation ? (les bouddhistes de tous poils)
Ce qui est certain, c’est qu’il s’en est allé, après une longue et douloureuse.
Mamie a les yeux secs, elle a peut-être tout pleuré avant qu’on arrive, et on passe les jours suivants à s’occuper d’elle du mieux qu’on peut. Y’a que ça à faire. Les non-dits, on peut s’asseoir dessus maintenant.

mercredi 7 novembre 2007

Si je campe sur mes positions, qui va sortir les poubelles ?






En 2003, j’ai beaucoup travaillé avec quelqu’un que j’ai vexé gravement et durablement en lui faisant remarquer, après l’avoir beaucoup pratiqué, que ce qu’il faisait n’était “pas très professionnel”, ce qui était le mot-clé à ne pas lui dire, à la suite de quoi nos rapports se sont un peu distendus. La pénurie rendant philosophe, je l’ai recontacté cette année, et j’ai retravaillé récemment avec lui; j’ai appris qu’il avait lui aussi commandé un p’tit black au Darfour auprès de l’Arche de Zoé. (Il a déjà deux enfants naturels, mais rêve d’une famille multicolore.) Ce matin j’entends les commentaires sur l’association par le journaliste de Capa qui vient d’être libéré et qui évoque “l’amateurisme dramatique” des responsables de l’association. La coïncidence ne me fait pas exulter, ni sur qui-se-ressemble-s’agrège, ni sur la difficulté à évoluer dans le temps. Le journaliste a tenté de décrire les personnalités d’Eric Breteau et de sa compagne Emilie Lellouch, les deux principaux responsables de l’Arche de Zoé.“Je n’arrive pas à trouver le terme pour les qualifier. Eric Breteau [le président de l’ONG] est un type qui est très fort dans sa tête. Ce qui m’a frappé, c’est leur état d’esprit, leur conviction, ils sont convaincus de faire le bien et d’avoir une mission à effectuer“, a-t-il ajouté. Grain à moudre à la lumière de ce post.

Bon, le Darfour et le Tchad, c’est un peu loin, et c’est facile de tirer sur une ambulance, même vide d’infirmières bulgares : l’actualité est un réservoir inépuisable de dénonciations du pharisiaïsme de nos contemporains, ce qui ne sert évidemment à rien. Le besoin d’avoir raison n’est là que pour masquer la peur d’avoir tort, qui a au moins quelque chose à nous apprendre de notre économie interne. La vraie question à se poser, c’est peut-être : où en est-on émotionnellement aujourd’hui ? Est-ce qu’on a pleuré à la fin du Labyrinthe de Pan ? A-t’on donné du pain aux canards ?

les dessins sont ©Le Monde /Xavier Gorce

samedi 3 novembre 2007

Pour semer ses poursuivants, il faut parfois rester immobile le plus vite possible

Footing le long du parc de Sèvre. Huit kilomètres en trottinant sans ostentation : pas question de redevenir jogg-addict comme en 2003; au bout de 11 mois, j’avais péniblement réussi à substituer l’obsession du sevrage à celle de la cigarette, et le premier pote qui m’a ramené d’Inde le paquet de beedees que je lui avais commandé avant son départ m’a observé remettre le nez dedans à la première taffe, devant laquelle nous sommes tous égaux , consterné que je me laisse réenfermer. Alors que là, en jouant franc jeu avec le sevrage et sans devenir un activiste, même l’obsession mentale m’a été ôtée, et l’attachement s’est dissous. Après, la vigilance au quotidien, bien sûr, mais ça ne prend pas beaucoup d’énergie ni d’attention. Et je ne mythifie pas les plaisirs du tabac, trop content de m’être éloigné de ce produit qui crée le manque qu’il prétend combler… Merci Qui ?
Donc, jogging raisonnable, alterné avec piscine et vélo. Surtout rien de forcé. Tandis que je trottine, une sexagénaire rasée de frais, très élégante dans son cardigan ocre clair, surgit de derrière un fourré, un carton d’emballage “Maxipack 64 Kronembourg” à la main. Tout dans son maintien, son maquillage et son habillement indiquent l’appartenance à la vieille bourgeoisie locale, qui ont fait des rives de la Sèvre un fief immobilier de prédilection. A l’évidence, cette dame égoïstement bien intentionnée fait dans la dépollution des bords de Sèvre qu’elle considère un peu comme un second chez elle, elle cherche des yeux une poubelle, mais le contraste entre sa tenue et son carton de bières est tellement saisissant qu’en passant à sa hauteur, j’ai envie de lui demander avec une fausse connivence si elle a bu le pack de 64 à elle toute seule. Mauvaise blague1 aux rebonds prévisibles : son petit sursaut outragé, vacillement d’incompréhension impossible à convertir assez rapidement en colère tandis que le mauvais plaisant s’éloignerait en ricanant au volant de ses baskets neuves. Si l’intuition luciférienne est plaisante à imaginer dans l’instant, je me demande quelle revanche sur quelle grand-tante rigide je recherche là, et puis Jacques Brel a bien démonté le mécanisme de l’arroseur arrosé dans la chanson “Les Bourgeois”, …je gamberge tout ça pendant les quelques foulées où nos sphères perceptives se croisent, comme si je me déplaçais à une vitesse infra-temporelle tel Makkari dans les Eternels de Neil Gaiman, et je laisse passer ma chance de me croire drôle. Luciférien, ce blog l’est déjà suffisamment (en tout cas pour mes besoins) si j’en crois cette description glanée sur un forum (plus collectiviste, le forum se rit des écueils du blog sur lesquels ne s’éventrent que les Narcisses en pot) : “Lucifer qui, dans un geste de démesure, a voulu remonter à sa source pour s’en saisir et se recréer à partir de sa volonté-propre”.
Le blog étant par essence luciférien, à moins d’effacer la personnalité de son auteur derrière une grande cause, il faut en user avec modération.

1il y a des années de cela j’avais expliqué à mon fils la différence entre une Mauvaise et une bonne blague, la bonne c’est quand tout le monde rit, la Mauvaise quand tu es le seul à rire.


Echauffement avant le jogging : élargissement manuel de l’entrée du port de Ploumanac’h (collection privée)

Commentaires

Ah ben vla ti pas qu’on apprend que John fait du footing !!!

Comme Sarko !!

Il y avait une caméra pour immortaliser cette rencontre ex-addict/ex-pack de kro ?

En tout cas, j’espère que tes chaussures neuves se font à ton pied. Il est bon parfois de changer de chaussures pour repartir du bon pied (phrase qui se veut philosophique, à prendre au 36ème degré….)(A moins qu’il ne s’agisse d’une mauvaise blague…)

A plus

dimanche 28 octobre 2007

Plénitude du vide et rock’n'roll attitude

Moment de grâce lundi après-midi, sans rapport avec les circonstances, d’ailleurs assez peu propices, mais vécues dans l’acceptation; donc au milieu de rien de pré-vu, irruption fugace de la joie sans cause et augmentation de l’acuité perceptive pendant quelques instants. Pouf. Après, va donc faire une saisie là-dessus pour faire réapparaitre le phénomène, te bourrer le mou avec des lectures lénifiantes ou faire du repassage en respirant fort et en écoutant Steve Roach…

Ca m’rappelle quand j’louchais sur les seconds couteaux de la mafia de la non-dualité . Les conteurs du Vide et du Plein, Colporteurs de l’Unique, rejetons de l’Advaita Vedanta et de Krishnamurti, aussi interchangeables que les Cadres du Parti, aux discours limpides et pourtant opaques, dont les écrits et les conférences finissent par devenir aussi prévisibles que la trajectoire d’un suppositoire à l’opium (du peuple) à l’intérieur du canon d’un Magnum 357…
J’ai mis en ligne une conférence de Bouchart d’Orval, pour qu’on voie bien de quoi qu’on cause. Enfin, je veux dire, de quoi ils causent, moi je ne fais que dans l’enluminure milieu de gamme, persuadé que l’humour est un gaz rare et neurotoxique doué de propriétés antidépressives, qui n’est d’ailleurs pas toujours pertinent. Mais de la même façon que quand un être cher s’écorche le genou on a mal pour lui et c’est le contraire de la compassion, on est vaguement contents pour les Réalisés de la Non-Dualité et c’est le contraire de la Joie : en v’la une poignée qui n’erreront plus dans le Samsara1 au prochain tour de lessiveuse, grand bien leur fasse… spasme contenu de jalousie devant ces Indiana Jones de la conscience, qui semblent être exempts des contraintes auxquelles restent assujettis les combinards égotistes que nous sommes restés, apparemment sans trop d’efforts ni se référer très explicitement à aucune tradition. On cherche à quoi se raccrocher, voyons voir… mais non, décidément Tony Parsons n’est pas le frère d’Alan… Eckart Tolle n’est pas un nain de jardin lubrique échappé de Blanche Fesse et les 7 mains malgré certaines photos de quatrième de couverture… on ignore s’ils se connaissent, s’ils se font des bouffes entre potes, mais ils semblent s’être passé le mot.
Les ultimes Pères Noëls sont parmi nous.
Ils ont une façon à nulle autre pareille de vous faire saliver devant le steak spiritualiste. Qu’on les lise, qu’on les écoute attentivement et sans préjugés, (mais ils s’encombrent de très peu de quincaillerie) et il se peut fort bien qu’on en vienne à se dire “c’est cela !” … mais tant qu’il y a quelqu’un pour être emporté par ce qui relève d’une forme particulière de littérature d’évasion, tant qu’il y a quelqu’un pour saliver devant le steak, tant que l’idée même du steak persiste dans l’air, il est clair qu’on est à côté de la plaque.
Parce qu’ils n’éclairent bien souvent qu’eux-mêmes, l’attitude rock’n'roll consiste donc à soutenir les non-dualistes, bien qu’ils s’en foutent complètement.
Evidemment on ne dépasse pas ici le stade de la plaisante contrefaçon du “billet d’humeur de Jacques Boudinot” goossensien comme le regrettable Francis Lebrun savait en trousser. So what ? Vous auriez préféré un exposé sur les légumes chiants ?

1Le Samsara dont aucun centimètre carré n’est exempt d’une atroce souffrance, comme disent les maitres bouddhistes. Nul besoin de convoquer les déshérités d’Afrique ou d’ailleurs pour savoir si c’est vrai : mon voisin de gauche n’en finit plus de basculer dans le quart monde à force d’alcool et d’actes mauvais (je veux dire qui lui nuisent), celui de droite a sa fille entre la vie et la mort depuis un mois et il pense que c’est de sa faute, et les nouvelles que je reçois de mes voisins moins immédiats (6,6 milliards) ne sont guère meilleures.

brouillon dualiste de l’article. Découpe ton écran, ça vaudra des tunes plus tard.



Commentaires

Eckhart tolle est taré.
Il semble tres profond, original, spirituel.

Mais il ne fait que reprendre sous le masque de l’eveil spirituel, la sagesse d’un Nietszche bien plus humble que lui.

Et sous ses aspects d’ouveture spirituel, il ne veut, entre ses crise de fou-rire dementiels, justifier l’existence d’une definition de l’individu au dela du corps et de l’esprit.
Un ame du 21e siecle.

Bienvenue.

vendredi 26 octobre 2007

Petit rêve d’aout 2007 pour commémorer sobrement mon deuxième bloguiversaire

foetus angélique sur la pochette de leur album “Ágætis byrjun”

Je vais à un concert de Sigur Rós. Il fait très sombre dans la salle, les musiciens nous sont brièvement présentés un par un à l’aide d’une poursuite (projecteur de scène directionnel) mais ils nous expliquent qu’ils ne peuvent jouer que dans l’obscurité, leur musique trop fragile ne supportant pas la lumière. Ils ont un uniforme bleu et orangé, entre le pompier et le technicien de surface. Ils ont tous les mêmes visages, comme des clones. Puis les lumières s’éteignent, et le concert commence, dans le noir total. Quelqu’un me passe un joint, dont je tire deux taffes, et je sombre dans une torpeur languide dont un fracas innommable m’extrait violemment : quelqu’un dans le public vient de vider ses poubelles dans une travée. Les musiciens cessent immédiatement de jouer après un tel sabotage, et on se disperse sans être remboursés. Au réveil, je me dis que si je veux entendre la musique des Anges, moi non plus j’ai pas intérèt à vider mes poubelles sur leurs pompes.

Quand j’ai un peu de temps, j’aime bien aller traîner sur ld4all , le forum des rêveurs lucides, c’est à dire ceux qui savent qu’ils rêvent quand ils rêvent, et de ceux qui aspirent à développer leur lucidité onirique.

Pour la lucidité diurne , variante destinée à ceux qui croient savoir qu’ils rêvent quand ils pensent être soi-disant éveillés, on se tournera vers son revendeur habituel, ou à défaut ici .

les membres du groupe immmortalisés par un photographe créatif :
en Islande, dans les saunas, attention aux pédophiles.



Commentaires

  1. Je vais à nouveau faire quelques remises en cause, mais il est impossible de ne pas répondre.

    Notre dernier échange s’achevait sur ce constat : le nouvel enjeu en matière d’information ne concerne plus l’accès à celle-ci mais le discernement au sein de la profusion actuelle. Il en va de même en matière de spiritualité.

    Il existe dans ce monde, basé sur la dualité, des forces antinomiques et notamment d’opposition à l’éveil spirituel. Maïa est très possessive et met en oeuvre tout ce qu’elle peut pour nous maintenir en son sein, particulièrement à ce stade du Kali-Yuga.

    Ainsi depuis le dix-huitième siècle environ, en Europe et aux Etats-Unis, ont éclos toutes sortes de pseudo-spiritualités, des plus inoffensives fantaisies aux dérives les plus graves. En effet les Voies et les Traditions réelles ne pouvant être éliminées la stratégie consiste à les rendre quasi introuvables, à les noyer dans un océan de pseudo-voies, de pseudo maîtres et de pseudo-ésotéristes.

    Certaines de ces pseudo-voies ont « pour rôle » de brouiller les repères doctrinaux : l’occultisme et le théosophisme par exemple, grâce à la pratique du synchrétisme qui consiste à mélanger des éléments disparates de traditions authentiques jusqu’à en faire une sorte de « synthèse » (une bouillie serait plus juste) qui, au final, ne rime plus à rien.

    D’autres opèrent une dérive vers la mondanité et le matérialisme comme, par exemple, certaines branches de la Franc-Maçonnerie.

    D’autres encore se proposent le développement des pouvoirs psychiques (spiritisme, qui offre de développer ses dons médiumniques afin de communiquer avec les « esprits », dérives de certaines voies soufies dont la « science » consiste à se planter des couteaux dans le corps, ou encore « rêves lucides » etc. …) maintenant ainsi leurs adhérents sur un plan strictement animique.

    L’occidental moyen, désacralisé et assez peu connaisseur des choses de cet ordre, est volontiers dupe devant les manisfestations de certaines possibilités latentes de la psyché humaine, du fait de leur caractère « extraordinaire ». Ce qu’il ignore c’est que ce caractère n’est tel que pour lui : les peuples traditionnels les connaissent fort bien (et d’ailleurs puisqu’ils les connaissent ont plutôt tendance à les fuir) ; certains faits plus ou moins « extraordinaires » rapportés d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique du sud sont loin d’être de pures affabulations. Il ignore également qu’elles n’ont aucune valeur sur le plan de la pure spiritualité, du simple fait qu’elles ne dépassent pas le cadre du domaine individuel (confusion permanente entre l’esprit et l’âme en occident) et enfin qu’elles comportent de graves dangers car le développement excessif de certains domaines psychiques engendre un déséquilibre général de l’individu. Les « accidents » dû à ces exercices spéciaux sont nombreux. Certains y perdent la raison, d’autres la vie. L’homme est esprit, âme et corps, ces trois ordres sont solidaires les uns des autres et il faut veiller à maintenir un certain équilibre.

    Maintenant pour ce qui est du rêve à proprement parler. Les peuples traditionnels en font depuis toujours un usage symbolique : les Hindous, par exemple, l’emploient dans leur doctrine pour exposer d’une façon analogique la relation de l’Etre (le Principe ontologique, Brahma) au monde et aux êtres relatifs : l’Univers est un rêve divin, de la même manière que lorsque nous rêvons, le monde dans lequel nous nous projetons, les événements qui le traversent et les autres êtres qui le peuplent sont issus de nous-même et n’existent qu’en tant que nous leur infusons de notre propre réalité.

    L’état de conscience individuelle est celui du rêveur qui ignore qu’il rêve et ne s’identifie qu’à un seul personnage, qui joue pour lui un rôle central. La réalisation spirituelle consiste à sortir de cet état - d’où l’expression d’»éveil » - c’est-à-dire à passer de la conscience égotique (je suis un personnage séparé de tout le reste) à la conscience de l’Etre en soi (je suis tout cela et tout cela est Moi - ce terme désignant, ici, non plus l’ego mais l’Etre). C’est l’état de « sainteté » au sens originel du terme (et non au sens sentimental courant), le retour au Centre, la sortie du Samsara. L’Islam emploie également ce symbole. Un hadith dit : « Les gens dorment. Quant ils meurent [au sens propre ou figuré] ils se réveillent ». Ibn Arabi développe la question dans l’un de ses ouvrages (Fuçuç al-Hikam, sur Joseph).

    Ce qu’il faut bien comprendre c’est que c’est notre état d’individualité actuel qui est illusoire. Cesser de « rêver » c’est renoncer à cet état. Or vouloir développer des états de rêve lucide d’ordre purement individuel c’est aller à rebours. Il s’agit d’une authentique « subversion » car l’ego, au lieu de s’effacer devant une réalité qui le transcende s’affirme en devenant maître de son royaume d’illusion. Ce que propose cette nouvelle « découverte » consiste ni plus ni moins à préférer s’enfermer dans un monde de moindre réalité (soi-même) plutôt que de s’éveiller à un plan de conscience supérieur. Le danger spirituel est grave.

    La mentalité « New Age » et tout ce qui s’y rattache est une pure contrefaçon de la spiritualité. Elle mène à toutes sortes de choses sauf à la Délivrance, qu’elle rend, au contraire de plus en plus improbable. Il existe sept Traditions authentiques : Confucéo-Taoïsme, Hindouisme, Bouddhisme, Shamanisme, Judaïsme, Christianisme et Islam, en tenant compte des diverses branches qu’elles comportent et en s’assurant de leur orthodoxie (au sens éthymologique). C’est en leur sein et nulle part ailleurs qu’il faut chercher les moyens d’atteindre la sagesse et la connaissance. Tout le reste n’existe que pour faire barrage à cette quête.

    Il me semblait nécessaire de faire ces remarques car j’ai le sentiment que tu manisfeste une véritable aspiration et, si tel est le cas, il serait dommage que tu t’égares et, si je puis me permettre, de plonger dans un nouvel abîme après avoir vaincu les enfers éthyliques et cybernétiques. Ca fait parti du cheminement, un bon nombre de prétendants à la sagesse ont connu semblables errances, moi y compris, mais il ne faut pas s’y perdre.

    Je me permets de te conseiller quelques pistes : tout d’abord la lecture de René Guénon, incontournable dans ce domaine, et celle de Fritshof Shuon. Ensuite deux liens intéressants :

    http://www.moncelon.fr/

    http://1001nights.free.fr/

    Amicalement,

    Hakim

  2. Je ne sais pas si je mérite tes attentions, mais comme ange gardien, tu es aux petits soins. A part le h de éthymologie, je ne trouve rien à redire à ton exposé.
    Je ne peux pas dire si j’aspire à la sagesse, sinon que j’y viens en m’écartant des sources de souffrance, donc un peu à reculons. Et sur mon blog, il est évident que j’aspire à toute autre chose.

  3. Mwahaha ! J’avais pas lu ça en écrivant mon précédent commentaire, mais le diagnostic était correct !
    Et excuse-moi de t’avoir traité de dilettante, John…

  4. … Et comme je me le disais en revenant de mon chinois avec des crevettes piquantes, écrire un tel message sur un tel blog est la pire publicité que puisse faire son auteur à la Tradition car il prouve que lui-même n’a pas réussi à s’éclaircir l’esprit malgré tous ses maîtres, ce qui est véritablement la chose la plus inquiétante.
    De plus, dire que les pouvoirs psychiques ça ne vaut rien alors qu’on n’a soi-même aucune clarté, ça ressemble vraiment trop à la fable du renard et des raisins. Ces pouvoirs sont les petits frères de la clarté, très utiles si on veut pouvoir aider les gens, plutôt que leur filer des boutons. Si nous pouvions voir l’effet de nos paroles sur les gens, et sur notre ego, nous dirions beaucoup moins de conneries et nous saurions quoi dire d’utile, au lieu d’afficher une supériorité qui n’est que l’effet de notre imagination.

  5. entre le dilettante et le disciple il y a la même disparité d’aspirations (je ne parle ni d’aptitudes ni de “performances”) qu’entre l’autodidacte et celui qui est passé par un stage pour apprendre un logiciel.
    Le mot est juste, en tout cas il me vexe moins que ton commentaire suivant, mais j’ai décidé qu’un aveu d’impuissance sur un tel blog serait la pire publicité que je pourrais faire à l’autocontemplation.

  6. Zut, je viens encore de heurter ton voile émotionnel caché (celui dont je sais qu’il est là mais je ne sais pas exactement où). Tu m’as misinterprétée. Je ne voulais pas dire ce que tu as cru. Je voulais dire qu’on n’attrape pas un être sensible et fragile comme John Warsen avec du gros Rénon Guénon bien raide. Un tel discours aurait été valable chez un karatéka d’extrême droite, pas chez un ex-68ard, et ne pas faire la différence, je trouve ça grave pour quelqu’un qui est censé avoir l’esprit clair. C’est comme si j’offrais un coffret de chants militaires à Amélie Poulain.

  7. Y’a pas d’mal. Tu semblais dire qu’il était discréditant de faire ici de la retape pour une Tradition, alors que tu voulais juste signaler que c’est inapproprié; ce dont j’aurais tort de m’enfader, vu que mon enseigne contient une mise en garde dont je te dois d’ailleurs l’intitulé : « progrès dans l’intention de pratiquer le bouddhisme » et donc mon voile émotionnel se voit comme le nez au milieu de la figure (ce qui ne veut pas dire qu’il faille me torcher avec) : c’est comme si je m’étais auto-proclamé président du club des branleurs dilettantes, et que tu viennes rappeler que ça n’est pas très sérieux. Est-ce que ça me fâcherait ? sans doute moins que si tu trouvais que ma femme n’est pas très sexy, quand j’ai l’impression qu’elle n’y est pour rien et que j’y suis pour quelque chose.
    Le guénoniste a cru que mon affabilité était assez dénuée de malice pour lui autoriser un exposé dont la partie factuelle, mirceaeliadesque, me semble correcte. Après, on peut pinailler sur le ton sur lequel il le dit, et ce qu’on peut en déduire de l’endroit où il se croit, et lui rappeler où il est (entre Bouchart d’Orval, Charlie Hebdo, Swâmi Petaramesh… et l’autoaddicté Warsen). Celui qui proclame sa clarté s’expose plus que celui qui proclame sa confusion. L’an dernier j’avais hébergé un temps un sociopathe autrement plus inquiétant.

  8. “Tu semblais dire qu’il était discréditant de faire ici de la retape pour une Tradition, alors que tu voulais juste signaler que c’est inapproprié”

    Discréditant, waow… quelle idée. Pour que ça le soit, je me demande à quoi devrait ressembler le blog-cible. Inapproprié, non plus, puisque je l’ai beaucoup fait moi-même. Ce que j’ai stigmatisé, c’est le ton, et en un certain sens le propos, pas en tant que retape de la Tradition, mais en tant qu’il présente la Tradition d’une façon qui me semble assez erronée. On peut la présenter de façon erronée en fonction de la personne à qui on s’adresse, c’est-à-dire gommer volontairement certaines aspects. Mais en l’occurrence, je pense que c’est les aspects présentés qui auraient dû être gommés, et les aspects inverses qui auraient dû être présentés.

    Quant à ta femme, le problème te précède et te succèdera (dans sa vie future si ce n’est dans celle-là). Tu as ta part de responsabilité, qu’il ne serait bon ni d’augmenter ni de diminuer. Mais disons que tu n’as pas le pouvoir (eh non), de mettre dans cet état là une personne qui serait à l’origine parfaitement heureuse… On ne peut que ce qui’on peut pour nos proches, c’est-à-dire pas grand-chose, vu qu’on ne peut déjà pas grand-chose pour nous-mêmes…