jeudi 10 juillet 2008

Ingrid

Mon fils vient d'obtenir son brevet des collèges, malgré mes remarques blessantes et culpabilisantes à chaque fois que je l'observais n'en branler pas une.
Evidemment, je faisais ça inconsciemment, parce que je ne m'étais pas remis que mon père le fasse.
Après tout, si on n'en branle pas une à 16 ans, quand est-ce qu'on va s'y mettre, hein ?
Il enterre donc élégamment sa vie de collégien et se dirige vers un BEP Sanitaire et Social.
Il me parle d'idolâtrie à propos d'Ingrid Bethancourt qui vient d'être libérée et montée au pinacle par les médias, et dans sa bouche, ce terme fait soudain méchamment recherché.
Ca m'évoque cette photo envoyée par un ami d'une de ses clandestines supposées.

Sur cette photo, j'avais été frappé de la concentration de stéréotypes au centimètre carré de ce que nous pouvons projeter émotionnellement sur les blackettes - je parle pour lui, moi, et les deux qui la tiennent, lol - elle regarde vers un ailleurs improbable, un au-delà d'elle-même, de la pose peu naturelle qu'elle prend, sans doute suite à une suggestion du photographe, elle aspire à une décontextualisation (elle quitterait peut-être bien l'Afrique, sa misère et ses plans galères, fût-ce au bras d'un blanc cacochyme et/ou blackophile) qui transcenderait les catégories communément admises et vaguement nunuches de l'espace et du temps.
Il y en a, ça leur fait ça devant une photo de facture de gaz de Leonard de Vinci.
D'autres, c'est en arpentant les forèts berrichonnes.
Mais la sexualité, c'est quand même le support d'imaginaire qui vient le plus facilement à l'esprit.
Sauf à Ingrid ces dernières années, évidemment.

samedi 5 juillet 2008

Yo ! c'est mythique



La semaine prochaine, on s'envole en famille pour la Californie. Souffrant d'une intoxication de The Shield, série américaine se passant du mauvais côté de L.A, je flippais eu égard à la criminalité rampante, jusqu'à ce qu'un voisin ait la bonne idée de tuer et découper sa femme en morceaux, puis de la jeter à la baille dans une valise en plastique (pas de pot pour lui, le plastique ça flotte) en tout cas "on" utilise l'argument pour me faire comprendre que je n'ai rien à craindre de ce voyage (c'est une preuve par l'absurde)
A Los Angeles, justement, je me taperais bien un rail de coke sur le cul d'une black à l'arrière d'un taxi, mais ma femme refuse de me signer une décharge. Il me faudra donc me contenter de faire griller des marshmallows sur un feu de camp au fin fond du parc national du Yosemite, en écoutant les derniers amerindiens hululer en cuvant leurs cruchons de mezcal dans l'obscurité miséricordieuse.

mercredi 25 juin 2008

Connard de chat

Planetary © Warren Ellis/John Cassaday

Faut bien voir que les facultés de récupération décroissent avec l'âge.
Ainsi, mon chat de 15 mois a été incapable de se remettre d'un choc frontal avec la voiture d'un voisin. La veille encore je l'ai filmé en train d'éclater des lézards dans le jardin, et puis son côté James Dean a pris le dessus, et je me retrouve presque avec un snuff movie "Jeudi 12, la veille..." il n'avait même pas fini de me rembourser les frais vétérinaires consécutifs à sa castration, cet enculé. Il venait toujours se fourrer dans nos pattes aux moments les moins opportuns, se faisait donc marcher dessus et poussait des miaulements scandalisés peu en rapport avec sa taille. Il était "trop gentil trop con" pour comprendre les lois du code de la route devant la maison, qui empruntent autant à celle de la gravité qu'à celles de la conservation de l'énergie cinétique. Il pouvait passer plusieurs heures à nous escorter dans le jardin, comme si notre seule compagnie le remplissait d'aise; un vrai clébard.
Hugo, qui a 16 ans révolus, a été exemplaire de sobriété : il l'a trouvé, l'a emballé dans un sac poubelle, et m'a laissé un message à caractère informatif sur mon portable. Clara a pleuré un bon coup, et le lendemain c'était fini. Acquis. On avait souvent prévenu les enfants qu'un de ces jours cet abruti se ferait ratatiner, vu sa grande nonchalance devant le ruban de bitume qui passe devant la maison.
Moi, une fois que je l'ai eu sorti du sac poubelle pour le mettre en terre, j'ai chialé quelques gorgées tièdes, ce qui a conforté mon fils dans l'idée que son père est une vieille tarlouze avec toute l'étanchéité à refaire, et il s'est éloigné silencieusement pour me laisser perdre ma dignité tout seul, et j'ai eu beau lui expliquer que la façon la plus simple de gérer l'émotion c'était de la laisser me traverser sans m'attacher à elle, je sens bien que je n'en sors pas grandi.
Toujours le même effet-miroir troublant (c'est troublant, ces trous noirs) devant la mort : ai-je enterré une blessure narcissique de trois kilogs avec les poils raidis ?
Connard de chat.

dimanche 22 juin 2008

Le nazaréen empalé



A côté de chez moi avait lieu ce week end le Hell Fest, un déluge de métal sonique pour aficionados - j'ai monté un reportage dessus pour la télé locale, c'est essentiellement des boutonneux affectant la joyeuse morbidité de rigueur à c'tâge-là. Hier après midi, il faisait méchamment chaud sur la scène de plein air et les pompiers arrosaient généreusement le public à la lance à incendie - en l'orientant à 45° par rapport à l'horizontale, pour que la douche ne soit pas trop violente, quand même. Malgré la remarquable cohabitation symbiotique entre vieux vendéens réacs et jeunes teutons blasphémophiles, le clergé local s'est élevé contre certains noms de groupes à l'affiche du festival : Pourriture de Christ, le Nazaréen Empalé...
Je me suis dit que le camion citerne que les pompiers déversaient sur la foule était peut-être rempli d'eau bénite... C'est marrant que le festival se déroule dans une cité qui a su mettre en valeur son patrimoine médiéval, parce que ça situe le niveau du débat - à fleurets mouchetés - entre provocateurs et indignés : on se croirait de retour au moyen age, alors qu'on sait très bien que dès lundi, les champs désertés de la campagne clissonnaise porteront bien plus de canettes vides que de cadavres éventrés encore fumants, éviscérés de par leur incroyance trop flagrante...
"le pal, ce supplice qui commence bien et qui finit mal" disait Cocteau... et je pense aussi à je ne sais plus quelle andouille qui prétendait que si le Christ avait été empalé, la religion aurait eu une autre gueule... et je pense à cette blague idiote qui me ravit, qui consiste à prendre la posture d'un ancien égyptien de profil mais en plus penché, en demandant "tu sais c'que c'est qu'ça ?" - la réponse c'est "jésus christ sur une croix gammée"
... mais tout ça c'est des apparences et des blagues à trois balles !
et ça ne dit rien de la nécessaire quète du sens, avec ou sans sacré.
L'aspect revanchard du blasphème moderne, qu'il soit articulé intellectuellement comme chez Onfray ou éructé chez les groupes de death métal dont l'impiété le dispute parfois à l'ébriété, tout ça c'est parce que les Eglises et leurs dogmes ont longtemps eu le monopole du foutage de gueule et du broyage des peuples et des consciences, instrumentalisés par lers pouvoirs politiques en outils d'asservissement et d'oppression, bien longtemps avant que Marx dénonce le pornopium du peuple.
N'empèche, les membres du groupe Impaled Nazarean n'ont sans doute pas choisi de s'appeler comme ça à la suite d'une crise d'humour fin et sophistiqué, que requièrent pourtant les circonstances et dont font preuve par exemple Hayseed Dixie quand ils reprennent "Ace of Spades " de Motorhead en bluegrass, réhabilitant le mot "hommage", à cent lieues des catastrophiques tributes à pink floyd récemment exhumés et tout aussi vite réinhumés.

jeudi 19 juin 2008

cruauté ou compassion













Le dessin sur les terroristes privés de RTT, je suis tombé dessus parce que l'ado allemand qu'on hébergeait depuis une semaine au titre des échanges linguistico-scolaires a mis les bouts l'autre matin après s'être longuement bidonné devant un Best of charlie hebdo de 2006 qui trainait dans la pièce du bas qui lui servait de chambre.
Je l'ai trouvé irrésistible de cruauté (le dessin, pas l'allemand, dont je me demande bien ce qu'il a pu comprendre à l'histoire franco-française en petits dessins cryptiques), alors qu'un pote y a trouvé matière à compassion.

samedi 14 juin 2008

le réchauffement m'en refroidit plus d'une sans faire bouger l'autre

Xavier Gorce me fait toujours rire, ce qui est de plus en plus rare.
Le lendemain du jour où j'ai interrompu mon abonnement au Monde version électronique dans lequel paraissent ses dessins, ils ont menacé de licencier 150 personnes.
J'hésite à m'abonner à Courrier International, je ne voudrais pas les acculer à la faillite.
Je l'achèterai donc en kiosque avec un sac poubelle sur la tête.

jeudi 12 juin 2008

désordres donnés : The very slow time machine



Ca va être compliqué, parce que j'avais un blog sur lemonde.fr qui a péri avec mon abonnement, alors j'ai voulu le remettre en ligne sur mes pages perso, mais je n'ai que 100 Mégas d'espace disque pour tout mon petit fourbi, alors finalement je trouve ça moins compliqué d'en ouvrir un ici et de republier mon ancien blog, avec les dates originales, les commentaires et tout. C'est pour ça que je dis que c'est du congelé. Or, tout le monde sait que les surgelés, ça fait péter, et que je suis déjà regazéifié avec mon propre gaz. J'écrirai peut-être un petit inédit de temps en temps. Sinon ça va ressembler à la nouvelle de Ian Watson "Chronomachine lente".

"(1990) La Machine à voyager Très Lentement dans le temps, pour plus de commodité la MVTLT, fit sa première apparition à midi exactement, le 1er Décembre 1985, dans un espace inoccupé au Laboratoire National de Physique. Elle signala son arrivée par une détonation violente, et une rafale de vent. Ce fut un moment d'extrême confusion, et la confusion persista puisque l'occupant de la MVTLT se trouvait être non seulement dans un flux temporel inverse du nôtre, mais encore dans la démence la plus totale !"