jeudi 25 septembre 2008

usa 3 : shit happens

Ces jours-ci, je me lève tous les matins entre 5h30 et 6h30 pour faire un peu de montage sur le film de vacances tourné cet été en Californie, parce que je n'ai aucun autre moment de la journée pour le faire. La nécessaire production d'endorphines est assurée par le jogging, deux à trois fois par semaine, et le couchage relativement tôt dans la soirée.
Faut savoir ce qu'on veut dans la vie.
En attendant des extraits en avant-première, j'ai retrouvé sur Internet cet essai de religion comparative attribuable à un Merdéa Eliade qui serait le petit cousin de l'autre et qu'il m'a fallu voir imprimé sur des T-Shirts à San Francisco pour me rappeler qu'il sévissait déjà il y a quinze ans sous forme de poster dans les chiottes d'une boite de post-prod parisienne.

Comparative religion, reduced to basics

Everybody knows “shit happens”

TAOISM - “If you understand shit, it isn’t shit”

HINDUISM - “the shit happened before”

CONFUCIANISM - “confucious say ’shit happens’ “

BUDDHISM - “shit will happen to you again”

ZEN - “what is the sound of shit happening?”

ISLAM - “if shit happens it is the will of Allah”

SIKHISM - “leave our shit alone”

JEHOVA’S WITNESS - “knock knock. shit happens”

ATHEISM - “i don’t believe this shit”

AGNOSTICISM - “can you prove that shit happens?”

jeudi 11 septembre 2008

invisibles à plus d'un titre


J'apprends ici que le tome 1 des Invisibles de Grant Morrison ne s'étant pas vendu, la version française cesse définitivement alors que le tome 2 vient juste de sortir.
P'tain, pas de trad' de la fin des Invisibles, ça fait vraiment chier : je suis déjà un vieux con de 45 balais condamné à relire un de ces jours ma collection de métal hurlant parce que rien ne me fait frissonner dans la bédé francophone actuelle, que du coup je me suis intéressé aux ricains parce que le manga je faisais un rejet, et là, à part Morrison parce qu'il est délicieusement abscons, Alan Moore parce qu'il est cultivé et barré, et Warren Ellis quand il est en forme... parce qu'on dirait alors un personnage inventé par Philippe Manoeuvre, y'a pas grand monde.
Vais-je être obligé de lire ce que Morrison a produit de plus mainstream, à savoir les New X-Men, plutôt que ses opus bouffis et déjantés comme 7 soldiers ou The Filth ?
Devant tant de suspense, le monde retient son souffle.

mercredi 10 septembre 2008

les portes

"La somme du mal, a dit Pascal, serait considérablement réduite si seulement les hommes pouvaient apprendre à rester tranquillement dans leur chambre. Le contemplatif dont la perception a été "nettoyée" n'est pas tenu de rester dans sa chambre. Il peut aller vaquer à ses affaires, si complètement satisfait de voir et d'être une partie de l'Ordre Divin des Choses, qu'il ne sera jamais tenté de s'adonner à ce que Traherne a appelé "les gentillesses malpropres du monde."
Quand nous nous sentons les seuls héritiers de l'univers, quand "la mer coule en nos veines... et que les astres sont nos joyaux", quand toutes choses sont perçues comme étant infinies et sacrées, quel motif pouvons-nous avoir d'être cupides ou d'affirmer notre moi, de poursuivre le pouvoir ou les formes un peu lugubres du plaisir ? Les contemplatifs ont peu de chance de devenir des joueurs, ou des procureurs, ou des ivrognes; ils ne prêchent pas, en général, l'intolérance, ni ne font la guerre; ils n'estiment pas nécessaire de voler, d'escroquer, ni de pressurer les pauvres. Et à ces énormes vertus négatives, on peut en ajouter une autre qui, bien qu'elle soit difficile à définir, est à la fois positive et importante. L'arhat (qui se dilate ?) et le quiétiste peuvent bien ne pas pratiquer la contemplation dans sa plénitude; mais, si tant est qu'ils la pratiquent, ils peuvent en rapporter des rumeurs d'une autre contrée de l'esprit, d'une contrée transcendante; et s'ils la pratiquent à son sommet, ils deviendront des conduits par lesquels quelque influence bénéfique pourra couler hors de cette contrée, dans un monde de moi obscurcis, mourant chroniquement d'en être privés. "
Aldous Huxley
"les portes de la perception"

jeudi 21 août 2008

usa 2 : san francisco


L'été est propice au fog, qui reste parfois en suspension 
toute la journée à 30 mètres d'altitude

Je me rappelle qu'à l'été 1984, Peter Principle, le très novateur bassiste du très novateur groupe musical Tuxedomoon m'avait dit lors d'un concert à Montpellier au cours duquel j'avais eu la chance de les approcher de près sur mes jambes tremblotantes de fan idolâtre, que si le groupe avait quitté la Baie de San Francisco, c'était parce que les gens y étaient too stoned or too lazy et qu'il n'y avait rien de plus triste sur cette terre qu'un potentiel humain gâché, qu'il soit détérioré ou qu'il ne trouve pas son vecteur d'extériorisation.Leur musique expérimentale et bougrement excitante mélangeait à l'époque l'expressionnisme allemand, la new wave, et un certain nombre d'ingrédients maison, qui n'étaient pas vraiment dans l'air du temps californien, mais qui leur avaient assuré un succès d'estime en Europe parmi les branchés musiques arty et vaguement tristouilles.
25 ans plus tard, les fenètres des maisons de San Francisco sont opacifiées de rideaux cosy qui protègent l'intimité des résidents (à ne pas confondre avec les Residents, autre groupe underground et arty de la Baie) et abritent les familles des cadres de Pixar. Les laissés-pour-compte naufragés de la vie et autres fracassés de la dope pullulent sur les trottoirs du quartier de Tenderloin, où ils alpaguent sans joie les touristes émoustillés par l'idée de s'encanailler dans Frisco la sulfureuse.
Au moins, la ville accueille ses éclopés et tente de les gérer, à la différence de beaucoup d'autres métropoles où les clodos sont purement et simplement interdits de séjour.
Cruelos déceptioning ? ça dépend, les mythes, en tant que production de l'imaginaire, ont la peau dure, mais s'accomodent malaisément du passage au réel, souvent synonyme pour eux de passage à tabac.
Je n'avais pour seul repère que le voyage qu'y avait fait ma chérie il y a 20 ans, dont le récit culminait dans le combat qui l'avait opposé à une mouette qui voulait ingurgiter ses burritos sur le port. Ce qui m'a un peu gavé, c'est d'y passer une semaine, parce que l'architecture si particulière de la ville me faisais moins de zigouigouis dans mon petit ventrou que les Béances du Grand Canyon. A la surprise générale, Tuxedomoon s'est reformé il y a quelques temps, produisant toujours les mêmes plaintes hallucinées. Je n'ai jamais rencontré de gens aussi joyeux produisant une musique aussi triste.
Je me suis remis de ma vision un peu négative de San Francisco, en partie d'y avoir découvert et hanté une incroyable librairie de comics.
Et la maison bleue chantée par Maxime Le Forestier et ses habitants humanistes, je l'ai trouvée en fin d'été, pas loin de Paimpol.


"c'est une maison bleue/accrochée à la colline"
on voit pas bien la colline, parce que la maison est devant.



un va-pied nus local, qui a pris bien trop d'acide entre 65 et 70

mardi 12 août 2008

USA 1 : radio-cochon



Je rentre, ou plutôt nous rentrons de quatre semaines dans les grands espaces américains, et je me jette sur mon ordinateur comme la vérole sur le bas-clergé breton.
Las ! L'impression des grands espaces ne sera pas dissoute par les petits pixels !
3500 milles à bord d'un 4*4 Toyota, et seule l'écoute de radio-cochon tranchait dans le paysage musical uniformisé de la FM américaine, sur laquelle on n'entend que du rock au beurre de pâté de graisse, des vieux AC/DC, des Van Halen antédiluviens, entrelardés de publicités pour des fonds de pension. Comme si musicalement, le temps s'était arrété en 1978.
D'accord, ça se passe sur la côte Ouest, et tout est tellement Big par ici que seul le lyrisme chromé du rock seventies semble à même de traduire la rutilance visuelle qui s'offre partout sur le plan acoustique.
D'ailleurs, pour être raccord, j'ai pris 5 kilogs, leur cuisine étant horriblement bonne.

jeudi 10 juillet 2008

Ingrid

Mon fils vient d'obtenir son brevet des collèges, malgré mes remarques blessantes et culpabilisantes à chaque fois que je l'observais n'en branler pas une.
Evidemment, je faisais ça inconsciemment, parce que je ne m'étais pas remis que mon père le fasse.
Après tout, si on n'en branle pas une à 16 ans, quand est-ce qu'on va s'y mettre, hein ?
Il enterre donc élégamment sa vie de collégien et se dirige vers un BEP Sanitaire et Social.
Il me parle d'idolâtrie à propos d'Ingrid Bethancourt qui vient d'être libérée et montée au pinacle par les médias, et dans sa bouche, ce terme fait soudain méchamment recherché.
Ca m'évoque cette photo envoyée par un ami d'une de ses clandestines supposées.

Sur cette photo, j'avais été frappé de la concentration de stéréotypes au centimètre carré de ce que nous pouvons projeter émotionnellement sur les blackettes - je parle pour lui, moi, et les deux qui la tiennent, lol - elle regarde vers un ailleurs improbable, un au-delà d'elle-même, de la pose peu naturelle qu'elle prend, sans doute suite à une suggestion du photographe, elle aspire à une décontextualisation (elle quitterait peut-être bien l'Afrique, sa misère et ses plans galères, fût-ce au bras d'un blanc cacochyme et/ou blackophile) qui transcenderait les catégories communément admises et vaguement nunuches de l'espace et du temps.
Il y en a, ça leur fait ça devant une photo de facture de gaz de Leonard de Vinci.
D'autres, c'est en arpentant les forèts berrichonnes.
Mais la sexualité, c'est quand même le support d'imaginaire qui vient le plus facilement à l'esprit.
Sauf à Ingrid ces dernières années, évidemment.

samedi 5 juillet 2008

Yo ! c'est mythique



La semaine prochaine, on s'envole en famille pour la Californie. Souffrant d'une intoxication de The Shield, série américaine se passant du mauvais côté de L.A, je flippais eu égard à la criminalité rampante, jusqu'à ce qu'un voisin ait la bonne idée de tuer et découper sa femme en morceaux, puis de la jeter à la baille dans une valise en plastique (pas de pot pour lui, le plastique ça flotte) en tout cas "on" utilise l'argument pour me faire comprendre que je n'ai rien à craindre de ce voyage (c'est une preuve par l'absurde)
A Los Angeles, justement, je me taperais bien un rail de coke sur le cul d'une black à l'arrière d'un taxi, mais ma femme refuse de me signer une décharge. Il me faudra donc me contenter de faire griller des marshmallows sur un feu de camp au fin fond du parc national du Yosemite, en écoutant les derniers amerindiens hululer en cuvant leurs cruchons de mezcal dans l'obscurité miséricordieuse.