vendredi 31 octobre 2008

des séductions de l'esprit mauvais


Un ami vient dîner et nous comparons nos vacances récentes en Californie.
Mon fils dit son désir d'aller en vacances en Ecosse et dévoile sa motivation : y boire du whisky. Il aimerait aussi se rendre au Brésil. Je lui réponds que si c'est pour y voir des trans, si ce n'est que ça, on peut très bien lui servir un scotch devant un site internet de poutasses fiveur's, comme ça il visitera les deux pays en même temps de manière économique. Tout le monde rigole. Il ne s'agit que de répondre par la galéjade à une provocation, sans bavure policière ni échauffement des esprits.
Plus tard dans la soirée, comme mon ami lance un nouveau savon au nom d'insecte, et que cet insecte est de moeurs sexuelles plus que douteuses, nous ironisons sur la pertinence de ce nom, et les spots de pub que nous pourrions produire si la publicité ne se cantonnait aujourd'hui à une mièvre pornographie du bonheur matérialiste obligatoire, après des incursions frileuses dans le cynisme hara-kiri light dans les années 80.
On rit encore. On ne m'a pas encore raconté la blague que Christian Descamps, leader du groupe Ange, fait sur scène aujourd'hui : "il vaut mieux être gérontophile que pédophile, on a moins de soucis avec les parents" sinon elle serait de circonstances. Il arrive que le mauvais esprit soit bon enfant, quand on est dans l'acceptation de son potentiel.
Comme dans cet incunable retrouvé par un charognard dans une poubelle.

De : "Flo"
Date : Sat, 26 Jul 2003 07:32:18 +0200
À :
Objet : [conscience-lucidite] radio CL - le délire de 7h du mat'

Récemment j'ai eu une sorte de prise de conscience. Je me suis rendue compte qu'on était tous absolument différents les uns des autres, et qui si on consacrait son énergie à découvrir comment on était fait plutôt qu'à imiter le voisin, le problème de la réalisation ne se poserait probablement plus, parce que tout se ferait naturellement.
Je ne parle pas des exercices comme la Pensée Perceptive qui me semblent universels, mais de la façon dont on projette son énergie. Par exemple j'ai un copain qui autrefois était un (jeune) mage noir et qui s'est converti au bouddhisme depuis quelques années. Et maintenant il redevient mage gris... Pourquoi s'est-il converti au bouddhisme ? Parce qu'une personne bien intentionnée (c'est pas moi je l'jure !) l'a convaincu que c'était le seul salut possible. Malheureusement le lama et ses disciples ne lui permettaient absolument pas de projeter son énergie (de faire des projections intéressantes pour lui), donc la nénergie ne tournait pas, le serpent ne se mordait pas la queue, et ça n'allait pas si bien que ça.
Il y a une croyance fausse qui circule, c'est qu'on ne peut projeter sa nénergie que sur certaines choses : des gentils maîtres, des gentils yiddams, des gentils curés et des gentils zanges. On peut le faire sur n'importe quoi. Francis par exemple peut faire des projections sur les saunas, on dirait que ça lui réussit.
Oui mais, me dira-t-on, il faut que l'objet soit puissant pour que la transmission soit puissante ! Erreur ! Il n'y a pas d'objet puissant. Toute la puissance vient de nous. Qui n'a pas entendu d'histoire de types qui priaient des statuettes idiotes, des bouts de bois, que sais-je... et qui en ont reçu des transmissions ? Personne n'en a tiré la morale.
La morale, c'est que Tenzin Mandale Rinpoché ne vous sera d'aucune utilité si vous ne pouvez pas projeter d'énergie sur lui. Pour vous, il n'existera tout simplement pas.
Les apparences extérieures ne sont là que pour servir de support à la projection de la nénergie. En elles-mêmes, elles sont vides. Comme je le disais à mon jeune ami, prenons une messe noire :
- le matérialiste y verra des mecs avec des cagoules s'agitant pour rien
- le chrétien y verra un truc hyper malsain
- le sataniste y verra un truc hyper exaltant
- le mage y verra quelque chose de puissant.
Pour les uns, il y aura intervention d'une force (obscure), pour les autres, il n'y aura rien.
Qui a raison ?
TOUT LE MONDE !
Même s'il y a en soi des forces obscures, si nous ne sommes pas orientés de façon à les percevoir, elles n'existeront pas (comme un poste radio qui ne reçoit qu'une partie des fréquences). De même, si nous ne sommes pas orientés pour voir les forces "spirituelles", inutile de se diriger par là.
En fait nous sommes des postes radios qui ne peuvent chacun recevoir que certaines fréquences. Ce qu'ils nous faut absolument trouver, c'est les fréquences que nous pouvons recevoir, et ensuite les amplifier.
En revanche, l'erreur ultime, c'est de croire à l'objectivité de tout ça. Même si Tenzin Mandale Rinpoché EST puissant en tant qu'émetteur de sa propre nénergie, c'est un péché d'orienter vers lui des gens qui ne sont pas construits pour ça, car on les sépare d'eux-mêmes. Il y a des gens pour qui TMR n'existera jamais et il serait infiniment prétentieux de croire qu'il devrait exister pour tous.

C'est curieux parce que je connais quelqu'un qui est spécialiste de ça, et je me demande si ce n'est pas ce qui karmiquement lui revient dans la figure sous forme de différents problèmes. Il plonge un tas de gens dans l'angoisse, car il les convainc qu'ils doivent faire comme lui, alors que les pauvres ne sont pas faits pour ça. En fait, toute sa vue est faussée par ça. Il a sans arrêt des altercations avec les gens qu'il conclut par un discours du genre : ils voient la perfection en moi et ne peuvent que me détester.
Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'il n'est parfait que dans son propre monde. Aux yeux des autres, il paraît plutôt bizarre. C'est comme moi, je serai très contente de moi quand j'aurai plein de muscle, mais j'ai conscience que pour les autres gens, ça n'aura pas la même signification que pour moi (surtout pour Vinz). ça aura même une signification négative pour pas mal d'entre eux. Mais si pour moi c'est le chemin vers la divinité, hein ? Qu'est-ce que je m'en tape de l'avis des autres ?
Et si le chemin de la divinité pour certains c'est de vivre dans une poubelle, amen je les bénis !
C'est quand on a trouvé son propre chemin que la confusion disparaît. Par contre il faut être sûr de l'avoir trouvé.
C'est pour ça que les religions sont la plus grosse entreprise anti-spirituelle de tous les temps. Elles imposent un chemin unique.

Bon. Je me dis que si je faisais des conférences sur ce thème, eh ben ça serait un peu nouveau. Seulement voilà j'aime bien parler pour beaucoup de gens, alors à moins de 30 personnes ça me ferait chier, et comme je suis personne j'aurai pas 30 personnes. Alors voilà j'en suis réduite à vous casser les oreilles.

Té, ça me fait aussi penser à cet ami, qui lui, juge la réussite au nombre de livres publiés, au nombre d'amis intelligents, et qui trouve ma vie nulle d'après ses critères et voudrait me convaincre de me bouger le cul, parce que décidément je gâche mon temps.

(Mon Dieu je jure de ne pas juger les gens sur la taille de leurs biceps ni sur le nombre de cactus qu'ils ont chez eux...)

ou dans le début de cette discussion sur un un café-philo où je n'étais jamais passé me servir un godet du temps où il était ouvert, mais que je trouve très bien fréquenté depuis sa fermeture. Discuter avec des morts ou des leurres ne me pose guère plus de problèmes que les cigales mâles qui cherchent à s'accoupler avec des mâles ou des femelles sans vie placés près d'eux. L'esprit mauvais n'est pas toujours pote avec le discernement.

dimanche 19 octobre 2008

pop culture



Hier soir j'ai enterré dans le jardin la pop culture avec Indiana Jones 4, parce que c'est vraiment "Harrison Ford contre la soupe froide qu'on lui sert à l'hospice" (et il a perdu dans les 20 premières minutes.)
Bon Spielberg a le droit d'être fatigué, il a bien oeuvré pour le cinéma populaire de qualité quand il était plus jeune.
La semaine dernière, Hancock c'était bien affligeant, aussi. On sent l'épuisement des formes culturelles, qui contraint les scénaristes à tenter des greffes bizarres entre groupes sanguins assez dissemblables. Au moins Indiana Jones c'était de l'auto-greffe, ça reste propre. Nul et vide mais propre, là où Hancock est violent et pitoyable dans son assassinat en direct de bonne idée de départ.
Bref je me suis endormi d'ennui devant mon écran plasma ultra-consumériste, ouah la louze.
Je connais quelqu'un qui faisait des critiques brillantes de films qui m'apparaissaient stupides, et j'aurais bien postulé pour essayer de faire l'inverse, mais le dernier film qui m'est apparu génial c'est Les Fils de l'Homme, et ça ne serait pas lui rendre service que de l'encenser avec mon imitation de mongolito.
Il y a aussi Jennifer Shiman qui vous fait sombrer dans une sorte de nihilisme cinématographique : après avoir visité son site, on ne peut plus regarder un film de fiction traditionnel sans l'imaginer réinterprété en 30 secondes par des lapins crétins...
Ca sent le nivellement par le bas.
Mais ce midi j'ai dû redéterrer d'urgence la culture pop, en plus je me rappelais plus où je l'avais inhumée, j'ai fait des trous partout dans le jardin mais ça valait le coup, parce que j'avais prévenu mes gosses qu'il y avait des séances de ciné à 4 euros jusqu'au 21 octobre (des fois je suis un bon père), et qu'ils m'ont trainé voir Kung Fu Panda, et que c'est un tel bonheur esthétique de voir la culture asiatique absorbée/digérée/recrachée avec de nouvelles épices, avec dissolution du corps du Maitre en Corps d'arc-en-ciel et tout, et je dis pas ça du tout pour qu'une certaine personne aille le voir, que c'était comparable en plaisirs et en intensités diverses à Ratatouille ou Monstres et Compagnie, et du coup c'était vraiment c'était une bonne journée à goûter des joies simples.
C'est la vie.

samedi 18 octobre 2008

un truc avec la mère (2)

Deuxième vague de feuilles mortes kamikazes endiguée sur la pelouse et refoulée dans le bois. Les vagues 3, 4 et 5 sont attendues jusqu'à fin décembre.
Dans ma tête aussi, les feuilles mortes se ramassent à la pelle.
Qu'en faire d'autre ? du compost.
Mon père m'envoie cette photo de ma mère, je suppose que le message caché c'est "Venez donc à la Toussaint, sinon j'lui crève l'autre."
Ou alors indignité et ignominie sont des vocables inventés rien que pour notre famille, sans vouloir faire de lexicocentrisme. Il y a une certaine tendance à exhiber des blessures, dont ce blog n'est d'ailleurs pas exempt.
Je les appelle, mais non, tout va bien, c'est juste les conséquences normales de l'opération de la cataracte.
Je suis traumatisé par cette campagne d'information sur les conséquences de l'alcool au volant "Pour que des telles choses n'arrivent plus, prenez conscience que boire saoul peut briser votre vie."
Boire saoul, comme je l'ai trouvé texto sur un site tellement bidon qu'il donnerait honte de faire partie des buveurs d'eau. Boire saoul doit donner envie de fumer des cigarettes électroniques.
Christophe le note dans son déroutant journal : "Sur internet j'ai trouvé : 'aigri : qui a eu trop d'expériences amères. Je cherche encore et je trouve : l'amer / la mère. Ok c'est clair non : je suis aigri à cause de la relation très mauvaise que mon enfant intérieur a avec les mères en général."
Je m'aperçois que je l'avais noté il y a 20 ans, mais c'était inexploitable.


alors que là, ça va au moins me faire reconsidérer mes rapports avec la mère de mes enfants. Sans parler de mes vacances de Toussaint, en attendant qu'un de ces jours la Toussaint et la fête des mères tombent le même jour.

vendredi 17 octobre 2008

la cigarette électronique ta mère










J'ai été récemment taggué par un spybot qui m'invitait à fumer des cigarettes électroniques.
Dure vie que celle du bloggueur auto-addicté, soumis à tant de tentations... Abasourdi par l'audace du robot vaguement humanoïde à la solde des labos enivrés d'autosatisfaction à l'idée d'avoir mis au point un produit si stupide, je me rends sur leur site. C'est là qu'on comprend les limites de l'approche techniciste, pourquoi la Bourse s'effondre, pourquoi Jesus ne sauve pas toutes ses ouailles... Bref, c'est l'instant de triomphe où les épiciers se prennent pour Néron, c'est l'instant de triomphe où les Anglaises se prennent pour Wellington.
Comment un fumeur peut-il croire qu'il va renoncer à son vice en se livrant au simulacre ritualisé d'introduire dans sa bouche un cylindre de plastique dont l'extrémité comporte une LED qui rougeoie dans le chuintement de vapeur d'eau qui s'en échappe ? Sa duplicité ne le cède en rien à la roublardise de celui qui lui propose un tel substitut, sans doute en vente uniquement dans les pharmacies. Aussi ridicule qu'elle soit ainsi vidée de sa teneur nicotinique, l'habitude funeste est reconduite.
La cigarette électronique est à la clope ce que le cybersexe est à l'amour, ce que le blog est à la littérature, la cigarette électronique pue des pieds, bref je crois que je préfèrerais refumer que tomber victime de cette merde.
Fin de notre rubrique "gagnez de l'argent avec de la publicité sur votre blog."


des robots un peu plus sympas, il y en a .


jeudi 16 octobre 2008

le rhinocéros de Monsieur Seguin

"Comme je l'ai déjà remarqué la semaine dernière, prends garde à la tentation de l'hermétisme, frêre. Elle comble assez bien la pulsion grégaire (car on se veut complice, et on l'est malaisément seul) et la soif d'élitisme, mais on n'est plus compris de grand monde, et j'ai cru comprendre que tu souffrais surtout d'isolement."
P'tain comment y cause, mon frêrot, on voit qu'il a fait des études.
"Et n'oublie pas que l'avidité et la jouissance sont incompatibles par nature."
Bien bien bien, alors aujourd'hui on va pas faire dans l'ésotérisme.
J'ai imaginé que la poignée de branleurs repentis qu'on était sur le forum dépendance sexuelle, on était un peu dans la position de Monsieur Seguin, on élève des chèvres en les sermonnant sur les dangers qu'il y a d'aller dans la montagne, où le risque de se faire bouffer par le grand méchant loup pornoïque est grand. Un jour ou l'autre, elles finissent toutes par ronger leur corde, et on n'en entend plus guère parler. Peu d'entre elles nous rassurent plus tard comme vient de le faire Spirit, à coups de cartes postales lénifiantes sur les merveilleuses vacances qu'elles passent à la mer, même si le verso de la carte s'orne d'un dessin épouvantablement grivois emprunté aux pires heures de Kiraz.

On ferait peut-être mieux d'élever des rhinocéros : bigleux, sourd, cuirassé comme mon pote Emkine,
le rhinocéros est relativement indifférent aux grands méchants loups pornoïques.
Mais d'un autre côté, dans ce cas-là, pas plus de Lettres de mon moulin que de beurre en branche.
Faut faire des choix.

mercredi 15 octobre 2008

Hyper-alcoolisation des (plus très) jeunes et krach boursier

Crise des subprimes : une explication très simple pour ceux qui essayent encore de comprendre.

Alors voilà, Mme. Ginette tient une buvette à Bertincourt, dans le Pas de Calais. Pour augmenter ses ventes, elle décide de faire crédit à ses fidèles clients, tous alcooliques, presque tous au chômage de longue durée.
Vu qu'elle vend à crédit, Mme Ginette voit augmenter sa fréquentation et, en plus, peut augmenter un peu les prix de base du "calva" et du ballon de rouge.

Le jeune et dynamique directeur de l'agence bancaire locale, quant à lui, pense que les "ardoises" du troquet constituent, après tout, des actifs recouvrables, et commence à faire crédit à Mme. Ginette, ayant les dettes des ivrognes comme garantie.

Au siège de la banque, des traders avisés transforment ces actifs recouvrables en CDO, CMO, SICAV, SAMU, OVNI, SOS et autres sigles financiers que nul n'est capable de comprendre.
Ces instruments financiers servent ensuite de levier au marché actionnaire et conduisent, au NYSE, à la City de Londres, au Bourses de Francfort et de Paris, etc., à des opérations de dérivés dont les garanties sont totalement inconnues de tous (c.à.d., les ardoises des ivrognes de Mme Ginette).

Ces "dérivés" sont alors négociés pendant des années comme s'il s'agissait de titres très solides et sérieux sur les marchés financiers de 80 pays.

Jusqu’au jour où quelqu'un se rend compte que les alcoolos du troquet de Bertincourt n'ont pas un rond pour payer leurs dettes.

La buvette de Mme. Ginette fait faillite.

Et le monde entier l'a dans le cul....


une archive incroyable mais vraie de l'époque où j'étais peu solvable, sauf dans l'alcool.

dimanche 12 octobre 2008

Expérience #53 : Devenir le média




J'ai vu cette lueur dans l'oeil de James Woods, dans Videodrome de David Cronenberg (Où finit la chair ? Où commence la manipulation du réel ? Qui décide réellement de ce qui est et de ce qui semble ?) : deviens le média.
Je l'ai revue dans l'oeil du rédacteur en chef de la station de télévision régionale où je travaille épisodiquement, lui qui a tout misé sur sa carrière, y compris sa femme et ses gosses, et qui s'y croit tellement que sa vie a beau craquer aux entournures, il continue d'être workholic et quand on lui avoue qu'on n'a pas regardé le journal du soir, au risque de ne pas avoir l'esprit d'entreprise, il nous regarde d'un air hébété. Deviens le média.
Je l'ai aperçue aussi dans l'interview de la nympho dans l'enquète sur la génération porno sur Arte quand elle disait qu'avec ses copains-copines elle essayait de reproduire des films pornos, sans trop bien savoir pourquoi : deviens le média.
Et puis pour faire bonne mesure, je la sens dans mon oeil quand j'écris sur ce blog, que j'avais ouvert pour faire comme vous - savez - pas - qui - mais - moi - j' m'en - doute, avec les résultats qu'on imagine. Deviens le média.
Comme si devenir le média allait nous délivrer momentanément de la nécessité d'être soi - ce qui dit comme ça ne veut pas dire grand chose - et de résoudre l'énigme que l'univers nous propose à chaque instant.
Il faudrait développer l'article vers la fusion/confusion, mais je roule un peu sur la jante.
Ce matin j'ai couru 17 km et j'ai passé l'après-midi à la mer.
Y'en a qui s'embètent pas.
Le Marshall McLuhan des temps post-modernes a failli naître.