mardi 3 juin 2014

La Belle Vie - Matthew Stokoe

Début mars, alors que je passe quelques jours lascifs dans l'albigeois, alerté par la lecture distraite et complaisante du supplément littéraire du Monde des livres, je tombe là-dessus :


"... sans doute le roman le plus cru écrit sur Hollywood. Dans sa préface, l'écrivain Dennis Cooper, dont les livres n'ont pas froid aux yeux non plus, le compare à Fight Club de Palahniuk et à American Psycho d'Ellis. Autant dire que la violence, la perversion et la noirceur absolue sont au rendez-vous de cette plongée terrifiante dans la face cachée du rêve hollywoodien. Il faut s'accrocher pour lire les aventures de Jack, qui rêve de côtoyer les stars, mais vit dans un studio de troisième zone à Venice. Pour s'en sortir, il ne va pas hésiter à passer au-delà des limites, tutoyant les dingueries les plus ultimes..."


Bon, ça a l'air plaisant, et je n'ai rien à lire à part Matthieu Ricard, alors je dégotte une édition de poche dans le vieil Albi.
L'éditeur a cru bon de rajouter un sticker translucide "BRUTAL / politiquement incorrect / VIOLENT" sur la couverture pour que les enfants ne le confondent pas avec Watch Dogs.

Hélas : en fait de descente aux enfers, le narrateur de La belle vie semble coupé de lui-même et le livre est plutôt ennuyeux : des pervers y sodomisent des cadavres, d'autres se masturbent avec des reins fraichement prélevés à d'innocentes victimes, on y violente de vieilles prostituées coprophages, mais dans une absence d'affects totale.
Heureusement pour l'auteur, qui ne s'est pas embarrassé d'une empathie dangereuse avec ses personnages, et fait oeuvre de moraliste et de théoricien du nihilisme observé à travers une vitre sans tain. Dommage pour le bouquin qui, sans chair restent tragiquement désincarné : tous ces gens courent après des désirs transgressifs qui ne peuvent leur apporter que frustration, compulsion de répétition et mort (dans cet ordre-là) sans que ça ait vraiment éveillé mon intérêt, au delà de la quête un peu vaine du blasphème total, comme y disent là :

J'aurais mieux fait de lire Matthieu Ricard.

lundi 2 juin 2014

Comment convertir un .sub en .srt sur Mac Os X

Je découvre sur un forum sécurisé de bittorent une version 720p de « Sorcerer », l’adaptation réalisée en 1977 par William Friedkin du roman «Le salaire de la peur » et qu'il considère comme son meilleur film maudit de tous les temps.
La dernière fois que je l’ai vu, c’était sur cassette betamax, je devais avoir 19 ans et j’avais été affreusement impressionné.
Joie !
Mais tout a un prix.
Après récupération des fichiers, il s’avère que les sous-titres sont encodés dans un fichier .sub + .idx (qui permettent le sous-titrage en plusieurs langues) au lieu d’un bon vieux fichier .srt
Allons bon : Mon lecteur Western Digital Elements Play ne saurait s’en accomoder.
Me voici parti à chevaucher les forums, à chercher des logiciels pour convertir le .sub en .srt ou toute autre hypothèse heuristique à tester.
Je croise plusieurs solutions : sub2srt-python, reSync, Avidemux_2.6.8., subcleaner_1.0b7
Certaines sont sur pc, d’autres en open source (je ne comprends même pas comment les ouvrir sur mac) et d’autres logiciels sont encodés en 7z, format assez rare qui compresse plus et mieux que le .rar, justement, donc il faut déjà trouver un décompacteur à ce format, et blablabli et blablabla.
C’est la Babel moderne, et je ne suis pas loin d’y perdre mon latin si je n’avais acquis une certaine logique de recherche au cours de ces dernières années, c’est le genre de problèmes qui se présente aussi au bureau et sans doute dans toutes les entreprises qui ont maille à partir avec l’informatique.
Bon, au bout d’une heure je suis prêt à lâcher l’affaire, quand je comprends en un éclair que je peux donner les fichiers .idx + .sub à manger à mkvtoolnix en même temps que le mkv d’origine et l’export wav de la piste audio (mon WD ne lit pas les pistes .dts) et qu’il va multiplexer tout ça.
Je commence donc ma semaine avec deux heures de retard.
La Peste soit des loisirs numériques.
La semaine prochaine, nous verrons comment j'ai réussi à supprimer le mot de passe EFI/firmware d'un Mac antérieur à 2012 pour pouvoir accéder à la partition Recovery HD sous Lion.
Celle d'après, comment j'ai mis fin à ma misérable existence.

samedi 24 mai 2014

Liquides II



Je regarde ce documentaire sur le jeûne.
Puis je me lance, je ne veux pas prendre 10 kgs en cessant à nouveau de consommer du tabac. En perdre 10, ça serait même chouette. Je pourrais trottiner un peu plus vite sur les chemins de campagne. Pas de motivation transcendantale, on sait ce qu'elles donnent chez moi; je m'autorise un peu de jus de soja, c'est des protéines, et j'ai vu dans le film que c'est ça qui craint quand on jeûne, la fuite des protéines, qui constituent les muscles. Je fais provision de jus de fruits, aussi, et je m'autorise à craquer si je craque (je vis avec des gens qui continuent à manger, qui font partie de ma famille, et le repas du soir est quasiment le seul rendez-vous social d'assuré dans une journée de semaine normale.)

Au bout de 3 jours sans manger, je m'aperçois à quel point la nourriture est une croyance, et que si on cesse de pratiquer le rituel de s'alimenter, qui la soutient, on ne s'écroule pas, le monde non plus. Pas de vertiges, pas de faim à se tordre les boyaux, pas de fatigue excessive; faut dire que je teste dans une période de repos professionnel, mais je suis actif à la maison, je repeins portes et fenêtres.
Le soir du 3eme jour, ça va tellement bien que je m'autorise à prendre un repas en famille (c'est une preuve par l'absurde, mais je commence à regarder la bouffe comme si c'était quelque chose de vaguement obscène; il ne faut pas que ça devienne hallucinatoire à ce point)

La 4eme nuit je dors très mal, j'ai l'impression d'avoir pris des neuroleptiques (ni sommeil ni veille : l'organisme se demande avec une certaine inquiétude s'il aura de la bouffe le lendemain et ne dort littéralement que d'un oeil)

Le 5eme jour,  je peux bien avoir perdu 4 kgs, tout le monde à la maison me fait comprendre que j'ai un comportement exécrable, aussi infect que dans mes pires moments et aussi narcissique que d'habitude, alors je comprends que la frustration n'est pas ma meilleure copine en ce moment, que ça ne fait que 4 semaines que je ne fume plus, j'ai beau ressentir une empathie tout à fait inédite envers les gens qui souffrent de dérèglements du comportement alimentaire, je voulais perdre 10 kgs en 10 jours, c'est possible, mais ça va mettre tout le monde à genoux moi le premier, je me dis que je vais plutôt supprimer le repas du soir.

mercredi 14 mai 2014

Liquides

J'étais en réunion Alcooliques Anonymes l'autre soir, histoire de chercher une bouffée d'air en ce qui concerne le ressassement et le ressentiment qui sont un peu dans l'air du temps suite au fait que j'ai du mal à accepter mon âge, mon passé et ma mauvaise humeur, sans parler de celle de ma femme.
J'y ai croisé quelques collègues eux aussi anciens adeptes de l'alcool, cette forme liquide d'auto-érotisme dont l'abus a une issue aussi prévisible que malheureuse, comme les autres formes d'auto-érotisme connues de nos services, par exemple les blogs, le jogging, la lecture de comics sur Ipad et la poursuite d'objectifs qui ne sont plus de saison.
Il n'y a qu'en réunion AA que je me reconnecte avec une certaine forme de lucidité ni complaisante ni ricanante sur l'erreur que j'ai pu faire jadis de m'enfermer dans une bouteille pour me consoler de ce que je ne pouvais ni avoir ni être. 

samedi 29 mars 2014

Maître de la matière - Andreas Eschbach

Il y avait déjà l'astrophysique camerounaise, la diaspora Inuit et l'agronomie saharienne.
Désormais, Il faudra aussi compter avec la science-fiction allemande.

mercredi 5 mars 2014

Moi, Lucifer - Glen Duncan


Livre difficile à suivre, tantôt pénible, soudain réjouissant, puis de nouveau agaçant deux paragraphes plus loin, tant l'auteur (Glen Duncan s'est vraiment efforcé de se mettre dans la peau de Lulu, lui-même momentanément incarné dans celle d'un mortel glauquissime... bref, y'a du lourd et de la piste gigogne...) s'amuse à semer les chausse-trappes et les digressions oiseuses, prétendant que c'est dans sa Nature.
Quelques bonnes feuilles, néanmoins, sur les nazis, la nature du mal ou la pédophilie, qui se méritent et se savourent au milieu de la loghorrée d'un Lucifer tout esbaubi d'être incarné dans la peau d'un romancier minable le temps d'un improbable pari sur sa rédemption.
Plus retors que le run de Mike Carey sur Hellblazer.
Irritant dans le bon sens du terme.

http://www.scifi-universe.com/critiques/6763/moi-lucifer-2011-le-diable-dans-la-peau