vendredi 13 février 2015

« hier ist kein warum » (ici il n’y pas de pourquoi)

Najat Vallaud-Belkacem :
« L’école est en première ligne aussi pour répondre à une autre question car même là où il n’y a pas eu d’incidents il y a eu de trop nombreux questionnements de la part des élèves, et nous avons tous entendu les “oui je soutiens Charlie, mais…”, Les deux poids deux mesures. Pourquoi défendre la liberté d’expression ici et pas là ? Ces questions nous sont insupportables, surtout lorsqu’on les entend à l’école qui est chargée de transmettre des valeurs. »

Réponse de Noëlle Cazenave-Liberman :

(...) « Les jeunes vous rappellent toujours à la question de la valeur des choses. Et ils le font de manière très créative. À cette étape de la vie, on est en mesure de créer. C’est très important d’entrer en contact avec cette capacité de conscience que les jeunes possèdent, car si elle n’est ni reconnue ni encouragée, elle tourne à la destruction. Il n’y a pas d’alternative. »
(...)
« L’enfant doit pouvoir penser qu’il a le droit d’être chez lui dans le monde. Autrement dit, qu’il a le droit de vivre. S’il en est incapable il tombe forcément dans un fonctionnement autiste. Son esprit ne peut plus fonctionner, son pourquoi est pris au piège et il perd alors son moi. S’il ne peut pas demander pourquoi, il n’a pas d’autres questions à poser, et il n’y a plus de réponses – le moi et le monde n’ont plus de sens. Autrement dit, ils n’ont pas de valeur. Les valeurs ne viennent au monde que lorsqu’on peut demander pourquoi. » 
(...)
« Notre “site” est l’univers, et c’est pourquoi nous demandons pourquoi. Les réponses que nous apportons à ces questions décident de notre degré d’humanité ou d’inhumanité. »

Digression en aparté de Blasphemator® :

« Je suis Charlie mêêêêê…. » dit le mouton de Belzébuth.

« Hier ist kein mais », répond Blasphemator® en l’enfourchant sans aber, peu soucieux de savoir si le pauvre animal a le don des langues.

Sur le même thème, mais dans un tout autre registre :

Alain Cugno : l'intelligible inintelligibilité du mal

Rien que la relativement intelligible inintelligibilité du titre de l'article me rend envieux, tant pis, mon plan B s'intitulera La plénitude de la Vacuité, je trouverai bien quelque chose à dire d'ici à ce que je trouve 5 minutes pour l'écrire.

Sinon j'enverrai Blasphemator® avec un mot d'excuse.


« Fiat Luxe ! » se serait exclamé le mouton de Belzébuth après la visite-éclair de Blasphémator® dans ses interiors.
Voulait-il dire par là qu’il allait s’acheter une petite italienne pas donnée mais confortable, parce qu’il aurait du mal à marcher en crabe pendant un certain temps ?
C’est ce que l’enquête, entre les mains de la Brigade Zoophile des Experts Rodez, devra déterminer.

jeudi 12 février 2015

BLASPHEMATOR, LE FLIM ! (2)

Résumé de l'épisode 1 :

Blasphemator® vient de découvrir que malgré son âge avancé, Hubert Reeves fait quand même preuve d'élégance et de discernement en ciselant des mots rudement polis pour dire que finalement, l’Homme est un Crétin Sanguinaire qui s’Auto-encule en se branlant totalement des conséquences éventuelles et pourtant inéluctables, mais que quand même, rien n'est perdu, car comme Hubert l'a dit par ailleurs, "par les yeux du petit garçon, l'univers prend conscience de lui-même..."

Blasphemator® trouve ça bien envoyé, dans le genre message fort au gouvernement.
Mais une question le turlupine :
Peut-on s’auto-enculer en se branlant ?
s’interroge notre Héros, qui ne craint pas d'affronter les problèmes de fond et de les remettre sans tabous au coeur du débat républicain à l'heure de la catharsis démocratique obligatoire dans les couloirs feutrés du Ministère du Blasphème, qui jouxtent par un heureux hasard et un tunnel hyper-secret ceux de la Kommandantur.


Où se faire rincer la dalle gratoche ce soir ?
Pen, Au kafé te la Mairie, parti !
(source image : le guide du Petit Chafouin, Belfort 1941)


Et certes, en voici une (question) d'un fort beau gabarit, pour tout dire semblable à celles qu'auraient pu poser un autre Hubert, le Félix-Thiéfaine de la bande, avant qu'il se contritionne à la tisane aux trois légumes, se borgne au politiquement correct, et se satisfasse de faire reprendre en choeur "Vive la Mort " à un public conquis d'avance, public peu soucieux lui aussi des conséquences de sa complaisance tiédasse au nihilisme.

Blasphemator® a récemment réécouté avec une oreille pleine d'émotion Alligators 427, qu'il a redécouvert avec les yeux émerveillés de l’enfant qui prend conscience de l'univers tout en prenant simultanément une bombe H sur le coin de la toiture avec son troisième oeil, Blasphemator® en a été tout ragaillardi aussi.

Mais quand même, observe notre ami, gens reprendre en choeur « Vive la mort », gens pas venir pleurer après si gens salement trucidés comme des porcs halal par enfants de 8 ans à leur sortie de détention préventive incompressible de 35 ans 1/2 pour avoir dit connerie blasphématoire au CéPé, tout ça parce que Manuel Valls vouloir terroriser les futurs terroristes jusque dans les cabinets de l'école primaire quand il n'y a plus de papier, stratégie sans doute plus payante pour se présenter en 2017 que Poutine quand se vanter  de buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes pour complaire à électorat conquis d'avance.

Poutine pas con, lui avoir prédit désillusion capitaliste avant tout le monde, même Emmanuel Todd bien niqué sur ce coup-là, mais Valls pas con non plus, Valls rafler la monnaie de sa pièce alors que Poutine devoir ensuite réparer les chiottes des Tchétchènes sans faire le malin à l'ONU, et puis celui que l’on surnomme déjà affectueusement «Vla-du-mir-pour-casser-la-vaisselle-sale-en-famille » devoir bientôt sortir balai à cabinets du  placard du Kremlin et Kanard Impérial WC en Ukraine aussi, ironise malicieusement Blasphemator® en réfléchissant l'obscurité à la vitesse des ténèbres, et c'est pour ça qu'il écrase de nombreux pronoms et verbes conjugués sur son passage, qui s'étaient imprudemment avancés sur le bas-côté des autoroutes de l'information pour le regarder passer en le hélant d'un salut jovial dans l'espoir de mettre un terme à leur souffrances pathétiques dues à un besoin compulsif de reconnaissance, mais à la vitesse à laquelle roule la mobylette quantique du Blasphemator®, ça risquait pas de se produire, même quantiquement.


Les Ukrainiens se hâtent de célébrer sans joie la fin programmée de la liberté d’expression, 
tant que l'affichage est encore autorisé.
En France, à la même heure, la mort subite du plus vieux nourrisson 
de la presse d’opinion blasphématoire
a rassemblé plus de 7 millions de badauds devant les kiosques.


« Ca être au pied du mur que voir le mieux le concours des lamentations »  conclut-il en cédant aux charmes surannés de l'auto-citation (ça être faux proverbe juif Blasphemator® tout content d'avoir inventrouvaillé ce matin) dans sa Ford intérieure, qu'il a troquée un peu plus tôt dans la matinée contre sa mobylette quantique, qui n'aurait pas passé le contrôle technique sans quelques tracasseries administratives. 

Ah oui vraiment, gens bien complaisants avec nihilisme coupable. A ce tarif-là, inutile de diaboliser Forces du Mal, gens faire le boulot tout seul comme des moutons de Belzébuth. En plus, pas nouvelles grandes chansons à se mettre dans les oreilles dans discographie récente Hubert-le-Félix. Gérer fonds de commerce sans poujadisme, mais sans génie. 
Ou alors Blasphemator® trop vieux pour écouter.
Peut-on s’auto-enculer en se branlant ?
Question toujours pas réglée, lui signale sobrement l'ordinateur de bord, abstinent d'antigel depuis peu.
Blasphemator® aurait bien aimé connaitre la réponse d'Hubert-Félix, mais il est temps de passer à l'action, et ces résidus de souvenirs intempestifs sonnent soudain comme une vieille plaisanterie qui n'aurait que trop duré.
L’Histoire et l’Institut médico-légal jugeront à l'autopsie, se répond-il tout de go.
Ca lui rappelle qu'il n'est pas vraiment là pour prolonger notre espérance de vie.
Alors il reprend sa route.

(à suivre)

P.S : Blasphemator® pas s’excuser avoir volé temps précieux aux Sages du Sud-Est et aux pas Sages du Nord-Ouest en racontant conneries défoulatoires frappées au coin du bon sens de la rue l’aventure.
Avantage être Blasphemator®, jamais s’excuser, taper l’incruste sur Internet et partir en s’essuyant dans les rideaux du salon avec rire dément en pensant femme vous dire vous passer trop de temps devant ordi rigoler comme imbécile. Enfin, Blasphemator espère. 
Blasphemator® bien tenté de s'excuser sur allusions lourdingues, scatologiques et pour tout dire un peu roboratives sur problématique auto-enculés, mais Blasphemator® avoir connu expériences traumatisantes et sans balises avant mutation en Blasphemator®, alors finalement rien regretter.
Et maintenant, Blasphemator® éteindre ordinateur d’un air dégagé d'avoir posé ça là et revenir plus tard, parce que Muse de Blasphemator® partie avec voisin, Blasphémator® un peu trop lent et besogneux dans l'écriture, parce que clavier Apple tout plat et touches trop petites pour gros doigts Blasphémator®.
Blasphémator® gros doigts parce que gros nez.
Pour parler franc, Blasphémator® un peu breton sur les bords.

P.S.2 : on me signale de toutes parts que le terme de « Mur des Lamentations » est introduit au xixe siècle par les mandataires britanniques, qui le traduisent de l'arabe il-Mabka
Ce terme est tombé en disgrâce dans les milieux juifs ainsi que dans les milieux arabes, qui le nomment El-Bourak, le nom de la monture de Mahomet lorsqu'il fit son voyage nocturne. En revanche il reste toujours très majoritairement utilisé en France et dans la chrétienté en général.
Aujourd'hui, l'usage des termes « Mur occidental » ou « Mur des Lamentations » ou « El-Bourak » est un enjeu de la guerre des mots dans le conflit israélo-palestinien.
Donc si je comprends bien, c'est les Occidentaux qui accusent les Juifs de se plaindre ? 
Ah ben bravo les mecs. On aura au moins appris quelque chose.

mercredi 11 février 2015

BLASPHEMATOR, LE FLIM ! (1)


L'affiche de le flim.

Scénario :

En 2015, des e-Cybernéticiens débarquent du futur à bord de la mobylette quantique du mollah borgne Homar’Eh’D.Quinoxh (dit Djihad-Djack-n’a-qu’un-oeil), celle-là même qui lui avait permis d’échapper à ses poursuivants après la pitoyable traque de la CIA en 2001, l'odyssée de mes spasmes.


Après avoir kidnappé le Veau d'Or des Païens Idolâtres, 
Omar s'enfuit au Boukistan sur sa mobylette quantique. 
(image AFP/Reuters)
« Si quelqu’un dit la vérité, donne-lui une mobylette,
il en aura besoin pour s’enfuir » (proverbe afghan)


La mobylette quantique avant 2001


La mobylette quantique post-2001 : 
customisée par Stephen Hawking dans son Garage Hermétique,
 elle voit ses performances grandement améliorées, 
surtout en côte et dans les trous de ver.

Les e-Cybernéticiens, rendus fous de douleur scientifiquement laïque par le massacre de Charlie Hebdo, garent la mobylette n'importe où, puis implantent dans la mémoire de silicium d’un Androïde de Classe Américaine l’intégralité des dessins publiés par Charb depuis la création de Charlie Hebdo, rien que pour voir ce que ça fait (et de fait, ça en fait quand même un sacré paquet.)
Cet afflux massif de données dans les hémisphères cérébelliqueux de l'androïde provoque la surchauffe et l’émergence d’un embryon de conscience politique dans les circuits déprimés du e-cerveau, qui se croit dès lors Investi d’une Mission Sacrée : bouter les Croyances hors de l’Homme, afin qu’Il cesse d’y être assujetti, trop souvent au détriment de son intelligence.
Cette intelligence qui ne saurait être nôtre : elle appartient à notre espèce. L'illusion du contraire nous est engendrée par sa spécificité, la Nature nous ayant dotés d'une conscience autonome.
Mais tout ça, notre nouvel ami n’en a rien à carrer :
Blasphemator® est né.
Sa seule arme : un gode acheté par internet sur le catalogue de la Déroute à Roubette
Le Blasphème.


Recevant le faire-part de naissance de Blasphemator dans sa boite mail, 
Hubert Reeves, un rien vénèr, tenta brièvement de surenchérir,
pour tirer lui aussi, et pas que à 7 millions d’exemplaires.
Manque de pot, n’est pas Blasphemator® qui veut.

(à suivre)

Inspiration & Re-sources :

- Pierre Dac - « La tyrolienne haineuse » (disques Poulidor)
- Stephen Hawking - « Y a-t-il un grand architecte dans l'univers ? 
Si oui, il n’est pas souvent au bureau. » (Editions Nallet-Boirunvert)
- Vincent Hardy "Ashe Barrett 1.0 (tu nous manques !), un précurseur enfumé du Blasphemator®.
- Francis "Allah" Masse pour son Encyclopédie 2.0
- Dieu, quel qu'il soit et où qu'il fut, pour ses effets psychotropes sur Maurice G. Dantec, tombé du côté obscur de la confiture.
- L'Odieux Connard, pour l'ensemble de son oeuvre. Bien qu'il s'en défende, Bassflemmator® a bien du mal à ne pas copier son style, calice de tabernack fucké dans le ciboire.
- Last but not forgotten on the list, ma Muse, astucieusement travestie sous les traits fourchus et cornus du démon de Charlie.

mardi 10 février 2015

Blasphemator® empêche tout le monde de dormir sur France 3

Mettre un frein à l'immobilisme : 

plus qu'un métier, une passion.

Je suis un peu bluffé qu'un rédacteur en chef de France 3 "national" ait été remplacé, suite à un manque de réactivité de l'édition de la mi-journée, juste après l'attaque contre Charlie Hebdo.

Régis Poullain va quitter son poste et sera amené à occuper d’autres fonctions au sein de la rédaction nationale, a indiqué Pascal Golomer, directeur délégué à l'information en charge des rédactions de France 2 et France 3.

Quand on connait un peu la boutique, on sait que quand un cadre commet une boulette, il est muté, voire promu, à un autre poste dans la maison.
C'est pas les placards dorés qui manquent.

Selon des sources anonymes, Régis Poullain va rejoindre l'équipe qui prépare actuellement une toute nouvelle émission (en collaboration avec Radio-Nostalgie et Toto Soldes) :
"La météo d'hier et d'avant-hier", qui permettra à la ménagère de plus de 75 ans de savoir comment elle aurait dû s'habiller la veille pour aller faire ses courses.
Blasphemator® en ricane d'avance.
D'ailleurs, pour l'instant c'est tout ce qu'il sait faire pour éviter de devenir un terroriste déprimé devant qui on peut brandir le spectre du Seroplex®.


Aujourd'hui, Blasphemator® est Emmanuel Guibert !
Mais en même temps, Blasphemator® trouve que les Japonais ont les génitoires bien ramollies !
Quand aux Anglais, la question se pose de savoir s'ils en ont jamais eues.
Celle de savoir si elles sont bien utiles à leurs propriétaires ne perd rien de sa brûlante acuité.
C'est pas ça qui va manquer le plus, bien au contraire, si je peux me fermettre.

lundi 9 février 2015

Les meilleures Blagues de Dieudonné, par Jo Dalton

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce recueil des meilleures saillies du pseudo-humoriste (qui a fait subir à l’Humour ce que Hitler a fait subir aux Juifs à Auschwitz, dont on célèbre ces jours-ci le 70eme anniversaire) n’est pas paru dans l’Almagnot Wermacht, mais dans Le Monde, dont je reproduis ci-dessous l’article dans son intégralité, au péril de mon blog.
Sans déconner, abonnez-vous, ça vaut le coup.
La preuve.

Les rebelles de la « secte Dieudonné »

LE MONDE | 27.12.2014 à  | Par Marion Van Renterghem

Jo Dalton s’appelle Jo Dalton parce que dans sa fratrie il est le plus petit, le plus teigneux et le plus intelligent. Il est champion et maître de taekwondo, le « karaté volant » dont il aime bien rappeler que c’est « le plus violent des arts martiaux ». Jo parle d’une voix grave et calme. Il a des traces de couteau et de balles sur le corps et a gardé d’une bagarre récente une bosse pointue au milieu du front, entre les deux yeux, sur l’un de ces points vitaux que lui et ses frères des quartiers ont appris à viser. Eux, les « combattants », les « guerriers », les « fauves », comme ils se désignent eux-mêmes.
Ce jeudi, il va à Grigny (Essonne) voir son copain Karim qui l’a prévenu : « Dieudonné te cherche des embrouilles. » Jo Dalton a assuré bénévolement pendant des années la sécurité du sulfureux humoriste. Il lui a maintenant déclaré la guerre. Ça chauffe dans « la dissidence », cette vaste nébuleuse « antisystème » agitée par Dieudonné dans ses shows au théâtre et sur Internet, par les écrits et vidéos de son compère idéologue antisémite Alain Soral sur son site Egalité & Réconciliation (E & R), et maintenant par le parti politique Réconciliation nationale que tous deux ont fondé ensemble. Un vent d’opposition commence à souffler de l’intérieur contre les gourous « Soral et Dieudo », acoquinés à l’extrême droite. « Ils nous ont contre eux, et ils flippent grave, dit Jo Dalton. Les banlieues sont leur fonds de commerce, et les banlieues, c’est nous. On fout un gros bordel. Leur système est en train de s’écrouler. »
Jo Dalton. 46 ans. Centrafricain. De son vrai nom Jérémie Maradas-Nado. Jérémie ou « Jéjé » pour les amis d’enfance. Il donne toujours rendez-vous à une porte de Paris. La capitale, ce monde de bourgeois protégé par le périphérique, se résume pour les bandes des quartiers à ses portes ou à son sous-sol – les stations de métro et de RER, le Forum des Halles. Les banlieues, leurs territoires, sont des numéros : « J’ai grandi à Grigny, dit Jo. J’ai fait le 77 à Nemours, le 93 à Saint-Denis, le 95 à Gonesse, beaucoup de 94. Là, je vis dans le 94. » Il a aussi « fait le 92 parce qu’il y avait des skins à Montrouge » : au temps de sa jeunesse et de la guerre des gangs, à la fin des années 1980, Jo Dalton jouait un rôle de leader dans les gangs « antifas » (antifascistes) spécialisés dans la « chasse aux skins » (les skinheads, d’extrême droite).
Son neveu Médéric et lui attendent porte d’Orléans, un bonnet de laine sur la tête, à l’avant d’une Citroën série 5 noire toutes options aux vitres teintées. On trace sur l’autoroute sans se parler, du rap à fond la caisse. En arrivant à la cité de la Grande Borne, à Grigny, Jo devient plus loquace. Le neveu, par respect, coupe le son. « Tu vois, j’ai grandi là. C’est une des cités les plus chaudes de France », dit-il. On gare la voiture dans une zone où trône le gymnase dit « du haricot ».
Karim Baron, c’est le colosse qui s’entraîne sur le ring avec « un petit » qui n’arrive pas à en placer une. « Le baron de Grigny » est une personnalité influente dans les quartiers à Grigny et alentours : médiateur, professeur de boxe, responsable de l’événementiel à la mairie, musulman pratiquant. Il descend pour « checker » avec Jo (la main droite avec la paume et puis avec le poing fermé).
« – Ça va Jéjé ?
– Ouais, ça va frérot. »
Karim et Jo sont des frères d’armes : ils ont produit du rap ensemble, été éducateurs ensemble, bossé dans des associations de banlieue ensemble, « fait les gangs » ensemble : Jo chez les Black Dragons, Karim chez les Félins. Evry, Grigny, Les Tarterêts, ils « chassaient les fachos ». Jo Dalton avait fédéré la majorité des gangs anti-skins : les Red Warriors, les Black Tigers, les Ducky Boys, les Félins… Dans ce vaste bestiaire poétique, Jo Dalton était le « chef de section kamikaze » chez les Black Dragons : la section la plus dure, consacrée aux « expéditions punitives ». On rit bêtement. Par politesse Jo rit aussi, toujours aussi lent et calme. « Ouais, tu vois, c’est pour ça qu’ils ont peur les Dieudo et compagnie. Ils savent ça. » Karim s’est mis à faire des pompes et parle en même temps. « Dieudonné et ses cerveaux, ils m’ont envoyé des gens pour me contacter et essayer de nous faire entrer en conflit avec Jo, raconte le boxeur. Ils m’ont dit “Ouais, qu’est-ce qui se passe avec Jo, c’est quoi son embrouille avec Dieudo sur le Net, t’es au courant que Jo, c’est un envoyé du sionisme, tout ça…” »


Une attente : la défense des droits des Noirs


Le « sionisme », dans la planète Dieudonné, est le gros mot qui s’utilise comme l’insulte suprême. Personne n’a l’air de savoir ce qu’il recoupe mais il sert de synonyme à : « le système », « les colonialistes », « les Américains », « certaines communautés privilégiées et soutenues par l’Amérique » ou carrément « les juifs »… Tout ce contre quoi la fameuse « quenelle » inventée par Dieudonné au début des années 2000, mixture gestuelle entre le salut hitlérien et le bras d’honneur, est devenue le signe de ralliement « pour rire ». Bref, poursuit Karim en continuant ses pompes sans compter, « ils ont essayé de discréditer Jo, de le salir. Sauf qu’ils n’ont pas compris que ça marche pas comme ça. Jo, tout le monde le connaît dans les quartiers. Grigny, Evry, Saint-Denis, Paris, on est tous en connexion. Les frères ils m’ont contacté, je leur ai expliqué : ils ont été embrouillés. Dieudonné nous a tous embrouillés, il monte les uns contre les autres, il crée des conflits comme les nations coloniales en Afrique. Il voudrait que les gens s’entre-tuent pendant que lui continue à faire son business vu qu’il est radin comme une pince. Mais s’il s’attaque à Jo, ça va plus marcher comme ça ».
Jo Dalton a assuré bénévolement la sécurité pendant des années de Dieudonné M’bala M’bala. Comme des millions d’autres, dans les quartiers, il a été impressionné par le théoricien blagueur de « l’antisystème » : un gloubiboulga rhétorique et ricanant mêlant la cause des Noirs et l’antisémitisme par le truchement de l’antisionisme, de la concurrence des mémoires et des parallélismes fallacieux entre la Shoah, le nazisme, l’esclavage, la colonisation, le sionisme. La théorie du complot et la haine des juifs qui tiendraient les rênes de la planète sont ses principales obsessions. Son ami essayiste antisémite Alain Soral est le grand horloger. Il était présent au mariage de Dieudonné, en 2012, dans sa somptueuse villa de Saint-Lubin-de-la-Haye (Eure-et-Loir), avec piscine intérieure chauffée. Jean-Marie Le Pen, parrain de sa troisième fille, n’est jamais loin.
De Dieudonné, Jo Dalton n’attendait qu’une chose : la défense du droit des Noirs. Son grand-père était tirailleur pendant la guerre de 1914, « un grand guerrier, décoré par la France ». Son père, plusieurs fois ministre en Centrafrique, a été sénateur français. Ses oncles ont combattu pour la France en Indochine. Lui-même est arrivé en France en 1981 à l’âge de 11 ans et demi, il a été cinq fois champion de France de taekwondo… et n’a pas eu la nationalité française. Il n’en veut plus. Jo Dalton, sportif de haut niveau, éducateur, manager d’artistes, producteur de rap et de musique urbaine, professeur de taekwondo et engagé dans la vie associative, renouvelle sa carte de séjour tous les dix ans. Déçu par Nicolas Sarkozy, maintenant déçu par François Hollande qu’il avait soutenu. « La France était le rêve de mes parents et le mien, raconte-t-il, et on s’est sentis trahis. Pour nous, les Noirs d’en bas, les choses n’ont pas évolué. » Voilà comment Jo Dalton s’est intéressé à E & R, le site d’Alain Soral, puis à Dieudonné. « Tu te retrouves asphyxié, t’arrives pas à respirer, personne ne t’écoute. C’est plus facile de faire entendre sa voix à E & R que dans Libé ou Le Monde. Tous les déchus du système se retrouvent là comme ça. Ils font plus d’Audimat que les autres. » Il écoute Dieudonné qui « a des problèmes avec le système, veut revendiquer sa négritude et se battre pour les Noirs ». Il décide de l’accompagner dans ce qu’il croit être sa « lutte ».
De 2006 à 2008, il assure sa sécurité. A la Main d’or, le petit théâtre parisien où Dieudonné se produit derrière la Bastille, au Zénith ou ailleurs. « J’ai servi. Je suis de la rue, je suis un soldat, je me suis occupé de sa sécurité. J’ai frappé des Noirs pour Dieudonné. Il pointait des gars et m’indiquait qu’ils étaient des traîtres, qu’ils travaillaient pour les Renseignements généraux ou je ne sais quoi. Je vais vers le gars, je lui parle gentiment : “On me dit que t’es un traître, il faut que tu t’éloignes un peu…” S’il insiste, je le neutralise. Je le fracasse, quoi. C’est le milieu des dissidents, des révoltés : on est frontaux. »
Jo Dalton s’est « fait avoir ». Les actions promises par Dieudonné pour les Noirs, il les attend toujours. Dieudo cherchait les financements pour produire un film qui dénonce la traite et le rétablissement de l’esclavage par Napoléon. Il a vendu des tee-shirts pour l’occasion, est allé voir Kadhafi en Libye et le président Ahmedinejad en Iran. Il a obtenu les fonds… et n’a pas fait de film.
L’antisémitisme de « Dieudo » ne gêne pas Jo outre mesure. Ni sa candidature sur la liste du parti antisioniste aux élections européennes de 2009, ni le fait que l’humoriste ait invité sur sa scène du Zénith le négationniste Robert Faurisson, fin 2008, pour lui remettre « le prix de l’infréquentabilité et de l’insolence ». En revanche, l’association officielle de Dieudonné avec Jean-Marie Le Pen est pour l’« antifa », ex-chasseur de skins, la goutte de trop. Dès 2006, Dieudonné se rapproche du Front national, se rendant à la fête du parti au Bourget avant de soutenir un candidat FN aux élections législatives. En 2008, il le prend pour parrain de sa fille. « Les skinheads et les mecs du GUD ont commencé à arriver autour de lui, note Jo. Ils viennent après le spectacle et s’installent avec Dieudo et Soral jusqu’à 2 heures du mat, quand le théâtre est fermé. »
La rupture se consomme quand Jo Dalton demande soudain à être payé pour ses services de protection épisodiques. Il va voir le gourou et lui dit : « Mon Etat (la Centrafrique) est en train de crever, j’ai besoin d’argent pour aider les jeunes, mon association sportive, tout ça. Le deal, il est simple : je ne suis pas ton copain, tes valeurs ne sont plus les miennes, alors, maintenant, tu me paies. » Selon Jo, ils s’entendent sur la somme de 5 000 euros. Dieudonné lui aurait dit de revenir chercher l’argent au théâtre avant le spectacle, le 17 octobre 2014. Quand il arrive, Jo est attendu par la police, qui le place en garde à vue : Dieudonné a porté plainte contre lui pour tentative d’extorsion de fonds. Mes Mirabeau et De Stefano, les avocats de Dieudonné, assurent avoir déposé la plainte. Me Benarrous, conseil de Jo Dalton, ne l’a toujours pas reçue. Jo Dalton est relâché au bout de vingt-quatre heures, faute d’infraction constatée.
La guerre est déclarée. Jo Dalton attaque Dieudonné par le seul biais qui puisse l’atteindre : Internet et sa notoriété dans les quartiers. Il diffuse des vidéos pour expliquer comment l’humoriste a trahi la cause noire qu’il prétendait défendre. « Les serpents comme Dieudonné et Soral sont là pour récupérer tous ceux qui sont à la porte, ils fouinent et exploitent les discriminations, la frustration des gens… » Il rappelle la cupidité de Dieudonné, chez qui la police a récupéré 670 000 euros en espèces alors qu’il avait fait des appels aux dons pour payer ses amendes judiciaires et qu’il n’a jamais versé 1 centime en faveur des déshérités qui l’émeuvent.


Les dérapages de Soral


L’effet boule de neige a commencé. A la suite de ses vidéos diffusées sur Internet, Jo Dalton a été contacté par une jeune mannequin noire, Binti Bangoura. Celle-ci lui explique, apeurée, avoir dialogué sur Internet avec Alain Soral, puis repoussé ses avances. L’essayiste a défoulé son humiliation par une série de mails et de SMS. Exemples : « Les Blancs prennent les Blacks pour des putes (ce qu’elles sont le plus souvent) ». « Ton destin c’est d’être une pute à juifs. » « Avec ton gros pif sémite (…), tes yeux globuleux et ta tête de vieux chef indien, la seule chose que tu as à vendre, c’est ton cul. (…) Au final il reste quoi ? Une blaquette à juifs et à pédés. »
Dans « la dissidence » où les Noirs croient leur cause défendue, cela fait désordre. Jo Dalton prend la défense de Binti Bangoura. Enregistre un clip vidéo sur son site « Les vrais savent ». Met en circulation sur le Net un des SMS et le selfie en pied d’Alain Soral, tout nu et le sexe fier, qu’il avait envoyé à Binti en prime. Les réseaux sociaux y vont bon train en sarcasmes.
Chez les fans de E & R, l’image de Soral prend un sacré coup. Même Kémi Séba, figure du radicalisme noir français, antisioniste réputé proche de l’essayiste, décroche. Ceux qui, écrit-il, « pleurent en découvrant en 2014 qu’Alain Soral a des préjugés négrophobes violents sont ceux qui ont dû découvrir en l’an 2000 que la Lune était un satellite de la Terre ». Il conclut : « Je ne peux plus me sentir concerné par la dissidence. » Cela vient au moment où d’anciens gardes du corps de Dieudonné, comme Joss et Jessy, se retournent contre l’humoriste. Les affaires d’argent se mêlent à la déception de découvrir l’utilisation cynique que fait l’humoriste de la cause noire. « Je suis entré en guerre contre Dieudo », dit Jessy.
Dieudonné continue son spectacle au Théâtre de la Main d’or, derrière la Bastille, comme si de rien n’était. Deux spectacles successifs en soirée, trois jours par semaine depuis six mois, et la salle de 200 places pleine à craquer. On y vend des places à 40 euros, des tee-shirts et autres babioles. Au bar du théâtre – le bien-nommé « Comptoir de la quenelle » –, on peut se nourrir d’une « assiette quenelle » ou d’un « sandwich hallal ». Rien de kasher, mais qui songerait à en demander ? L’artiste apparaît sur scène enchaîné dans un costume orange, celui des prisonniers de Guantanamo, et rugit. C’est « la bête immonde », mal-aimée et proscrite, qu’il adore être.
Les pulsions antisémites sont édulcorées depuis que le Conseil d’Etat a validé l’interdiction du Mur, le spectacle de Dieudonné prévu en début d’année au Zénith de Nantes. Elles persistent néanmoins, conservées avec soin, au maximum de ce que la loi permet. L’artiste, bête immonde, est aussi une bête de scène. « Le plus fort de nous tous », dit encore son ancien compagnon de sketch Elie Semoun, malgré leur rupture. Les spectateurs, jeunes et sans signe particulier, rient de tout à gorge déployée. A la fin, ils font patiemment la queue pour saluer la bête en vrai. Le gourou signe des autographes à la pelle, se fait prendre en selfie, fait des quenelles en veux-tu en voilà. Quand vient notre tour, c’est pour l’interviewer. Il semble contrarié. Son garde du corps le regarde, prêt à agir au moindre signe. « Bien sûr, je comprends que vous vouliez me parler », dit Dieudonné en fuyant aimablement toute question et… tiens ! justement, ça tombe bien, voilà ses deux avocats qui arrivent : Mes Sanjay Mirabeau et David De Stefano, eux-mêmes auteurs d’ Interdit de rire, un livre sur l’affaire Dieudonné et l’interdiction du spectacle par le gouvernement : « Un précédent inquiétant dans la jurisprudence française. »
Il ne faut s’adresser qu’à eux. Jo Dalton et les oppositions à Soral et Dieudonné au sein de « la dissidence » ? Ils rient : « Jo Dalton, c’est très secondaire pour notre client. » « Oui, c’est très secondaire », renchérit Dieudonné. Bien plus essentiel à leurs yeux est « le message de paix » que vient d’adresser Dieudonné au ministre de l’intérieur. Il s’agit d’une « proposition pour mettre un terme au conflit qui l’oppose à certains représentants de la communauté juive de France depuis plus de dix ans », indiquent les avocats. « La paix est difficile. Elle oblige à des efforts, à la reconnaissance d’erreurs de part et d’autre. C’est une démarche de confiance. Elle est risquée pour les deux parties. » Dieudonné demande un rendez-vous avec Bernard Cazeneuve. Lequel « ne répondra pas », nous indique-t-on place Beauvau.
Les vidéos de Dieudonné peuvent atteindre plus de 1,5 million de vues sur YouTube. Son théâtre est plein. Il s’apprête à entamer une tournée en France en commençant par Nantes, ville pour lui symbolique. Les livres d’Alain Soral se vendent à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. Jo Dalton leur oppose sa guerre par les réseaux : les Black Dragons, la rumeur des quartiers, les rappeurs de banlieue. Certaines de ses vidéos sont vues une centaine de milliers de fois, comme celles de Soral. Il reçoit déjà des menaces de mort des « dissidents » : « T’es un traître, on va te buter, nous les radicaux ! » Jo Dalton est rassuré : « C’est bon signe. »



Jo Dalton (au centre) : "Le vent de la rédemption souffle où il veut."
Quand tu veux tu m'envoies un coup de force 9, Joe !
_____________


Il manque bien évidemment la photo de la pute à Juifs pour donner un peu plus de corps à l'article, mais nos ingénieurs sont sur le coup.

dimanche 8 février 2015

Le démon de Charlie

Dimanche dernier, en démontant les décorations du sapin de Noël (et la petite crèche de santons qui va bien, enfin qui allait bien jusqu'à ce jour maudit) que nous avions déployées pour complaire aux coutumes locales en vogue dans ce pays civilisé et offrir à nos enfants un environnement familial structurant, à un moment donné j'ai dû faire une mauvaise manipe.
Faut dire que j'essayais de ranger ce petit bazar magico-religieux tout en passant l'aspirateur dans le salon et en surveillant le fil d'info à la télé, qui redonnait ses lettres de noblesse au journalisme de complaisance.
Bref, en un rien de temps, la petite Sainte Vierge d'argile s'est retrouvée entortillée dans la guirlande électrique, et à moitié coincée sous le support métallique du sapin.
Et je n'avais soudain plus assez de bras pour finaliser les taches entreprises simultanément, et pour tout dire à la va-vite, au mépris des sémaphores et de la ponctuation.
Focalisant alors mon attention sur l'incident logistique en cours, j'ai rapidement constaté que les dégâts étaient minimes, et que l'idole chrétienne s'en tirait avec quelques éraflures sur sa face de carême.
Songeant alors, en jetant un bref coup d'oeil à la télé restée allumée, qu'aux dernières nouvelles mes amis de 30 ans de Charlie que je n'ai jamais connu personnellement persistaient à rester morts, et depuis peu enterrés, et que leurs veuves devaient bien avoir les boules de se réveiller chaque matin dans un lit tout froid sans personne dedans, et pour longtemps, ce qui m'évoquait une justice divine à plusieurs vitesses, n'en déplaise à Sainte Taubira, un début de ressentiment s'empara de moi, et un voile rouge passa devant mes yeux.
En un éclair je visualisai le gros titre dans le journal du lendemain :
(je lis beaucoup de journaux depuis les évènements, et c'est pas ce que je fais de mieux)


Riposte sanglante au massacre qui a endeuillé le journal d'ultra-gauche :

Pris de folie laïque, un désespéré abat ses santons de Noël à coups de marteaux.


Heureusement, je me suis rappelé à temps la sourate apocryphe de l'Arabe dément Abdul Alhazred, qui nous dit que La colère est comme un feu qui s’élève (…) Ce feu semble nous remplir mais quand il retombe, il nous laisse plus vide (…) On absolutise les créatures (fascination), on oublie Dieu, et le résultat, c’est la colère, car la créature est vide en soi, même si, d’une certaine manière, Dieu ne réside pas en dehors d’elle. 
Alors, au lieu de concasser mes petites idoles en poussant des ricanements plaintifs et de renier cette foi que je n'ai jamais eue, et puisque j'ai accès aux super-pouvoirs de la pensée symbolique, dont je profite que j'ai le micro pour en remercier au passage mes éducateurs laïcs liés par le pacte républicain, j'ai créé Blasphémator®, qui fera le sale boulot à ma place.
Et laissez-moi vous dire qu'il a du pain sur la planche de surf sur internet.
Bon, en fait je l'ai créé avec un copain, mais il m'a vendu tous ses droits d'auteur sur son lit de mort.
On s'était mis d'accord pour en assumer la co-paternité, mais aucun de nous ne voulait faire la mère porteuse.
Blasphémator® nait donc de deux papas désireux de faire les malins sur Internet, prêts à faire semblant d'y mourir pour des idées qu'ils n'ont pas eues à temps et qui ne sont pas les leurs, mais il n'a pas de maman, ça a dû contribuer à forger son mauvais caractère.

Vous admettrez, faut quand même être sacrément désespéré pour flinguer des journalistes d’opinion.
Sous nos cieux, c'est impensable, c'est pour ça que je ne cesse d'y penser.
L'impensable, c'est donc la vraie maman hyper-secrète de Blasphemator®

« Aime, et oublie cette horreur » me susurre Saint Augustin.
« Ferme ton claque-merde, et aboule les cartouches !» lui répond Blasphémator®
Le Christ a dit « aime ton ennemi ». Il n’a pas dit « deviens comme lui ». (La sourate maudite, encore, et surnommée par les infidèles "La sourate à touille", car propre à faire déborder la sauce béchamel dans les courgettes des mécréants et autres non-violents quand la messe est dite et que l'huile d'olive vous monte au nez) (1)
Cet impensable massacre me rappelle cette définition du con, dénichée par feu ma mère dans la copie d’un de ses élèves :
« Un con, c’est quelqu’un qui ne pense pas comme moi. »
Et les cons, ça flingue.
C’est même à ça qu’on les reconnait.
C'est pourquoi j'accorde le bénéfice du doute à l'Odieux Connard et aux djihadistes, qui ont peut-être raison sur un point :
Parfois, qu'il est bon d'être mauvais.

Bref, j'ai bien peur d'être possédé du démon de Charlie.
Et essayez de trouver un exorciste qui opère sans rendez-vous.
Surtout en essayant de lui expliquer le caractère Sacré du Blasphème.



Inutile d'insister, je suis fâché.
Tu iras dormir au garage jusqu'à Décembre prochain.



P.S : j'avoue que j'ai un peu brodé : je n'ai pas de guirlande électrique.

[Edit] :
125 points de montage et raccords divers se sont dissimulés dans ce texte après publication, pour le rendre le plus proche possible de l’illisibilité perfecte, sans toutefois y parvenir tout à fait, mais nos ingénieurs sont sur le coup.
Sauras tu les retrouver ?
Ah c’est pas évident, je reconnais, surtout que c’est peut-être pas fini.
Je ne sais pas si le démon de Charlie bosse ce week-end.
Par contre, les photos n’ont pas été retouchées.
Toutefois, la probité intellectuelle me contraint à avouer que celle du réveillon de Blasphémator® avec la femme du Prophète a été réalisée avec flash, et que celle que Blasphemator® garde dans son portefeuille en cas de crise de foi est toute collante, ça a bien flingué mon scanner.

(1) La sourate maudite fut retrouvée dans la jarre qui contenait les manuscrits de ta mère morte, mieux connus sous le nom des parchemins de Djemal O’ Qumrân, mystique mésopotamien d’ascendance irlandaise, qui vécut une vie de patachon présocratique en Transjordanie mineure mais avec trois bémols. Ils furent exhumés près de la ziggourat de Babylone, et ce n’est que par un abus de langage et de boisson postérieurs, dûs en partie à la célébration posthume de leur contenu (riche en alcaloïdes métaphysiques) qu’on la rebaptisa la ziggourat à Touill, du nom du chef-lieu du canton situé à proximité, c'est à dire pas très loin. Comme quoi on peut rire de tout, mais ça ne sert pas à grand-chose.

Contributeurs raisonnablement anonymisés : Ta gueule Higgins, Iroquois 73

samedi 7 février 2015

Meilleurs voeux de prompt rétablissement

Riss : « Tout le monde n’est pas obligé d’aimer “Charlie” »

Propos recueillis par Alexandre Piquard

LE MONDE ECONOMIE Le 20.01.2015

Riss « va mieux », même s’il a encore le bras en écharpe à cause de la balle qui l’a blessé le 7 janvier dans l’attaque mortelle à Charlie Hebdo. A la veille de sortir de l’hôpital, le dessinateur raconte au Monde comment, depuis l’attentat, il a vécu les événements, entre son angoisse que des tueurs viennent « achever » les rescapés et le réconfort apporté par le soutien massif à Charlie Hebdo. Malgré les doutes et « l’hécatombe », il confie son envie de poursuivre le travail et de « réinventer le journal ». Directeur de la rédaction depuis 2009 aux côtés du directeur Charb (tous deux étaient aussi actionnaires principaux), Laurent Sourisseau, 48 ans, se dit prêt à « diriger le journal » mais pas « seul ». « C’est la dynamique collective qui donnera la direction », affirme-t-il. « Il faut transformer cette épreuve en quelque chose de créatif. Ce n’est pas évident », estime le dessinateur, qui dit aussi entendre les « voix dissonantes » autour de la mobilisation « Je suis Charlie ».
Quels sont vos souvenirs de l’attentat contre « Charlie Hebdo » ?
On était en conférence de rédaction. On discutait. Et puis on a entendu une première détonation, dont on n’a pas bien identifié l’origine. J’ai cru au début que c’était un radiateur qu’on venait d’installer et qui explosait… Et puis, deux autres coups et là, cela a fait très bizarre dans la salle de rédaction. Tout le monde s’est levé, d’un seul coup. Tout le monde a compris que ce n’était pas normal. Et à cet instant, la porte s’est ouverte, un type en noir a surgi avec une mitraillette. Il s’est retrouvé nez à nez avec Charb. Et là, j’ai vu que les autres autour de moi essayaient de regarder à droite et à gauche, peut-être pour trouver une porte de sortie. Ils étaient debout. Moi, je me suis jeté par terre, face contre terre. Et à partir de ce moment-là je n’ai plus entendu que des sons. Et les sons en question, c’étaient des coups de feu. Pas de cris, pas de hurlements. Juste des coups de feu.
Que s’est-il passé ensuite ?
Moi, j’ai fait le mort, si on peut dire. Le tueur qui était entré m’a tiré dessus un peu au juger. J’ai pris une balle dans l’épaule mais je pense qu’il s’est surtout attardé sur ceux qui étaient debout. Au bout d’un moment, l’un des tueurs a parlé à un autre, il lui disait « non, non, pas les femmes ». Ensuite, ils se sont approchés de Charb – qui était allongé à côté de moi, et ne bougeait pas, je pense qu’il a fait partie des premières victimes – et se sont attardés en disant : « Oui, c’est Charb, c’est bien lui. »
Ce qui était impressionnant, c’est qu’il y avait du silence. A part Nicolino, personne ne gémissait. Donc cela voulait dire que tous les autres étaient morts
Après, j’ai entendu des coups de feu mais dans la rue. J’ai compris qu’ils étaient sortis et que la fusillade se poursuivait dehors mais je continuais à ne pas bouger parce que je me demandais s’il n’y en avait pas un qui était encore là, peut-être à attendre de nous piéger, de voir qui était rescapé et de nous achever. Ce dont j’avais peur, c’était qu’on nous achève.
Puis j’ai commencé à entendre Fabrice Nicolino, un collaborateur, qui gémissait, puis une collaboratrice qui parlait, donc j’ai compris qu’il n’y avait plus personne de dangereux dans la pièce. Ce qui était impressionnant, c’est qu’il y avait du silence. A part Nicolino, personne ne gémissait. Donc cela voulait dire que tous les autres étaient morts. Ce qui foutait les boules, c’était le silence…
Vous avez été amené à l’hôpital, comment avez-vous depuis vécu les événements ?
Je les ai vécus à travers ce que les gens me racontaient, les proches, la famille, les gens du journal… J’ai toujours voulu qu’il y ait un petit décalage entre les événements et le moment ou j’allais en prendre connaissance.
Au début, j’étais assez angoissé à l’idée que les tueurs viennent à l’hôpital m’achever. Je me demandais s’il n’y avait pas une autre équipe en sommeil, chargée de chercher les rescapés. La première nuit, j’ai entendu une porte qui claquait et j’ai commencé à me demander s’il valait mieux me planquer dans les toilettes, quitte à révéler ma présence à cause du loquet fermé, ou dans le placard sans loquet, en misant sur le fait que les gars n’auraient peut-être pas l’idée de regarder dans le placard… Voilà le genre d’idées que j’avais à cette époque-là, donc les manifestations me semblaient un peu loin.
Vous êtes-vous demandé si vous pourriez redessiner ?
Oui. Dans les locaux de Charlie, avec les pompiers, je me disais « je ne ferai plus ce métier ». Car on ressent le rejet de plein fouet. On ne veut pas de vous. Alors on n’a qu’à disparaître.
Avec le recul, j’ai vu que des gens nous aimaient toujours. Mais c’est une vraie question. C’est pour cela qu’il nous faut réinventer le journal. Il faut transformer cette épreuve en quelque chose de créatif. Ce n’est pas évident. Au journal, certains ont du mal à dépasser cela. Moi-même, je ne sais pas si, une fois sorti de l’hôpital, j’arriverai à le faire. On va essayer, en tout cas. Ce qui plombe tout cela, c’est de penser à ceux qui sont morts. On y pense tout le temps. Tout ce qu’on va créer ensuite, même si ça peut être génial, ce sera toujours un peu entaché par le fait qu’ils ne sont plus là.
L’équipe de « Charlie » n’est-elle pas trop affaiblie, après la perte de Cabu, Wolinski, Charb ?… 
Malgré l’hécatombe, il y a toujours une équipe. Peut-être pas pour faire dans l’immédiat un journal de 16 pages, mais de 12… Après, il y a le problème du dessin, qui est capital pour l’identité de Charlie. Et là, on a vu disparaître des poids lourds et ce n’est pas demain la veille qu’on trouvera des gens aussi extraordinaires. Un jour peut-être, mais il y a presque une autre génération de dessinateurs à faire venir : peut-être est-ce à nous de former les dessinateurs de demain. Le dessin de presse, c’est un genre un peu marginal. Et un métier pas facile. Transmettre aux plus jeunes, c’était une obsession de Cabu, notamment quand il a vu arriver des gens comme Luz, Charb ou moi. Il a réussi. C’est à notre tour.
Quel est l’avenir concret du journal ?
Dans l’immédiat, le but est de reparaître. Il ne faut pas casser le fil rouge. Il faut que nous voyions avec l’équipe ce que nous voulons faire. Le prochain numéro ne paraîtra pas le 28 janvier mais dans les semaines à venir. A plus long terme, il faudra une refondation. Mais il faut la mûrir.
Comment voyez-vous votre rôle ?
La notion de direction à Charlie Hebdo, c’est très collectif. Je vais diriger le journal mais je ne vais pas le diriger seul : il y aura Gérard Biard, le rédacteur en chef, avec moi, et tout le monde. Moi, je suis là pour donner des orientations, pour trancher quand il y a des problèmes, pour motiver. Mais c’est la dynamique collective qui donnera la direction.
On disait qu’il y avait deux patrons à « Charlie », Charb et vous, l’un plus rond, l’autre plus dur. Pouvez-vous diriger seul ?
Il faut refaire des binômes. Je vais travailler avec Gérard Biard. Sinon, je suis dur, moi ? [Rires.] Cela me surprend de temps en temps d’entendre ça. Parfois, certaines choses me paraissent évidentes mais bon… Je peux me tromper.
Que pouvez-vous dire des dons reçus ?
On a reçu plein de dons [1,6 million d’euros, précise l’avocat Richard Malka]. On va demander l’aide de la Cour des comptes, pour les recevoir, les distribuer et les contrôler. Certains ont fait des dons pour les familles des victimes, d’autres pour le journal et d’autres pour « Je suis Charlie » – ce n’est pas une association mais nous sommes en contact avec Joachim Roncin [le journaliste et designer auteur du slogan] pour en faire quelque chose. Les recettes des ventes du numéro en cours vont, elles, à l’entreprise Charlie Hebdo.
Que pensez-vous des gens qui n’ont pas eu envie de dire « Je suis Charlie » ?
Vu l’énormité de la mobilisation, il fallait s’attendre à ce qu’il y ait des voix dissonantes. On a le droit de dire « Je ne suis pas Charlie ». La question est de le dire pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Si c’est pour défendre des terroristes, là j’ai du mal… Après, on est en démocratie. Tout le monde n’est pas obligé d’aimer Charlie.
Gérard Biard ou Richard Malka insistent sur le combat pour la laïcité…
Ils ont eu raison de rappeler que Charlie Hebdo a toujours été attaché au combat pour la laïcité, pour la distinction entre la religion, qui doit rester privée, et la chose publique. Il n’y a rien qui change de ce point de vue.
Charlie, on s’est retrouvé au centre de toutes les attentions sur la laïcité. En 1992, quand on a relancé le journal, on ne pensait pas que faire des dessins sur la religion nous emmeraient là où nous avons été emmenés. Nous nous intéressons aussi à l’écologie, l’économie, le cinéma, la culture… Charlie Hebdo a été fait le symbole du combat pour la laïcité à notre grande surprise. Pourquoi sommes-nous en première ligne ? Ca en dit long sur la société française. On aimerait que d’autres prennent le relais.
Faut-il que la laïcité devienne un combat central pour Charlie Hebdo ?
Charlie restera dans la même ligne. Au-delà, il ne faut pas cela devienne obsessionnel et nous empêche de penser à d’autres sujets.
Attendez-vous quelque chose des hommes politiques sur la laïcité ?
On est en droit d’attendre beaucoup d’eux : quand on voit les revendications des religions dans le monde, la laïcité est un vrai projet de société moderne, un sujet en or pour un homme politique.
On a beaucoup parlé du risque d’amalgame et de stigmatisation des populations musulmanes et maghrébines, qu’en pensez-vous ?

Au bout d’un moment, on va quand même finir par comprendre que tous les musulmans ne sont pas destinés à être terroristes. On peut être musulman dans une démocratie, ce n’est pas un problème. Seuls des esprits malhonnêtes font l’amalgame. Et on voit très bien d’où cela vient. Les terroristes n’ont rien à voir avec l’immense majorité des Français de confession musulmane.