samedi 20 janvier 2018

Dieu est un chargeur allume-cigares USB (7)

Résumé des chapitres précédents :
La chaudière et le chauffe-eau remarchent, mais je dois 40 euros à l'électricien.

7.

Mon électricien préféré réside dans une zone pavillonnaire de la riante commune de Basse-Goulaine, mégapole tentaculaire et glauquissime de la banlieue nantaise, pressentie un moment par Denis Villeneuve pour y tourner les extérieurs de Blade Runner 2049, et puis il a lâché l'affaire parce que c'était vraiment trop moche.
Comme une Gotham de Loire-Atlantique dont même Robert Batman aurait déménagé tellement il s'y sentait pas bien.

Concentrationnaire et blafarde,
Basse-Goulaine vous accueille toute l'année
pour vos séminaires, congrès, bar-mitzvahs.
Basse-Goulaine, dédale résidentiel sans aucun bâtiment qui puisse servir de point de repère pour y naviguer à l'estime, afin de m'acquitter de la dette contractée envers mon électricien en déposant 40 € dans sa boite aux lettres. Il faut donc me résoudre à allumer mon Gépéhèsse, cet instrument du Démon qui me fait abdiquer mon intelligence humaine, organique et analogique, devant la sienne, artificielle et siliconée (un peu comme les présentatrices météo des chaines de la TNT, mais en pire), qui décide à ma place d'improbables raccourcis et qui me ballade de bouchon imprévisible en déviation incontournable.

Ca tombe bien, d'un autre côté, ça fait un moment que je ne l'ai pas utilisé, mon Gépéhèsse, et je vais en avoir besoin en fin de semaine pour aller bosser à la station de télévision régionale d'Orléans, ce qui mènera subséquemment à la réouverture de mon blog pour cause de surmenage*, mais pour l'instant j'en ignore tout, dans mon ignorance crasse insouciante et bienheureuse.
Je m'assieds donc dans mon véhicule à combustible fossile, et force est de constater que l'embout qui alimente mon Tom-Tom en électricité par la prise allume-cigares est cassé, pour une raison indéterminée; négligence ou malveillance, c'est ce que l'enquête devra déterminer, comme on dit dans les stations de télévision régionale pour détendre l'atmosphère entre deux coups de bourre. Sans doute un débranchement un peu leste, ou alors le raccord USB/12v était intrinsèquement de constitution fragile.
Je ne peux plus aller payer ma dette à Basse-Goulaine, et encore moins travailler à la station de télévision régionale d'Orléans, dont les travailleurs de la station de télévision régionale de Bourges m'ont bien mis en garde contre le fait qu'elle était située à l'extrême périphérie de la ville, dans une zone encore plus dangereuse que Basse-Goulaine et qu'ils ont pudiquement désigné du terme de Charia-Land, ce qui dit bien ce que ça veut dire.
Ma vie est foutue.
Ou alors, comme je suis quand même reboosté par mes récentes victoires sur le Chaos de la chaudière incendiaire et du chauffe-eau récalcitrant, victoires dans lesquelles je ne suis pour rien à part le fait d’avoir ouvert mon coeur à de nouvelles expériences et ma porte et mon portefeuille à des techniciens compétents et attentifs à satisfaire mes demandes égotistes de bien-être thermique, il peut y avoir un plan B, je vais racheter un raccord USB pour alimenter mon Gépéhèsse, et ça tombe bien, il y a justement un magasin Feu Vert sur la route de Basse-Goulaine.
Aussitôt dit aussitôt fait, me voici déjà en un clin d’œil ellipsé par un fondu enchainé du plus bel effet au rayon robinetterie électronique du Feu Vert, par malchance assez mal achalandé en chargeurs allume-cigare USB pour GPS, à part des raccords à la con pour saloperies multimédia et autres objets connectés pour bagnoles qui ne conviennent absolument pas à mon Tom-Tom qui passe ici pour une relique héritée d’un autre âge puisqu’il est âgé de plus de cinq ans, mais par chance, en sympathisant avec le vendeur, j’obtiens l’info comme quoi le Leclerc Meubles juste à côté, qui fait aussi du Multimédia et des cuisines sur mesure, va pouvoir me dépanner.


Ce temple mythique du consumérisme apportera-t-il un remède à mes tourments multimédia ?
c'est ce que nous découvrirons en écrivant le prochain épisode.


(A suivre)
*Je dis ça pour faciliter la tâche à mes éventuels biographes de l'an 3000, car plus on fait des prévisions à long terme, moins on a de chances d'être détrompé de son vivant. 
A ceux qui doutent de la possibilité de souffrir de surmenage dans une station de télévision régionale, je rappelle que je cumulais ces vacations conjoncturelles avec un emploi à plein temps dans le privé. 


- La rédaction de cet article a été en partie financée
par des habitants de Saint-Sébastien-sur-Loire,
commune limitrophe de Basse-Goulaine
dont l'aménagement urbain n'est guère plus enviable,
mais l'herbe est toujours plus moche dans le champ de la voisine -

jeudi 18 janvier 2018

Dieu est un chargeur allume-cigares USB (6)

Résumé des chapitres précédents :
Une chaudière a pris feu chez un sinistre, désormais sinistré.
Heureusement, par la grâce des assurances multirisques habitation, tout finit par rentrer dans l'ordre, au bout d'un certain temps où le fond de l'air était quand même frais.

6.

Tout ? presque... suite au passage de la tornade blanche de la dépollution industrielle et ménagère dans nos locaux, la maison retrouve ses couleurs d'origine, mais le chauffe-eau électrique tombe en panne; certes, il a l'élégance de ne pas prendre feu, mais un dimanche matin, les femmes m'alertent, comme quoi que l'eau chaude est devenue tiédasse, et des femmes qui ne peuvent plus se laver le dimanche sont capable des pires extrémités. J'inspecte le réseau électrique, qui alterne les parties rénovées et d'autres plus anciennes. Un peu comme le réseau du métropolitain parisien, mais avec des tunnels moins pratiques d'accès.
Ca a l'air con comme une bite, un chauffe-eau.
Mais en fait, je connais des bites plus intelligentes.
Je ne parle évidemment pas de la mienne.
Et puis un chauffe-eau, c'est pas bien compliqué, c'est une grosse résistance électrique qui chauffe en heures creuses tandis que les honnêtes gens dorment et que les installateurs de compteur Linky rôdent dans les fourrés, mais pas de chance pour eux, c'est fermé de l'intérieur. Je retrouve la notice d'utilisation au sein de mes 14 volumes reliés pleine peau de factures et de garanties, je dévisse le capot de la bête, j'observe la diode aveugle du témoin d'alimentation qui en retour me scrute de son oeil mort, elle ne doit pas y voir grand chose elle non plus; je vérifie les plombs, j'excave un passage inédit derrière le meuble à chaussures pour suivre les fils, guetter une rupture, une défaillance, je suppute, je teste, je tente de pester contre les équipes de dépollution qui ont mis le bazar dans le bordel du rez-de-chaussée en nous obligeant à le ranger avant leur passage, mais rien de probant n'en ressort à mate-là.
Le lendemain matin, j'appelle mon électricien préféré, ça commence à sentir la femme pas lavée dans les couloirs, il me dit pouvoir passer mardi, je me débrouille pour m'octroyer la R.T.T. magique qui va bien, on refait le parcours du petit vérificateur ensemble à travers les diverses dépendances, buanderies et garages de la maison, à différents stades d'encombrement de linge de maison, de vaisselle, de vieilles collection de bandes dessinées, de jouets d'enfants.

Cet homme m'inspire une confiance totale, il a sauvé ma famille de la ruine un été où j'étais parti faire de la voile aux Baléares, et pendant ce temps toute l'installation électrique de la maison disjonctait à heure fixe sans raison apparente, il est parvenu à diagnostiquer par téléphone à ma femme de marin breton* perdu en mer entre Majorque et Minorque, avec un lumbago en plus, qu'il y avait un programmateur caché qui faisait sauter les plombs, et effectivement c'était ma pompe immergée dans le puisard reliée à un réseau goutte-à-goutte pour l'arrosage du jardin qui avait pris l'eau, et tous les soirs à 22 heures, au moment où l'arrosage devait entrer en action, boum, Black-out, couvre-feu, interruption des fonctins électriques dans toute la maison, terminado la rigolada, pas moyen de relancer le compteur, et elles n'avaient pu y penser toutes seules, les pauvrettes, alors que lui, ça lui était venu tout de go par la méthode hypothéco-déductive.
Mon électricien préféré possède un bagage de connaissances plus étendu et des outils un peu plus performants que les miens, moi qui n'ai jamais été très à l'aise avec l'électricité, et pourtant j'en consomme beaucoup, c'est peut-être pour ça, ça doit me gêner d'aller creuser là où ça fait mal.
Et puis il est équipé d'un testeur, ça aide aussi, surtout quand on sait quoi tester, et quel enseignement tirer de la mesure effectuée.
En trois coups de cuiller à pot, il a trouvé, en fait il ne sait pas vraiment d'où ça vient parce que rien qu'en tapotant ici et là et en dévissant-revissant quelques menues babioles nucléaires dans l'installation, le courant électrique revient dans le chauffe-eau. 
Alleluia. Je lui offre un café, je lui demande si ça va mieux que la dernière fois, où il devait partir installer 40 portails automatisés de temples bouddhistes dans le Sud de la France, et s'était aperçu trois jours avant le départ que son client maître d'ouvrage était un mauvais payeur, qui lui demandait d'avancer la marchandise, en plus.
De tout décommander au dernier moment, ça lui avait fait un sacré trou dans le planning, à défaut d'en faire un dans son portefeuille, ou pire.
D'ailleurs, pour mon dépannage il me demande 40 euros au black, c'est la poisse je n'ai plus de liquide, je promets de passer les lui déposer dans sa boite aux lettres dans la semaine.
J'ai une maison neuve, les filles ont de l'eau chaude, je suis à nouveau le roi du Monde.

* Traditionnellement, le marin breton est en mer dès le matin, et le soir par sa femme. Heureusement, à Minorque y'avait pas de réseau.

(A suivre)

mercredi 17 janvier 2018

Le dernier San Pellegrino (4)

Le premier disque de San Pellegrino
résumé de l'épisode 1 :
(les pizods 2 et 3 sont des rumeurs infondées échappées d'un esprit malade)
Stéphane Sansévérino, alias Sanseverino, a.k.a San Pellegrino, avait fait des débuts prometteurs au music-hall, avec des chansons qui manifestaient dans le calme et la dignité le traitement enjoué et novateur de thèmes inattendus, tout en envoyant un message fort au gouvernement, je songe par exemple à ces vers assassins : 

" Est-ce que tu crois qu'il est facile / de s'occuper de sa famille?
Trouver à fifils un logement / un emploi au gouvernement
On n'a pas l'temps d's'occuper d'ça / quand on s'endort sur les bancs du Sénat."
(pas plus de trois vers, sinon bonjour les deux gars, car on se met à voir Affleflou) 

2.

Pour son premier opus sous son nom d'emprunt, puisqu'il jouait auparavant au sein d'un groupe intitulé les Voleurs de Poules et qu'il voulait éviter les mises en examen, l'audiophile amateur de chanson française était à la fête, et San Pellegrino reçut le prix de l'académie Charles Croc, et ça pour un voleur de poules qui n'auront jamais de dents, c'est cadeau.
Dans l'enthousiasme généralisé tant son énergie était communicative, on s'était surpris à imaginer ses positions d'accords manouche hyper-secrets sur le manche de sa guitare nucléaire, à révasser qu'on allait reprendre soi-même l'instrument et se lancer dans des covers délirantes de "Frida", "les films de guerre", "les embouteillages"... et San Pe avait le chic pour faire des reprises inespérées et surprenantes issues du patrimoine francophone, de François Béranger, Reggiani, Thiéfaine... mais dès le second album, on avait dû déchanter. 
Plein de disques de San Pellegrino
que j'ai trouvés pas terribles

Un peu comme avec Matrix : le 2 faisait regretter le 1, et le 3 faisait regretter le 2.
Pour San Pellegrino, j'ai pas compté, mais depuis quinze ans qu'il écume les studios et les salles de spectacle, on en est rendu à beaucoup des ralboms, live et studio, et là encore, le dernier rendate, non, désolé, c'est encore de la flotte, et pleine de bulles pour faire diversion blindée.
Comme à chacune de nos brèves retrouvailles, je ne m'attendais à rien, et je suis quand même déçu.

Bien sûr, nous avons droit à une ode sympa aux fesses de sa copine, au récit laborieux mais speedé de son non-départ au Québec pour aider les victimes de l'ouragan Katrina, sur un fond entrainant de musique cajun vraiment réussi, car le bonhomme a toujours le chic pour s'entourer des meilleurs musicos de la place, une reprise folkeuse et farfelue du "Mesrine" de Trust, mais quasiment pas l'ombre d'une vraie chanson qu'on commence à voir.


La vérité avant-dernière.

Ah ça, pour envoyer des rafales de phrases en mode kalachnikov sur l'air du temps qui n'est plus ce qu'il était, il est là. Il se la pête (c'est d'ailleurs le titre d'une de ses chansons) encore plus que moi, et il n'en fait pas mystère, mais si s'affranchir de ses défauts en s'en réclamant, ça peut marcher un temps sur un blog hyper-secret, mais sur un 33 Tours microsillon, ça le fait moyen, je trouve, surtout quand il l'a déjà fait sur l'antépénultième, et l'anté-antépénultième,et puis celui d'avant...

Quand il suscite enfin l'émotion vraie, c'est en fin de parcours de son dernier 33 Tours microsillon, en réhabilitant la mémoire télévisuelle du jeune téléspectateur que nous fûmes trop longtemps, par stimulation de sa mémoire musicale : dès les premières mesures, on sent la bébête qui monte... c'était quoi ce truc ? 
Aah oui, c'était ça.
mais il est bien tard, les invités sont repartis et la fête, elle est comme le disque de San Pellegrino, elle est finie.
Et ce n'est jamais que de l'incontinence émotionnelle de jeune téléspectateur qui l'est resté trop longtemps.
Du coup, on s'intéresse un peu à la version originale, on découvre qu'il y avait un second couplet, occulté dans la version "générique de Chéri-bibi" et que San Pellegrino n'a pas choisi de réhabiliter dans sa reprise.



Et cette intrigante Marianne Mille, sortie de nulle part pour y retourner au plus vite, qui avait trouvé son Pygmalion, son Serge Prisset, que lui est-il arrivé pour qu'on n'en ait aucun souvenir, et surtout pour que "après un dernier spectacle acoustique au Théâtre de Dix Heures" en 98, elle se retire de la vie publique pour vivre dans un ashram" ?
De manière générale, il faut se méfier des gens qui font des expériences hors des chemins balisés par les maitres, en s'envoyant de la kundalini dans les chakras comme si la vodka c'était de la flotte, ils pètent les plombs et après, leurs disques y sont beaucoup moins réussis que quand ils ont dû bosser pour arriver au top.

Tous ces chanteurs vénérés pour leur gloire et leur saveur d'antan, qui semblent vidés de leur substance par des aliens qui auraient vu l'Invasion des profanateurs de sépultures, Fersen, San Pellegrino, Higelin, Arno, est-ce que ça ne serait pas un complot Hadopi pour nous faire racheter des vieux disques qu'on ne trouve plus sur internet ?

Il parait que sur scène, San Pellegrino il enterre Higelin et Halliday, ses glorieux ancêtres.
Pour Halliday, c’est de saison, mais quand même, c’est pas très sympa pour Higelin.
Et la volubilité, la fluidité langagière de San Pe flirtent souvent avec la duplicité du baratin du bonimenteur prompt à vous refourguer du linge de maison que vous avez déjà au marché d'été de Perros-Guirec, et entretient des rapports tantôt distants tantôt connivents avec la mythomanie.
Dans "la ballade du mois d'aout 75", une vieille chanson qui ne nous rajeunit pas de Charlélie Couture qui ne rajeunit pas non plus, autre chanteur vidé de sa substance par les aliens après l'acmé de "Poemes Rock" sorti en 81, à un moment il éructe comme s'il était possédé du démon du Toast, "mais y'à guère qu'un (...) seul conteur pour cent mille baratineurs" sans se douter qu'en se vantant de faire partie des premiers il vient de basculer dans les seconds. 
Alors on peut se lamenter sans fin sur la perte de substance dans la carrière discographique de San Pellegrino, sangloter secrètement sur la gloire passée de Marianne Mille, puis se finir à la main sur Charlélie Couture racontant la genèse de "La ballade du mois d'août 75", parangon de toutes les nostalgies offert gracieusement par le Figaro Tv.

Le tout est de rester dans les clous pour ne pas se faire happer par le tramway nommé désir quand il nous passe sous le nez, bourré de jeunes qui n'en veulent.
Au fond, San Pellegrino, avec sa musique à l'huile mais ses textes à l'eau, il nous fout face à nos responsabilités, en nous posant la seule question métaphysique qui vaille, et que l'Univers ne cesse de nous chuchoter à chaque seconde :
- Qu'est ce que je prends ?
et sa corollaire :
- Qu'est-ce que je donne ?  

lundi 15 janvier 2018

Dieu est un chargeur allume-cigares USB (5)

Résumé des chapitres précédents :
Il y a longtemps que j'aurais dû réparer ma chaudière avec la méthode "Kitchen Gun" suggérée par mon fils, que je salue vigoureusement au passage, parce qu'il passe assez peu souvent nous voir depuis que j'ai fait mon coming-out bipolaire.



Mais non, je lambine je temporise, je trainaille, je laisse faire les experts de tous poils, et même sans.
Les épisodes précédents ont conduit notre héros à s'interroger :
Si je suis un indécrottable auto-addicté, Dieu ne serait-il pas lui-même un tout petit peu accro à la Toute-Puissance et à Son Amour Infini ? 
Je n'en veux pour preuve que les infimes bribes qu'il nous en rétrocède quand les chaudières brûlent et que les experts ricanent sinistrement devant les dégats.

5.

Mais tandis que nous persistons à nous les cailler à la chaleur déclinante des convecteurs maigrelets, les assureurs assurent, et les coupables sont en bonne voie d'être chatiés chatouillés, à tel point que Mr Legouffre en rigole encore, son assureur un peu moins, en tout cas la Science avance et les Ennemis de la Jouissance du Propriétaire Terrien reculent jusqu'à les arbres, et au bout d’un certain temps un devis de rénovation est émis et reçu, et tout est pris en charge par la MACIF, y’en a quand même pour plus de 4000 boules, entre la dépollution du bâtiment et celle du mobilier.
Le jour arrive où Nettoyage et Décontamination des parties immobilières et du mobilier souillés par la suie au rdc et l'étage de l'habitation de Mr et Mme Warsen (chiffrage sur la base du devis rectifié établis par la Sté XXX, prestatataire spécialisé) sont enfin au rendez-vous. 
Ca dure quelques jours, ils débarquent chaque matin avec des éponges magiques et plusieurs palettes d’essuie-tout, se livrent à différents rituels magico-religieux pendant qu’on est au travail, s’ils sacrifient des poulets ils ont dû amener les leurs parce que les nôtres sont indemnes (j’écris ceci plusieurs semaines après et je viens d’enterrer une de mes poules après une longue maladie, la Noiraude, ma préférée parce que c'était la seule qui se laissait tripoter, c’est pour ça que j’en parle ici, et puis je l'ai pas vraiment enterrée, plutôt lancée dans un impénétrable taillis pour qu'elle nourrisse les créatures qui peuplent le petit bois derrière chez moi) et quand on rentre le soir, la maison a changé de couleur, c’est indubitable, la tarte meringuée est ravivée sur la tapisserie peinte à la main par Matt Brilland, une lueur d’espoir palpite dans l’œil de ma femme et l’autre s’allume aussi après une période de préchauffage, c’est beau une femme qui brille la nuit.
Du coup, on rappelle Mr Legouffre pour remettre la chaudière en état, rénover le conduit d'évacuation des fumées, tout ça, et en une semaine la machinerie est repartie à produire ses effets de bien-être, le confort moderne reprend ses droits, les radiateurs électriques sont relégués au rang d'antiquités issues d'un passé révolu et remisés dans le placard ad hoc, et on se dit que pour une fois, l'Univers nous donne un petit coup de main. C'est si rare. 
D'habitude on a l'impression de sentir ses grands coups de pied à lui dans son petit cul à soi.
Même si on ne rentre plus dans un 38, ni même un 42.
C'est une façon de parler.
Et c'est à ce moment-là que le chauffe-eau tombe en panne.
Et qu'on repense  avec une pointe de nostalgie aux avantages de la Toilet Grenade.



(a suivre)

samedi 13 janvier 2018

Les supermarchés de l'hypertélie (10)

Résumé des chapitres précédents : 
Nous voici déjà parvenus au bout de cet interminable tour d'horizon imaginaire et partial des cas de figure dans lesquels l'auteur a cru voir un excès de ceci ou de cela, prétendant y déceler le trait commun de moyens qui ont dépassé leurs fins.

Ne quittons pas cette île de rêve sans jeter un dernier regard sur les hypertélies artistiques, arbitrairement rangées dans le sous-genre des publicitaires. 
L'Art était autrefois au service de la Religion, et ce n'est que depuis la loi de 1905 qu'il a dû se mettre en quête de nouveaux sponsors.

6/Hypertélies publicitaires
c) Hypertélies artistiques




Moi aussi, je suis esclave de Philip K. Dick,
mais je fous pas le bazar
dans mon bureau pour autant.
"I'm slave to my Dick" : telle est l'énigmatique inscription laissée par Philip K. Dick après avoir radicalement transformé son bureau en pièce de musée d'art post-moderne déconstructiviste, prétendant que c'était l'oeuvre de sa femme de ménage possédée par le démon du FBI. Toute l'oeuvre de Dick tourne autour du pot hypertélique, qu'il appelle dans son jargon "la méthode paranoïaque-critique", feignant d'ignorer que le terme avait été forgé par Salvador Dali, autre grand hypertéleur du monde interlope de l'art contemporain. 
Il a prophétisé la soumission du gouvernement Macron aux chefs d’entreprises tentaculaires quasi-monopolistiques, il a vu par avance que les portes überisées de son appartement de location lui demanderaient 50 cents pour s'ouvrir,  il a pressenti à quel point son œuvre allait devenir mythique bien au-delà de sa pitoyable existence terrestre, il a compris qu'il deviendrait auto-addict à ses dangereuses visions, il a su nous offrir, à partir de cette confusion métaphysique multiple et contradictoire en soi, une clarté authentique qui nous illumine au niveau le plus profond de notre vie spirituelle. Le seul truc qu'il n'a pas prévu, finalement, c'est qu'il allait devoir ranger son bureau tout seul, après la démission de sa femme de ménage.














Cette bande dessinée hypertélique de Daniel Goossens assure la jonction parfaite entre l'art et la publicité.



Street Art I :
la première réponse qui me vient c'est "des nains culés" ?
mais je peux me trumpiner.


Street Art II :
c'est pas mal, parce que c'est de l'hypertélique sobre.
Ca repose un peu.


Street Art III :
Ca redevient flashy, mais pour dénoncer quoi ?
Aids-Toi, le Ciel t'aidsera  ?
L'art moderne me rend réactionnaire.



Les comics, c'est aussi de l'art.
Contre l'überisation de la société de consommation,
Avatar Press invente le coup de poing virtuel 
dans la gueule à Hitler.
Ca ne changera peut-être pas 
le cours de la seconde guerre mondiale, 
mais qu'est-ce que ça détend !



A la suite de la rédaction laborieuse de cet article une fois de plus interminable, mais c'est dû à sa vocation encyclopédique, je reviens au Réel, à l'aide de concepts simples et basiques.
Si tout le monde pouvait en faire autant, je serais ravi.
Amuse-toi à détecter l'hypertélie dans la vie quotidienne, et pose-toi la question : 
Qu'en aurait fait Warsen ?


------   générique de FIN   -----------

Remerciements :
le pilulier du catalogue SHOPIX


vendredi 12 janvier 2018

Les supermarchés de l'hypertélie (9)

Résumé des chapitres précédents : 
Nouvellement acquis aux thèses déclinistes les plus à la mode chez les collapsologues, John Warsen tente de hâter l'effondrement de la civilisation pour aider avec les moyens du bord l'émergence de la suivante.
S'agirait pas de lambiner et de rater le prochain rendez-vous avec nous-même, une fois que Shiva-Dyonisos aura fait le sale boulot.

6/Hypertélies publicitaires

a) les supports de promotion audiovisuelle.
- déjà traité la semaine dernière -

b) Internet : proxys et proxos

Les hypertélies promotionnelles virtuelles, ce sont les plus évidentes.
Sur Internet, y'a qu'à se baisser pour en ramasser.
Pas trop bas, quand même.


Un très joli bandeau web trouvé sur un site nippon un peu chelou.
Très reposant pour l'oeil.




Quand Daech s'inspire des codes publicitaires de l'agro-alimentaire
pour ses cartes de voeux, on touche aux limites du système. 


Un bloqueur de publicité
qui refuse de se bloquer avant qu'on le débloque,
sinon ça bloque un autre truc, 
mais je n'ai pas encore compris si c'était nocif.
L'avertissement est pourtant assez clair,
hypertéliquement parlant.

Donald essaye de singer Jean-Marc le Sage
pour faire remonter sa côte

après avoir traité des pays de merde
de pays de merde.
Est-ce que ça va prendre ?

Malheureusement, c'est que de la com'.

Quand on surligne tout,
ça devient assez peu lisible.
Le webmestre de francetv 
est-il le seul à s'en moquer ?




Si vous avez l'esprit aussi affûté que moi, je suis sûr que vous avez cru lire "Bitcons" à la place de "Bitcoins", auquel cas
1/ vous n'avez pas vraiment besoin qu'on vous explique ce que c'est
2/ vous n'avez pas vraiment envie d'investir dans une monnaie aussi fluctuante, surtout si vous n'êtes plus très loin de l'andropause
3/ il est peut-être temps de songer à consulter un spécialiste de la vision nocturne pour pouvoir continuer à déchiffrer des pourriels la nuit.







Après le sexe sans amour et le cassoulet light, les publicitaires inventent le sel sans sodium.
J'avais pas fait gaffe en l'achetant, c'est quand il m'a fallu vider la boite entière dans mon bol de soupe pour y trouver du goût que j'ai mieux regardé l'étiquette.
Les bâtards. 














L'antiseptique qui ne pique pas. 
Pour les tafioles qui veulent guérir moins vite, mais en ayant moins mal. 
Si Jésus était recrucifié, on lui flanquerait une couronne d'épines qui ne pique pas non plus. 
Autant pour les sceptiques, ainsi que les anti.





Marshall Mac Luhan modélisait le médium nouveau comme ne faisant qu’un avec le message, mais nous sommes passés à une nouvelle ère : grâce aux réseaux sociaux, le « quart d’heure de gloire » s’est transformé en permanence de la mise en scène de chacun, à l'aide d'une bonne perche à selfies en vente sur ce site. Ce nouveau narcissisme conduit à un constat : aujourd’hui, ce sont le messager et le message qui ne font qu’un. Derrière cette liberté apparente se dissimulent les nouveaux outils de contrôle inventés chaque jour par les ingénieurs travaillant sur les algorithmes, introduisant la prédiction de nos comportements comme le nouvel eldorado du marketing.
En ces temps de narcissisme autoconsumériste, ce meug pour pédophiles qui ne font q'un ravira petits et grands.



Le composteur en kit "Ker Main Kampf", acheté à Bakou (capitale de l'Azerbaïdjan) sur Internet et soi-disant constitué de parpaings à base d'anciens nazis recyclés dans une filière éco-responsable, ne correspond pas du tout à la photo que j'ai vue sur le site et qui a motivé mon achat.
En plus je m'aperçois qu'une immigrante clandestine de couleur (noire) s'est glissée dans le colis, et pique un petit roupillon sur MON tas de fumier à moi que j'ai.
Je vais écrire à 60 millions de cochons mateurs, ils vont m'entendre. 




Pour son dernier roman, Maxime Chattam, auteur honnête et un peu volubile, un peu le James Ellroy français si Ellroy était une tafiole catho qui lise l'Express, voulait quelque chose de tout simple en termes d'identité graphique.




Mais la maison d'édition en a décidé autrement, voulant mettre le paquet sur une promo choc, et rafler la mise au passage. 
Entre les mains sales des gars du marketing littéraire, ce récit haletant d’une rédemption de l’objet fascinatoire devient alors un vulgaire paquet de lessive, faisant basculer en quelques clics le roman auto-fictionnel d’un dévouement désintéressé à un narcissisme écœurant.
Le résultat est affligeant de mièvrerie, pour la plus grande joie de son éditeur, et de sa maman. 













Pire encore, si c'est possible : 
comme l'écrivain finlandais Arto Paasilinna se taillait un joli succès d'estime avec de petits romans abscons que les gens achetaient à tire-larigot, séduits par leurs titres farfelus puis les laissaient moisir dans un coin sans jamais les ouvrir, les Chinois ont inondé le marché de grossières contrefaçons (ci-dessous).






















Si on ne fait pas gaffe au nom d'éditeur honteusement pipeauté, on ouvre le bouquin, et là on se retrouve avec l'annuaire des habitants de Shanghai écrit en tout petit, et en mandarin en plus.
Merci Internet.







Pour faire vendre d'odieux tisheurtes, les gars du marketing, encore eux, n'hésitent pas à tronquer et détourner le message d'amour de Jésus.
La citation exacte, c'est que le Christ a dit « aime ton ennemi ». 
Il n’a pas dit « deviens comme lui ».
Si j'étais ado, ce tisheurte exercerait une certaine fascination sur moi, et je pourrais tomber sous son emprise, surtout en le portant 3 mois d'affilée sans le laver.
Heureusement, j'ai maintenant atteint un âge canonique ta mère, et je me souviens de ceci :
Adorer l’apparence à la place de l’absolu est une erreur, mais croire que l’absolu réside en-dehors de l’apparence est aussi une erreur. Je crois que la rédemption de l’objet fascinatoire consiste à voir de quelle manière on peut retrouver Dieu à travers lui. Si on ne le peut pas et s’il y a un refus de se tourner vers Dieu, une préférence pour l’objet, on à une idée du gouffre dans lequel on est tombé, et on peut déjà prévoir que l’événement sera énergétiquement néfaste."


D'ailleurs je viens de rencontrer une jeune femme africaine sur un site de rencontres spécialisé, et je crois bien qu'on est nés pour s'entendre, mais ne nous emballons pas.




Ben, personnellement, quand j'arrêterai de fumer, je commencerai par arrêter de fumer. Dans une autre publicité pour Niquorette, j'ai trouvé ce slogan, sans doute signé du même gars du marketing : "chaque cigarette non-fumée compte." Je comprends qu'avec toutes ces cigarettes non-fumées que je non-fume à longueur de journée, je me tape de si douloureuses quintes de non-toux en fin de soirée. Elles sont heureusement compensées par les effroyables quintes de toux dues au fumage de vraies cigarettes. La France respire. Mal, mais elle respire. Et c'est pas grâce aux gars du marketing et leur non-intelligence.


déjà le sexe normal ça me terrifie, 
alors l'Ultra-sex, je préfère pas savoir.
Ce qui est certain, 
c’est que baver sur la vitrine 
devant des trucs qu’on pourra jamais avoir, 
ça rend fou.