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vendredi 22 septembre 2023

Reprenez donc des truffes magiques, qu'y disaient (2)

Résumé des épisodes précédents : 
c'est la suite de mes errements soi-disant psychédéliques.
Pour l'instant, c'est pas encore ça.

expérience du 9 aout 2023

10h00

8 g de TRUFFES MAGIQUES Atlantis, fraiches. En tout cas fraichement reçues par la Poste, et envoyées à titre gracieux par le fournisseur après ma plainte pour absence d'effets de l'envoi précédent.

ah ça, pour booster notre créativité, on est là.
11h
J’écoute Steve Roach, dont je me rappelle avoir rêvé cette nuit, il sortait un douze millième disque live et recevait enfin la consécration attendue. A ce titre, il me remerciait des 200 albums de lui chroniqués sur mon blog.
Jusqu'où va se nicher le besoin de reconnaissance ! (je parle pour moi, pas pour lui : les propos qu'il tient dans mes rêves pourraient passer pour vraisemblables uniquement si j'allais aussi les tenir dans les siens, et on n'en est pas là)


11h12

Une idée de film me vient : les femmes nous ont quittées, elles ont déserté la planète, aussi vite que les dauphins au début de H2G2 : Le Guide du voyageur galactique, car sentant la fin de l’espèce humaine et l'extinction du reste du vivant advenir, elles refusent de participer au suicide collectif/holocauste global perpétré par les mâles dont le spectacle nous enivre, tout en nous tirant un douloureux rictus de complaisance, de plus en plus crispé au fur et à mesure que les catastrophes s'empilent les unes sur les autres. Pour nous souvenir d’elles, (les femmes, pas les catastrophes) il ne nous reste désormais que les films porno, qui en restituent une mémoire plutôt parcellaire et édulcorée, car on ne les y voit que rarement de mauvaise humeur, alors que dans le Réel, comment dire. Bref. Dans mon scénario, ça nous fait quand même l’effet que font les films de forêt avec Bambi dedans à Edward G. Robinson quand il va se faire euthanasier à la fin de Soleil Vert, et l'ambiance psychédélique se teinte d'une inconsolable nostalgie presque aussi triste que la disparition des femmes en elle-même. C’est moche, hein ? je dois penser ça parce que les femmes de la maison sont parties en Corée depuis 3 semaines, et que ça fait longtemps que j’ai pas été en solo.


De la guedro, j'en ai tellement pris en juillet, que le jour de la rentrée je vois mon vélo qui se gondole.
Une fois déraidi, je m'ai rendu compte qu'il s'agissait en fait d'un accident du travail qui a bien tourné,
puisque je n'ai pas une égratignure, ayant réussi grâce à l'hyperconscience engendrée par la psilocybine
 à m'extraire de la carcasse au moment de l'impact, juste avant d'arriver au bureau.

Alors certes, c’est moche, mais dans une version alternative de la Réalité Réelle Ratée, j’ai été tué hier dans un accident de vélo en arrivant au bureau, après avoir énoncé une magnifique parabole sur la brièveté de la vie, le temps que mes 86 kgs de viande qui pense trop fusionnent avec le trottoir. Donc, pour l’instant, ça va encore. Tant que j’évite de songer à l’Ukraine, au réchauffement et aux migrants qui se noient à qui mieux mieux en Méditerranée.


tu peux retrouver la bande originale
de cet article ici.

11h20

Etre vieux, c’est ne plus savoir quoi écouter en prenant des champis.


11h55

Les démons chuchotants et suppurants dans les sous-couches des infra-mondes infernaux de Medicine Of The Moment (Steve Roach -  Live At SoundQuest Fest 2011) ne m’auront pas. Une fois de plus se pose la question du micro-dosage, qui semble nuire aux doses « normales » censées produire quelque chose de plus… quoi exactement ? je le saurai quand je l’éprouverai. Pour le moment, il y a juste une hyperconscience, tiens, à propos, va donc t’habiller, au lieu de trainer en slip comme si t’avais 15 ans. C’est pas parce que t’as échappé à la mort cycliste hier qu’il faut te laisser aller.


12h13

Légères distorsions géométriques. Acoustiquement, c’est ineffable, comme d’hab, mais métaphysiquement insignifiant, comme d’hab aussi. Je reste qui je suis, avec mes valises et mes termites. A part sanctifier les morts, saluer le passé, et célébrer de vive voix ce qui vit encore, je vois pas quoi faire d’autre. Les champignons séchés que le père D* m'a offerts en juillet au prieuré de L* m’ont l’air autrement costauds, et semblent se tenir bien mieux dans le temps que des truffes, l’autre jour en Bretagne j'ai microdosé au pif avec 0.3g de ses champis sur le sentier des Douaniers, et j'étais au bord du trip. Mais pour tester les échantillons gratuits de truffes avant qu’ils ne périment, c’est la course à l'escalade de la guedro ! pas étonnant que je manque emboutir des postiers embusqués dans les bosquets et surgissant en vélo électrique pour me faire rater ma nouvelle carrière d'employé du mois.


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expérience du 11 aout 2023


11h30

Après plusieurs décennies sans y aller, j’ai retrouvé la plage des Lays, en Vendée. 

(penser à inclure un selfie auto-dépréciatif)
(checked)
Comme son nom l'indique, j’y suis chez moi. 
(penser à inclure un selfie auto-dépréciatif) 
Une fois sur site, j’ingère les 8 g de TRUFFES MAGIQUES Atlantis FRAICHES qu’il me reste d’avant hier. On va dire que j’insiste lourdement : selon mes calculs, ça va encore moins rien me faire. Le microdosage en cours interfère peut-être dans mes expériences de dosage normal.

J’ai proposé à H* de venir à la mer et de prendre des truffes avec moi, c’est là qu’il m’a dit que des truffes, il en avait déjà pris avec D*, ça lui avait juste collé une bonne chiasse. C’est raccord avec mes expériences de juillet. La vérité sort de la bouche des enfants. Moi c’est quand j’entre dans sa chambre et que je vois le bordel, que ça me colle une bonne chiasse. 

Comment l’aider à passe la vitesse, et à se sortir de l'environnement dégradé dans lequel il se complait à vivre ? (penser à inclure un selfie auto-dépréciatif de sa chambre)  A part en étant exemplaire, j'vois pas comment l'aider à me dépasser en tout (sic).

Cette nuit, j’ai rêvé qu’on retournait vivre à Paris tous les 4, parce que je n’avais plus de boulot à Nantes. On reprenait l’appartement du boulevard de Belleville, c’était triste, mais au moins, dans 50 m2, on était obligés de conserver la maison propre et rangée, et d’avoir beaucoup moins d’affaires.

La plage des Lays : novembre toute l'année.
La météo est médiocre. Je me baigne, il n’y a personne à l’horizon, de sales bêtes gluantes et invisibles me glissent entre les doigts quand je brasse. Je me rappelle que c’est toujours comme ça à cet endroit de la côte vendéenne, mais ça me fout quand même la pétoche, comme si j'avais caressé une méduse. Elles se font très présentes dans la région, l'été.  Il se met à pleuvoir. Des vaguelettes déferlent juste derrière moi, je me retourne sans cesse, j’ai toujours peur qu’un requin me boulotte traitreusement, comme quand je me suis baigné de nuit, en Corse, en 2018J’essaye d’apprivoiser mes peurs, mais le plus souvent, l'archéocortex court-circuite le néo-. Les gouttes de pluie qui ploquent à la surface de l’eau, c’est joli. Je suis maintenant immergé sous l'averse, mais je ne suis toujours pas mouillé dans ma tête. Après un moment, je regagne le rivage, mes affaires sont complètement détrempées par la flotte qui continue à tomber; à tel point que je suis contraint de manger mon sandwich dans la voiture, l’habitacle se remplit de buée, je rentre à 60 à l’heure, hébété et ruisselant. 3 heures de bagnole pour ça ? Mes expériences de truffes ? quelles expériences de truffes ? il est temps de creuser la piste des kits de champignons à faire pousser dans son tiroir de bureau.

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expérience du 23 aout 2023



10h20 

Je mâche 15 grammes de Valhalla, les plus fortes du catalogue Zamnesia, en me demandant à quoi ça va bien me servir. Mais ce mois-ci, c'est mon seul créneau pour éviter que ça périme au frigo. Il faut que la science avance. Je trouve une question à poser pendant le voyage, alors j'essaye de mâcher consciencieusement, bien que jusqu'ici mes rendez-vous de l'été avec la psilocybine aient été décevants, comme Deauville sans Trintignant.


11h03

Je viens de congeler mon coulis de tomates avec succès, mais je manque me casser la gueule en ramassant les framboises au jardin; il est sans doute plus prudent d'aller m'allonger. Tout fourmille (kinesthésie + visuel). Impossible d'écrire, bâillements à n'en plus finir, différentes stations allongées, déshabillage, tentatives de méditation, prise de conscience de la fragilité lombaire, fébrilité, re-allongé, trop chaud, puis froid, le mieux c'est d'attendre que ça passe en gardant les yeux fermés, le cerveau encastré dans la déclivité creusée avec la tête entre les coussins du canapé, noyé dans les nappes des disques de "psybient(abréviation d’ambient psychédéliqueégalement appelée : psytrance ambiant, goa ambiant, psychil, psydub) un sous-genre de musique électronique très récemment découvert qui contient des éléments de trance psychédélique, ambient, downtempo, dub, musique ethnique, et musique new age... les mélopées synthétiques instrumentales m'évoquent l'infinité du cosmos.  

Certains duos musicaux suédois comme Carbon Based Lifeforms
(quand on médite sous champis en écoutant le chant des méduses)

Je déplore de n'avoir pas de documentaire sur les galaxies à regarder en simultané de ces ondes gravitationnelles issues d'une cathédrale bizarrement flanquée de colonnes doriques qui émerge à l'horizon de mon esprit. Je repense à la fin de 2001, l'odyssée de l'espace, quand Dave Bowman est au-delà de Jupiter, à cette éclosion d'images fluorescentes, à sa peur de la mort, telle qu'analysée et décryptée dans le roman de Clarke, alors que le film de Kubrick reste un peu cryptique.


13h15

La vache ! c'était du costaud ! Je sais pas du tout où j'étais. Mais j'y étais, ça c'est sûr madame chaussure; ce n'est pas très important. Si je suis déçu, c'est parce que j'espère à chaque fois un changement de point de vue. J'en serais sans doute bien embarrassé. Le cerveau humain ne fonctionne pas comme ça. On ne peut pas échanger sa personnalité (switcher ?) aussi fastoche que dans les films hollywoodiens. J'en attends trop, de ce "misérable miracle", tel que décrit par Henri Michaux sous mescaline. Au moins, me retrouver naufragé du canapé me fait revoir mes ambitions à la baisse, mes attentes de transcendance sont irréalistes, je m'étais monté le bourrichon avec le livre de Michael Pollan, faut un peu redescendre... Je rêve d'être transfiguré, mais en quoi ?

14h48

ah ça, elle est belle la France
des boomers psychédéliques

C'est à peu près fini. Je suis déçu : malgré le voyage, ma conscience est restée au centre. Je suis resté moi. Tant pis tant mieux. En même temps, j'ai quand même assisté à l'éclosion de phénomènes psychologiques en étant un peu en amont, en les voyant naitre comme on observe une pieuvre au périscope, depuis l'habitacle du sous-marinDes abimes de bienveillance sonores se sont ouverts pendant mon éclipse, j'avais bien fait de me préparer hier une playlist d'artistes cosmiques comme Carbon Based Lifeforms et d'omettre les disques de chamanisme nauséeux et lovecraftien de Steve Roach. Pendant 2 heures, je me suis perdu. Même Darmanin n'aurait pu me retrouver m'interpeller. Fébrile, faiblement électrifié, essayant d'accorder ma finitude à l'infini, physiquement, par des auto-massages, acceptant les désagréments (agitation, fourmis, bâillements), me battant avec mon nouveau cache-yeux en fourrure que les filles m'ont ramené de Corée, à me dire que c'était pas normal que j'entende quand même la musique alors que le bandeau me recouvrait les oreilles... M'allonger dans le noir et laisser la musique inventer des mondes derrière mes paupières... si c'est pas un acte de foi envers le psychédélisme, je sais pas ce que c'est. Une ivresse dont je reviens plus sage ? en tout cas, après avoir oublié de m'hydrater pendant cette fin de matinée, mon premier geste a été d'aller mettre de l'eau aux poules qui erraient bec ouvert dans la pelouse, et de verser un arrosoir sur le regard du collecteur d'eaux pluviales dans lequel j'ai croisé un crapaud résident.

Ces psychédéliques, c'est vraiment un truc à faire tout seul; comme avec la méditation, c'est d'en attendre quelque chose qui fausse tout, faut juste capter ce qui se présente. Parce que sur le moment, ce sont des expériences que le mental a bien du mal à se réapproprier, il est confronté à autre et plus vaste que lui, il est toléré comme observateur, sauf dans les moments de surcharge où y'a plus person au téléfon... 
sous psilo, les films de famille
sont toujours un peu terrifiants
A un moment donné de ma redescente, j'ai cru que je pouvais capter si mon grand-père était dans la bienveillance, rien qu'en matant un film super 8 de lui jouant avec ses petits-enfants sur la plage de Trestraou dans les années 70... comme si la psilo allait m'affuter le regard, décapé, sûr... mais c'était quasiment fini, j'ai regardé mes neveux en bas âge se tortiller dans leurs cabans trop grands, c'était hilarant et tragique, comme tous les films de famille, et il y avait une sorte de frétillement irrégulier inédits sur les contours de l'image, mais rien de transcendant... 



Tout cela pour finir, bien sûr, comme Yolande :
submergée par un bonheur indicible. 


Quoique.

lundi 3 juillet 2023

Videodrome contre Vidéodrame_s (1)

Un maitre de conférences en sciences de l'information se penche sur les émeutes de la semaine passée auxquelles vous n'avez pas pu échapper, même si votre voiture est encore garée devant chez vous, sous le prisme de la concurrence des régimes médiatiques qui les ont relatées et accompagnées, et réfléchit sur la concurrence attentionnelle et discursive qui en a résulté. Comme souvent, quand c'est moi qui en parle on n'y comprend que Pouïc, mais quand on suit le lien, l'angle est inattendu et passionnant.

extraits :

Dans son film Vidéodrome sorti en 1983, David Cronenberg travaille l’une de ses obsessions qui est le rapport au corps que changent les technologies, notamment dans sa capacité de les métaboliser. L’information qui circule sur les plateformes sociales est presqu’autant métabolisée que médiatisée. Ces plateformes sont nos yeux nos oreilles, nos bouches et nos mots. Dans le vidéo drame qui a vu la circulation des images de la mort de Nahel, on ne voit jamais Nahel mourir mais on comprend qu’il vient d’être tué. La force de démonstration de ces images vient de ce décalage. Leur viralité également car toute autre image donnant à voir sa mort aurait déclenché d’autres processus de circulation virale où il se serait agi tout à la fois d’éviter et de contourner le blocage des plateformes. Ici il n’y a rien à bloquer, il n’y a qu’à montrer la monstruosité d’un geste, d’une mise en joue qui met en jeu une vie. 

(..)

En clôturant cet article on attire mon attention sur la déclaration d’Emmanuel Macron indiquant, je cite, chez “les jeunes” (sic), “une forme de mimétisme de la violence (…) on a le sentiment parfois que certains d’entre eux vivent dans la rue les jeux vidéos qui les ont intoxiqués.” Le discours sur le mimétisme et la reproduction de scènes de violence des jeux vidéos dans la “vraie vie” c’est une thèse qui ne tient pas la route et qui n’a jamais été établie scientifiquement. S’il peut y avoir parfois des corrélations il n’y a en aucun cas de causalité. Le discours que tient Macron est un discours écran et un discours refuge, qui n’a pour seul but que de le mettre à l’abri de ses propres responsabilités. Ces émeutes et ces scènes de violence auraient existé même dans un monde totalement déconnecté, même chez les Amish. Parce que ce qui se passe actuellement est un fait sociologique (et politique) et non un fait technologique (et numérique). Le président de la start-up nation est, une nouvelle fois, un vieux con comme les autres. 


Ce matin, le journal Le Monde dressait lui aussi un bien triste constat :

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/02/pillages-incendies-agressions-le-bilan-effarant-des-jours-et-des-nuits-d-emeutes-en-france_6180265_3224.html

Un calme relatif semblait revenu en France dans la nuit de dimanche à lundi, mais le bilan des émeutes des jours précédents est lourd. Après cinq nuits et autant de journées de violences, les victimes directes d’incendies, de dégradations ou de vols se comptent en milliers. Un bilan qui aurait dépassé celui des émeutes de 2005, qui avaient pourtant duré trois semaines. Ces violences n’ont désormais plus grand-chose à voir avec la mort du jeune Nahel M., tué par un policier à Nanterre le 27 juin. Depuis vendredi, les émeutes ont changé de nature, avec des niveaux de violence extrême, des pillages, des attaques contre des services publics, ou contre des élus à l’image de l’assaut à la voiture-bélier sur le domicile du maire de L’Haÿ-les-Roses. Emmanuel Macron a annoncé qu’il recevrait, mardi, les maires des « plus de 220 communes victimes d’exactions ». Devant des émeutiers sans revendications précises, l’exécutif est apparu désemparé. Si l’accent est d’abord mis sur le nécessaire retour à l’ordre, le chef de l’Etat pourrait tenter de renouer avec la jeunesse.

J'ai bien fait de ne pas aller au bureau en bus, et de lui préférer mes 25 km de vélo quotidiens.
Même si mon exemplarité écologique n'a pas dissuadé les émeutiers de cramer le bureau aussi.

il faut aussi que je me penche sur cette vidéo du canard réfractaire, un média alternatif des Cotes d'Armor, pour tenter moi aussi de renouer avec la jeunesse. Du peu que j'en ai vu, il rejoint les analyses d'Olivier Ertzscheid, le maitre de conférences en sciences de l'information suscité. Mais il sent un peu aussi le gilet jaune et l'appel à l'insurrection.
https://www.facebook.com/leCanardRefractaire/videos/807107417640974/
Les vidéos sur internet, à part les miennes, j'avoue que j'ai du mal, mais je vais me forcer. Nous vivons des temps où nous serons de plus en plus souvent violemment arrachés à nos zones de confort, autant apprendre à en sortir nous-mêmes.

jeudi 9 mars 2023

Je te salue, Marie (1)

Mi-février, à J+45 de ma fracture du 5ème métatarse droit, comme disent les chirurgiens orthopédistes, j’avais beau savoir que mon handicap était temporaire, je l’ai brusquement ressenti comme permanent, j'ai eu un bon coup de mou dans les béquilles, et j’ai cru pendant quelques jours que je ne pourrais plus jamais remarcher. Y’a des jours comme ça. Vaut mieux en être conscient, ça nous traverse plus vite que si on résiste à l’idée. Abusé par les lenteurs du corps à se remettre de l’accident (en fait c’était une double fracture : du pied, puis de la belle-mère le mois suivant, 

Ouille. Vive les photos de vacances
prises aux Urgences du CHU.
et sans vouloir la ramener, je me remettais de deux ans de traitement d’un mélanome)
https://johnwarsen.blogspot.com/2021/12/le-petit-noel-de-melanie-melanome-6.html
c’était sans doute l’effet « coup de pompe funèbre », bien que je combattisse ce sentiment en songeant à tous ceux pour qui le handicap est vraiment permanent dans la Réalité Réelle Ratée, mais as-tu déjà combattu un sentiment ? en général, c’est lui donner l’avantage, puisque lutter contre lui le renforce.
Par ailleurs il était temps d’admettre et d’accepter que si j’étais depuis 7 semaines un boulet pour les miens, ne pouvant ni préparer les repas, ni faire les courses ou le ménage, ni mettre la table, ni la débarrasser, ni participer de quelque façon que ce fut aux menus travaux d’entretien que réclame une maison individuelle nichée au coeur d'un écrin de 1000 m2 de verdure, cette hérésie écologique de l’an 2050, mon impunité à ne rien branler était totale, mais que ça ne durerait pas, et que c’était l’opportunité à saisir tant qu’elle s'offrait à moi.
Aux innocents les mains pleines de béquilles, j’étais prié de m’en réjouir et de remercier mes proches pour le surcroît de travail induit par ma bouche inutile à nourrir, j’étais intouchable, j’attendais que ça passe, comme le reste, puisque tout passe, hélas, pardon, tantpistantmieux voulais-je dire.

la plupart du temps, je gardais le moral en lisant des livres déprimants.

C’est à ce moment de découragement commençant à vouloir ressembler de loin par temps de brouillard à la Nuit Obscure De Saint Jean De La Croix
que j’ai démarré les séances de rééducation. 
En quelques jours, grâce à un kiné bienveillant et efficace, je suis passé à une seule béquille. Joie de boîter en couinant « ouille », Joie sans mélange.
Et samedi dernier, à J+63 du jour où je n’avais pas porté assez d'attention à l'endroit où je posais le pied, prenant la présence du sol pour un fait acquis sans nul besoin de fast-checking, j'avais fait de tels progrès grâce au kiné, que j'ai pris ma voiture (après deux mois sans pouvoir conduire), et je suis allé au marché sans béquille du tout, la laissant dans la voiture, punie et privée de sortie, tout content de pouvoir discuter avec mes commerçants préférés (légumes, poisson, huitres d'Oléron, terrine de canard à damner un vegan) et échapper à l’influence délétère de ma nouvelle famille d’adoption de ces dernières semaines.

à J+45 du début de l'année, j'ai passé plus de temps avec ma nouvelle famille que je ne l'aurais souhaité.
Ils sont très volubiles, mais ils radotent tout seul. Comme moi.

Revenu à l’angle droit des allées centrales du marché, celle qui mène à la buvette et l’autre qui conduit au caddie à roulettes qui se prend pour un présentoir mobile des Témoins de Jéhovah, je pense avoir fini mes courses, mais je tombe en arrêt devant un éventaire de salades, en entendant soudain l’Ave Maria interprété au violoncelle. Ça change du salopard cacochyme qui joue d'habitude, et ce depuis des années, le générique de L’inspecteur Gadget sur un violon lui-même parvenu au bout de la route, et qui provoque tant de dépressions, de malaises vagaux et d’acouphènes chez les commerçants et les riverains du marché, obligés qu'ils sont de le supporter plusieurs heures d’affilée tous les samedis et dimanches matins que Dieu fait, sans doute grâce à la présence complaisante des Témoins de Jéhovah en bout d'allée.
j'ai demandé aux Témoins
s'ils avaient cette brochure, 
mais elle n'est toujours pas disponible.
Comme par hasard.
L’Ave Maria, je le reconnais entre Emile, il m’a toujours ému, sans doute un reste de mon passage aux Jeunesses Communistes, quand on organisait des battues aux curés. Je me suis récemment entiché d'une version a cappella par de jeunes Américains sortis de nulle part, c’est-à-dire d’une série télé dont je suis sûr que le showrunner en est Patrick Somerville, si c’est pas Maniac alors c’est Station Eleven, même en déployant toutes les ressources cachées de iTunes et de tunefind, ma capacité à mémoriser et restituer des informations inutiles est en échec, il faudrait que je fasse une petite sieste et ça me reviendrait peut-être, je ne dors pas beaucoup en ce moment. Les infirmières qui m'ont quotidiennement shooté aux anticoagulants jusqu'à J+60 pour m'éviter la phlébite m'ont dit que c'était normal, et imputable au manque absolu d'activité physique.
Sur le marché de ma petite ville de province, et même en étant joué un peu tzigane, l’Ave Maria ça reste l’Ave Maria, j'en suis pétrifié devant la boutique du primeur, et c’est ainsi qu'ouvrant les yeux sur ce qui m'entourait vraiment, à la faveur de cet éveil spirituel micro-dosé par le lied de Schubert dont j'apprendrai plus tard qu’il n’était pas vraiment destiné par le compositeur à soutenir la prière traditionnelle de l'Église catholique romaine,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ellens_dritter_Gesang
j’ai finalement acheté deux laitues pour 1,70€ et j’ai donné 2€ au musicien, ça me semblait une somme conséquente mais intelligemment dépensée.


(finalement, c'était dans Station Eleven)

Deux jours plus tard, j’apprends qu’une toute autre Marie, ni vierge ni divine, une humaine dont j’ai trivialement partagé l'existence plusieurs décennies plus tôt, vient de nous quitter, des suites d’une longue maladie. Nous ? Je ne l’avais quasiment pas revue depuis 1984. Je suis peiné quand même, la mort de quelqu’un que j’ai connu jadis, même si le lien de la vie s’est complètement défait entre nous, c’est le démenti froid et d'une précision chirurgicale, de mon sentiment (illégitime et usurpé) d’immortalité - un handicap psychologique ressenti là aussi de façon permanente alors qu’à l’évidence, ce biais cognitif est très temporaire, et la mort de Marie en est une nouvelle preuve, de plus en plus fréquemment rencontrée à mesure que j’avance en âge.
Bref. J'ai bien l'impression que j'en parlais plus clairement en 2007, même si ça fait un peu « je le sais parce que je l’ai lu sur mon blog »
Je n’ai jamais cherché à renouer le lien avec Marie, près de 40 ans après qu'il se soit défait, nos ruptures furent amères, « ne partons pas fâchés », ben si, quand même un peu, et bien que je m'en sente tout à fait apte et capable, je me vois mal aller verser des larmes de crocodile, ni même d'alligators 427, le jour de ta sépulture, il est trop tard, et toutéfoutu.com. 
Mais alors, qu’est-ce que je fais ici, qu’est-ce que je tente de dire ?

Ma tristesse est sincère et non feinte, mais elle s’accompagne sans doute d’un brin de perversité quand je retrouve dans un vieux carton la photo qui va bien s’accommoder de mes demi-mensonges, qui me montent à la gorge au point de me faire tousser comme un chat crevé sur ce blog à tout faire, sauf vivre. Que dire de plus pour honorer ta mémoire et rappeler ta gloire, que de produire et de montrer cette image ? 
Francis le rappelait dans son exégèse : « être conscient, c'est être conscient de ce qui est maintenant, et pas être à l'affut de ce qui était hier ou sera demain ou dans cinq minutes ou quand on va mourir (snif, je me manque déjà). »
Ce qui serait instructif, à ce titre, ça serait de savoir par exemple si tu as fusionné avec le Grand Tout, ou plutôt avec le Grand Rien, auquel cas finis les tracas, et ça valait pas la peine de se faire autant de mouron. Question qui se repose à chaque départ, puisque les nouvelles de l'au-delà sont rares, ça doit être la grève des postiers contre le recul de l'âge légal de la retraite à 65 siècles chez les disparus, associée à une pénurie endémique de timbres à 0,50 NF, et les quelques témoignages soi-disant recueillis de l'autre côté du mur du Trépas ne sauraient nous convaincre, surtout après avoir lu Philippe Charlier, 
gardant à l'esprit que, conscients de notre impermanence, nous obtiendrons la révélation et l’éclaircissement quand ça sera notre heure ultime, pas avant, pas après. En principe.
Au correspondant qui m’informe de ton décès, et qui a tenu à conserver l’anonymat au sein de plusieurs fraternités de 12 étapes, je transmets la photo miraculeuse qui me rend tout chose, qu’il faut que je cesse de regarder, avec pour commentaire « je savais bien que j’avais un vieux photomaton quelque part… ce selfie d'avant les selfies, avec « fin aout 82 » calligraphié au dos, de sa jolie écriture déliée… j’préfère rien dire. »
Malheureusement, la Nature a horreur du vide, et je ne puis m’en tenir là. 
La mort intime au silence, mais rend les vivants bavards. 
Tu sais ce que c’est.

lundi 11 avril 2022

Lendemain de premier tour

Pour l'instant, tout se passe comme prévu dans mon article d'avant-hier.
Mickey n’a pas été élu.
L’extrême-droite a fait 30% de scores cumulés, et encore je te mets pas Dupond Teigneux, alors que le président sortant 28%. 
Un tout petit peu plus que les abstentionnistes.
Les macronistes se réjouissent; pourtant, il n’y a pas de quoi, en signe de joie, se passer les paupières à la crème de chester, avec une tringle à rideau de fer. 
It sucks blood sausage (= ça craint du boudin, selon la traduction qu'en a fait Thibaud Nolte dans le 28 minutes d'Arte)
Dans 5 ans, le fruit sera mûr. A moins qu'il y ait un troisième tour dans la rue.
Je ne crois pas qu'on puisse parler de déni de démocratie : comment débattre alors que le vote révèle une polarisation vers les extrêmes ? qu'un tiers des gens qui se sont déplacés se soient exprimés en faveur d'un extrémisme décomplexé me laisse pensif.
N’en profitons pas pour avoir le blues de l’électeur de gauche (l’électeur de droite a autant mal au cul que nous mais il tait sa douleur car il est moins à la pène)
Suspense insoutenable d’ici 15 jours : m’abstiens-je ? m’abstiens-je pas ?
Préféré-je faire le jeu de la droite, ou de l'extrême-droite ?




mercredi 19 août 2020

Loukoum et Tagada contre les méchants pédophiles

un selfie de Joan Cornellà
En cherchant une image pour illustrer un article sur mon autre blog, je tombe sur celui d'un psychiatre, qui rétablit un certain nombre de vérités sur Gabriel Matzneff en replaçant sa trajectoire dans le contexte de l'époque, et c'est plutôt réconfortant, bien que je n'aie pas de billes dans la partie, de voir qu'il y a des gens qui se rappellent le passé tel qu'il a été au lieu d'hystériser le débat.
et le second épisode :
Et c'est plus instructif de lire ça que de s'indigner avec les conspirationnistes modérés des ventes de poupées d'enfants aux pédoplastiquophiles.

mercredi 5 décembre 2018

La « lettre sur Dieu » d’Einstein vendue 2,89 millions de dollars

(dans Le Monde d'hier)


La missive fait état du rapport du physicien à la religion, un an et demi avant sa mort.
Elle est remarquable en tous points.
On peut la lire gratuitement (une lettre à 2, 89 millions de $$$ !!!) ici :
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/12/04/la-lettre-sur-dieu-d-einstein-mise-aux-encheres-pour-un-million-de-dollars_5392631_3246.html?xtmc=einstein&xtcr=1

Les gens étant de plus en plus fatigués intellectuellement, si on veut qu'ils lisent quelque chose il faut leur faire une version BD, en voici donc un extrait mis en images par nos graphistes :

ah non zut ça c'est la lettre à sa copine

samedi 10 février 2018

Les nouveaux nouveaux philosophes

A Paris en décembre, je suis repassé devant Les Intondables,  
mon coiffeur du bout de la rue des Pyrénées.


Sur leur porte, y'a toujours écrit
Paris, Gif-sur-Yvette, Ouagadougou.


A Nantes, je vais maintenant chez 
La mèche rebelle, à côté du boulot.


Gildas m'a fait découvrir le très saint Livre.


J'ai tellement ri dans son salon en attendant 
mon tour que j'ai dû le refermer.


C'est écrit sur les murs, 
par les nouveaux nouveaux philosophes, 
qui allient concision et intransigeance.



C'est un livre qui fait comprendre 
(s'il en était encore besoin)
que l'esprit souffle il veut, 
et surtout dans la rue, 
bien plus que sur mon blog.



Le livre coûte 9,90 €, 
et honnêtement, c'est donné.
Heureusement, pour les nécessiteux, 
il y a aussi un tumbler.

http://graffitivre.tumblr.com

mardi 2 janvier 2018

2018, l'année du chien (2)

Ci-gît le post que je n'écrirai pas (et que beaucoup de lecteurs me réclament nonobstant à corps et à cri) sur le match retour du réveillon montpelliérain de l'an dernier,  réveillon de la saint Barthélémy Sylvestre qui a eu lieu cette année dans nos locaux nantais, dans la nuit du 31 décembre 2017 au 1er janvier 2018.
Réveillon suivi de la traditionnelle cérémonie des voeux de bonne année, santé et sobriété, voeux à l'issue desquels j'ai engueulé mon père comme un chien galeux, parce qu'il le valait bien, sur ses insuffisances en tant que père, et aussi en tant que grand-père, parce qu'il se demandait ingénument - et nous interrogeait avec pas mal d'insistance par la même occasion - sur pourquoi donc est-ce que son petit-fils évitait prudemment toute interaction avec lui depuis l'an dernier.
Sur le moment ça m'a fait énormément de bien de lui en mettre plein la tronche, animé que j'étais de la Colère des Justes.
Surtout qu'il me répondait des absurdités perverses et narcissiques d'une mauvaise foi éhontée, qui ne faisaient qu'alimenter le feu de mon réchauffement du rable et du reste, au lieu de m'aider à regagner mes pénates de Dépressif Chronique, dans lequel tout le monde semblait jusqu'à une période récente trouver son compte est bon, moi inclus.
A un moment donné, ma femme m'a suggéré d'aller exprimer ma Juste Colère dans le jardin, parce que ça commençait à barder assez fort pour son beau-papa, d'autant plus que l'accusé se disculpait avec sa toute petite voix de jésuite-pas-celui-que-vous-croyez en avançant l'idée que peut-être, c'était pas son petit-fils qui était le problème, mais que son père semblait souffrir de perturbations endocriniennes, je les ai donc laissés poursuivre leurs morbides agapes en vociférant calmement dans l'escalier du jardin que moi au moins je connaissais ma maladie et je me soignais, mais que lui il serait peut-être temps qu'il aille consulter.
Dix minutes plus tard ma femme me rejoignait dans le jardin, éclairée par la clarté diaprée d'une lune alphane et bipolaire dans son dernier quartier, m'avouant qu'elle n'en pouvait plus et qu'elle préférait quitter la table elle aussi avant de péter les plombs, et après on se serait retrouvé dans le noir.
C'était un temps à ne pas jeter son beau-père dehors la nuit du réveillon, ou alors c'est qu'on n'avait pas vraiment l'Esprit de Noël, qu'on n'aurait fait que simuler, pour complaire à la pression sociale, assez forte en fin d'année, malgré le côté un peu lancinant de toutes ces injonctions à la Joie, et c'est vil, de simuler.

Le journal de ce matin, c'est n'importe quoi.
En plus, je vous jure que c'est pas moi,
parce que ma mère elle est dans une urne,
alors y'a cabane !
mais pas pour moi.

Alors du coup, comme on s'est retrouvés sous la lune sans les deux vieux cons restés à l'étage, un peu embêtés mais entêtés à avoir raison tous seuls, si on fait abstraction des nains de jardin en plastique sur la bûche fondue qui se tenaient un peu cois, je vous le demande, ben on a un peu ri, et on se serait presque réconciliés si on avait été fâchés auparavant, mais ce n'était pas le cas.
Evidemment, j'aurais dû faire ça y'a trente ans, mais que voulez-vous, à l'époque j'avais l'âge de mon fils aujourd'hui, je n'étais guère en position de force pour négocier une sortie de table durable, et puis j'ai un peu l'esprit d'escalier.

jeudi 15 décembre 2016

La retraite inquiète



Je viens de recevoir la dernière lettre d'info pour 2016 de ma caisse de protection sociale…
A l’énoncé des sujets sur lesquels on peut solliciter la caisse pour avoir des entretiens personnalisés, ça donne juste envie de continuer de se droguer de travail (j’ai pas dit AU travail).


lundi 7 décembre 2015

La course contre la honte (3/4)

"Les dérives de la pornographie dans notre société."
 dis-tu...
Ca n'existe pas, ça. 
Dès qu'il y a trois ronds à faire avec quelque chose, le capitalisme se jette dessus comme la vérole sur le bas clergé breton, c'est tout. 

Je serais à sa place, je ferais pareil.


Le porno n'est pas un besoin ou une pulsion "en soi" mais une façon pathologique de répondre à un besoin naturel : la pulsion sexuelle. 
Notre appétence pour le porno est une habitude acquise, construite, et non un besoin.

"Je redis encore que c'est surtout les premiers temps qui coûtent et ensuite, plus le temps passe et plus c'est gérable. Je suis vraiment l'exemple du gars qui a eu du mal à décrocher (tu peux relire mes témoignages pour preuve) donc si moi j'y arrive après être passé par des phases de grand désespoir je pense que beaucoup d'autres peuvent y arriver. J'ai essayé, essayé encore ...Je crois que l'important malgré la tristesse et le désespoir qui nous submerge parfois c'est de ne pas de décourager et de ne pas baisser les bras. 
Chaque jour de pris est un jour de gagné. 
Trois jours c'est trois jours, une semaine c'est une semaine de gagnée et un jour ou l'autre les circonstances extérieures font que l'abstinence dure plus longtemps, voire peut être pour toujours...mais ca on ne peut jamais en être sur ! Courage a toi ! 
Ne renonce jamais. Quoiqu'il t'arrive. A bientôt."



Il me semble que tu prends le problème à l'envers : que tu déduis de ton comportement (rechutes) que tu n'es pas très motivé. 
C'est l'erreur de tous les dépendants. 
C'est pas parce qu'on s'est cassé la gueule du vélo qu'il faut en conclure qu'on sait pas en faire, au contraire, y'a plus qu'à remonter dessus et réessayer.


La colère, ou n'importe laquelle des émotions perturbatrices, est dangereuse pour les pornoïques et peut les rapprocher de la rechute "par dépit" et vain espoir de consolation infantile. 
Et nous ne sommes plus des enfants.

Ou alors de vieux enfants tristouilles, qui rêvent d'une dernière petite pipe de la Mère Noëlle (avec ses bottes, de préférence)



Je crois que j'ai eu une putain de chance, car dans le fond je suis resté cyber-addict (le forum/mon blog/mon taf sur ordi), mais le motif du papier peint mental de ma cellule capitonnée ne s'orne plus de cravates (de notaire) au goût douteux.

Les fondamentaux sont effectivement sur le site d'Orroz.
Les cycles d'appétence (envie d'aller se faire sauter la rondelle sur tel ou tel site) et de soulagement (vraiment plus aucune envie de s'emmerder à se retrouver le froc baissé devant sa bécane, l'humiliation ultime) réduisent leur amplitude.

Moi aussi j'ai un dévorant besoin de reconnaissance, mais pour aujourd'hui la mienne me suffit - et attention à l'autosatisfaction.

La reconnaissance il faut l'entendre dans tous les sens : je me re-connais en tant que dépendant en sevrage, et j'éprouve de la gratitude envers vous tous qui avez rendu cela possible.

Faut vraiment faire le grand ménage dans ses marque pages...normalement, ça suit dans la tête, et ça s'efface, à condition de remplacer par quelque chose de plus nourrissant pour l'imagination que les démons qui nous font tripper au-delà du réel.
"Et comme chacun sait, les démons trouvent à s'accrocher là où on les rejette. C'est cela qui les nourrit et les renforce. Inversement, si on les embrasse, ils n'ont pas 36 solutions, se dissoudre ou s'enfuir en criant kai kai. - Il y a aussi la possibilité où l'énergie du démon est très puissante, et là il est absolument impossible de les embrasser, on a soi-même le sang glacé et on est vidé de tout. Je pense que l'habitude aidant, on peut en subjuguer des plus en plus gros."
c'est un effet secondaire des hallucinations pornoïques : on prend les femmes pour des bouquins pornos et réciproquement. 
On est totalement à côté du réel. 
Et le signe qu’on est envouté, c’est qu’on ne pense pas à demander de l’aide.


"On peut effectivement choisir sa dépendance. La seule chose qu'on ne peut choisir, c'est de ne plus avoir de dépendance, pour cela il faut faire une ascèse. Mais je témoigne pour ma part avoir eu de multiples dépendances, et que rien n'est plus facile que de remplacer l'une par l'autre. On prend en général ce qui est le plus pratique : on ne se créera pas une dépendance au vélo si on habite à Lille. Mais à Cannes ou dans les Alpes, ça le fait bien. Si on n'aime pas le sport, on a le choix entre les séries télé, la lecture, les jeux videos, la bouffe, les animaux familiers... (je parle ici de dépendances de célibataires, je ne connais pas les autres). D'ailleurs j'ai justement un ami qui a décidé de couper certaines dépendances, et il a constaté que son esprit en retrouvait d'autres aussi vite. C'est pour ça que les cyberdeps en cours de sevrage me font marrer. Ils croient qu'ils vont être libres, alors qu'ils ne font que remplacer leurs chaînes pour d'autres plus pratiques et moins visibles.
"
Et le propriétaire du blog sur lequel a eu lieu cette déclaration ajoute :

"John, bien sûr que c'est un petit diablotin très malin qui m'a soufflé ça à l'oreille. 
Tu ne crois pas que l'ado qui fume sa première cigarette n'est pas au courant que ça entraîne une dépendance ? 
que celui qui se plante une aiguille ne sait pas où ça va le mener ? 
Et pour aller plus loin, tu ne penses pas que celui qui se branche sur un site de Q ne se doute pas un peu qu'il est justement trop attiré par ce genre de choses ? 
Que le type qui paie un abonnement à World of Warcraft s'imagine que c'est pour une semaine ? 
Ou que si tu sors avec une fille, tu as 99% de chances de te retrouver sept ans plus tard avec une maison et une tripotée de bambins ? J'ai vraiment du mal à croire l'hypothèse de Kiki avec sa surprise totale.
En plus, si tu regardes les sociétés tribales, ou même certaines civilisations proches, la plupart sont tous camés jusqu'à la moëlle. Et chez nous, c'était l'alcool au début du siècle et la cigarette et le café maintenant.
A partir du moment où ça titille les voies du plaisir et de la récompense dans le cerveau, et à partir du moment où il y a habitude ou accoutumance, il y a dépendance. Alors soit c'est chimique et c'est la merde grave. Soit c'est psychologique et on peut remplacer plus aisément - je suppose du moins - une dépendance inutile par une autre utile. Il y a les dépendances qui sont valorisées socialement - et qui sont vraiment des dépendances car sitôt que ça s'arrête, c'est la cata - genre le boulot, le conjoint, les bambins. Aussi je pense que ceux qui choisissent une dépendance dévalorisée le font un peu exprès.
En bref, dans l'ensemble, je pense que ce qu'on appelle une dépendance, c'est plutôt un manque de variété dans les dépendances. 
Et qu'il y a problème à partir du moment où l'une d'entre elles bouffe toutes les autres. Je pense aussi que certaines personnes ne veulent pas être dépendantes à certaines choses, parce qu'ils sentent qu'ils prendraient une trop grosse gamelle en cas de pépin, donc ils vont se choisir une dépendance ailleurs.
Maintenant, il faudrait demander l'avis d'un psychologue ou d'un neurobiologiste. 
Je peux très bien me planter."



La connaissance des causes de notre maladie peut nous la rendre plus "acceptable" (dans le sens où la haine de soi, le dégoût et la culpabilité nous feraient plutôt reculer qu'avancer vers la guérison) mais ne nous est pas d'une grande aide pour passer de cette culpabilité - qui nous a mené ici, louée soit-elle ! - à la responsabilité; je précise ça, parce que comme on dit aux AA, je ne suis pas responsable de ma maladie, mais de mon rétablissement.


On a tous contourné l'écueil du "difficile de rester concentré sur la négation d'une chose sans retomber sur la chose" : on s'est focalisé sur autre chose.


"La pornographie mène au viol et au meurtre en série" est une proposition logique où le lien causal est moins évident que dans "fumer tue". 
Ce qui est certain, c'est que la pornographie mène à la confusion mentale, à la dégradation de (l'image de) la femme, et à une frustration et un dépit auprès de laquelle celle de l'écureuil Scrat dans le film L'âge de glace (celui qui n'arrive jamais à bouffer sa noisette) n'est qu'une contrariété passagère. 
D'un autre côté, si on n'utilisait pas des arguments comme cela, personne ne réfléchirait à ses liens intimes avec la merchandisation des corps. 
La pornographie semble augmenter la dose de malheur globale de ses usagers, et nous sommes de base déjà suffisamment mâles en poing pour refuser ça.

T'as une certaine propension à faire dériver la réflexion vers le débat d'idées.
A chaque fois que j'ai essayé de "la ramener" avec un débat d'idées, ça laissait les mains libres à ma dépendance pour m'en foutre un bon coup par derrière, voire même par-devant : j'étais occupé à débattre, c'est à dire à me débattre.
Et plus on se débat, plus on se fait abattre. C'est l'histoire du piège à singes, qui consiste à couper une noix de coco en deux, à la vider de son liquide et à y déposer quelques grains de riz avant de la refermer. Alléché par ces fruits suspendus aux arbres et aux clôtures, le singe plonge la main dans la noix de coco pour s'emparer du riz. Piégé par la noix de coco qui se referme, il se met à gémir et à crier, alors qu'il serait si simple de laisser le riz, de retirer sa main et d'ainsi échapper aux chasseurs.
Les opinions c'est les grains de riz, et j'éviterai d'ironiser sur les noix de cocos.


Jean Klein disait : « vous devriez observer les pensées comme vous observez une mouche » ce qui ne veut pas dire qu'il faut chercher à les enculer, et pourtant je m'y entends. 
Les opinions c'est même pas des pensées, c'est des résidus de pensées des autres coagulées, et elles ont un coût exorbitant. 
Je tolère mes opinions quand elles ne contrecarrent pas mon rétablissement, c'est à dire quand elles ne réclament pas à être reconnues, encore moins à triompher. 

"Les émotions sont causées par les idées et non par les évènements" plus précisément par nos réactions aux évènements =>perçus de façon erronnée = > si on veut percevoir l'évènement sans l'interprétation qu'on lui colle dessus (ce que les bouddhistes appellent "la saisie"), la seule façon c'est de déconstruire notre réaction en ses composants intimes avant que la main mette l'allumette sous la mèche qui est fichée dans le baril de poudre.
C'est pour ça qu'on le fait avec quelqu'un : tout seul, le rituel est ancré, la machine bien huilée et on a bien souvent perdu l'espoir de démonter le mécanisme.
Avant Orroz, j'ai passé trois ans à cumuler des 30/45 jours de sevrage avec un psychiatre. 
Il y a un an, j'ai pigé que j'avais "très peu de chances de m'en sortir", malgré le forum, qui joue son rôle de néocodion ou de programme méthadone, mais ne remplacera jamais un gros "lâchage de paquet" auprès d'un être humain en chair et en os et j'ai fait une thérapie de 6 mois avec une thérapeute (elle était très jolie d'ailleurs) qui m'a permis de me stabiliser.

On ne peut pas s'envoler en tirant sur ses lacets.

D'autant plus que sur la planète Branlor, la gravité est très forte.

Etre l'esclave de nos appétits, avec ou sans l'illusion de les maitriser, c'est la promesse sans cesse tenue (et payée cash) de la damnation à la petite semaine.










Refrain de fin d'épisode :
Marchand de rêves 
Avec ta barque creuse 
Entourée de femmes malheureuses, 
Marchand de rêves
Au bord du lac de sang,
Y a plus personne debout
Quand le soleil descend
Et tous les enfants jaunes
Aux yeux de faune
Comme des ballons qui crèvent
Marchand de rêves.